Le Dr Kameddine Fakhar entame une grève de la faim à la prison de Mnéa
Le mouvement pour l'autonomie du M'zab a rendu public le communiqué suivant concernant les conditions de détention des militants mozabites.
Avec le début de l'année 2017 et plus de 18 mois après l’instauration de l'état d'urgence dans le Mzab, l’arrestation arbitraire du Dr. Kameleddine Fekhar et des dizaines de militants des droits de l'homme sans procès, l’ensemble de la population du Mzab attend la concrétisation des promesses des autorités locales annoncées par le wali de Tagherdayt, Azzedine Mecheri, concernant la libération des détenus. Mais le temps a démontré la réalité de ses déclarations qui relèvent d’une simple manipulation, très répandue dans les régimes dictatoriaux, visant à absorber le mécontentement éprouvé par les citoyens et tromper l'opinion publique nationale et internationale, notamment après les mouvements de soutien enregistrés dans plusieurs capitales du monde ainsi que les pressions exercées par les organisations mondiales de défense des droits, des associations amazighes et les députés du Parlement français sur les autorités algériennes pour la libération du Dr. Kameleddine Fekhar et les détenus mozabites.
Après la récente visite des familles aux détenus de la prison Mnéa, le 1er janvier 2017, le constat a été unanime quant aux souffrances des détenus qui continuent de subir des harcèlements et des pressions de la part de l'administration pénitentiaire qui les a mis en détention préventive, dans des cellules avec des prisonniers ayant fait l’objet d’un jugement définitif. Cette mesure injuste est en violation flagrante de la loi et des droits humains. L’absence de prise en charge en matière de soins a poussé le détenu Tabakh Aissa, souffrant d'asthme, à entamer une grève de la faim le 27 décembre 2016, et ce, suite à une dégradation de sa capacité à respirer du fait qu’il a été placé dans une cellule avec des prisonniers fumant fréquemment ainsi que le refus de l’administration de le mettre dans une autre cellule.
Aussi, le détenu Oyaba Mustafa a été victime de pressions de la part de l'administration pénitentiaire qui lui a signifié une fin de non-recevoir concernant sa demande de se rendre aux obsèques de son père décédé dernièrement. Un droit bafoué par un État de non droit.
De nombreuses personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques souffrent de l'absence de soins et de conditions de détention provisoire misérables. Cela a récemment conduit à une détérioration de l’état de santé du détenu Bousnan Ibrahim, 70 ans, transporté en urgence à l'hôpital puis libéré en compagnie de deux autres détenus âgés afin d’éviter qu’ils ne meurent en prison et palier à un autre scandale à l’instar du journaliste Mohamed Tamalt, décédé à l’intérieur de la prison. Il est à rappeler que trois détenus mozabites âgés, sont décédés depuis 2015 à nos jours dans des conditions inhumaines et suspectes.
Le 3 janvier 2017, Le Dr. Kameleddine Fekhar a entamé une cinquième grève de la faim depuis son arrestation afin de protester contre le harcèlement continu de l'administration pénitentiaire et les conditions de sa détention préventive médiocres, son placement dans une cellule isolée sans chauffage ni couvertures dans cette période d’hiver et sans soins. L’administration refuse de le prendre en charge alors qu’il souffre d’une hépatite. Son action est aussi une forme de protestation contre la non-libération des détenus et l'absence de réponse à ses demandes auprès du tribunal afin de convoquer le ministre Ouyahia, le général Toufik et Ammar Saidani pour les interroger sur les événements de Taghardayt ainsi que l'absence de réponse au sujet de la plainte introduite contre les fonctionnaires de la police qui l’ont torturé durant son arrestation.
Les abus que subissent les détenus mozabites entrent dans le cadre des pressions exercées par les autorités algériennes sur le peuple mozabite pour l’obliger à accepter "l’accord de réconciliation" et contraindre le Dr Kameleddine Fekhar et ses camarades à abandonner la revendication des droits des At Mzab et cesser de réclamer la poursuite des auteurs et des vrais responsables des événements de Taghardayt. Le régime algérien tente d’effacer toutes les preuves de son implication dans des crimes contre l’humanité au Mzab et clore définitivement ce dossier.
Nous renouvelons notre appel à toutes les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’Homme et à toutes les forces vives dans le monde afin d’intensifier les pressions sur le pouvoir algérien pour la libération inconditionnelle du Dr Kameleddine Fekhar et ses compagnons.
Gloire et éternité pour nos martyrs, liberté pour le Dr Kameleddine Fekhar et ses compagnons.
Ni votre prison, Ni votre exil, ni vos pressions ne pourront arrêter notre marche vers la liberté.
Le Porte-parole officiel du Mouvement pour l'Autonomie du Mzab,
Khodir Sekkouti
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