Pyromanes hier, pompiers aujourd’hui (II)
Deux phénomènes ont été omis et qui éloignent les analyses de la réalité. La première est celle de croire ou de faire croire que Bouteflika, au point où il est, continue de s’accrocher au pouvoir.
1- Le contexte de la consolidation budgétaire n’était pas favorable
Souvent et c’est le cas, on tente de réorienter l’attention des citoyens vers la personne pour la détourner du système à la recherche d’un leader pour remplacer un homme malade et qu’on ne trouve pas pour le moment. Chakib Khelil ne semble pas recueillir l’unanimité des membres de cet ordre établi.
En général, le système rentier s’agrippe au leader. Il est formé depuis l’indépendance d’opportunistes du parti unique et de ses excroissances qui en voulant le perpétuer, refusent, voire même résistent aux changements. Ils s’approprient l’indépendance de l’Algérie et la révolution économique, sociale et culturelle qui s’en est suivi pour asseoir leur légitimité comme tuteurs du peuple algérien et au nom de cette légitimité, l’empêche de prendre le chemin autre que celui tracé par la révolution qui leur enlève les mamelles de leurs bouches.
La deuxième et c’est la plus importante, c’est cette oubli conscient ou inconscient que l’Algérien bien avant l’indépendance n’a jamais revendiqué ou rouspété quoi que ce soit pour son ventre. Tous les voisins l’ont fait, les Marocains, les Tunisiens mais jamais les Algériens. Ils se sont toujours débrouillés comme ils peuvent pour ne pas gêner la ligne de conduite pour ce problème précis. Bien au contraire, à l’indépendance, ce sont les citoyens qui par leur solidarité ont alimenté la première caisse de l’Etat pour la gestion de la transition liée au départ massif des colons. Par contre et à travers tout le cycle de sa dépendance des différentes conquêtes en Algérie, il a montré son ferme rejet de la hogra, de l’injustice sociale et surtout de l’iniquité dans le partage depuis la famille jusqu’à l’Etat. Il se trouve justement que la consolidation budgétaire qui était nécessaire étant donné les conditions et les circonstances économiques s’est faite durant l’année 2016 dans contexte qui ne lui était pas favorable du tout. L’affaire du Panama papers, les binationaux dans les hautes fonctions de l’Etat, l’affaire de la fille de Sellal, celle des comptes offshore de Bouchouareb, des propriétés immobilières d’Amar Saadani, de Chakib Khelil, Sonatrach et bien d’autres, ont répandu une impressions qu’il n’y a que les citoyens à qui on demande de serrer la ceinture peut être que trop c’est trop. Ce genre de rumeurs crée de la frustration et rend le citoyen apathique et facile à manipuler. N’oublions pas que la réduction de l’enveloppe des subventions dans le budget de l’Etat, ne touche pas seulement les couches défavorisées mais aussi les industriels et les spéculateurs qui en prennent la grosse part.
Nous sommes parmi les rares pays au monde où l’enrichissement par les affaires suit une courbe exponentielle. Pourquoi ? Facilité de la fraude fiscale, aucune contrainte d’écouler la marchandise qu’on veut dans un marché «open space», la t’chipa et bien d’autres dysfonctionnements sociaux qui favorisent l’enrichissement facile et rapide d’un homme d’affaire en Algérie. Les étrangers et notamment les Français ont bien compris cela et ils viennent investir même en dehors du secteur des hydrocarbures.
Pour étayer cette approche, on peut s’appuyer sur les circonstances des dernières grognes ostentatoires d’après l’indépendance. Octobre 1988, précédée en été de la même année de l’affaire du fils du feu Chadli Bendjedid avec la banque des Pins Maritimes. 05 janvier 2011, les médias l’ont appelé les émeutes de "l’huile et du sucre" mais en réalité l’Etat avait imposé des factures dans toutes les transactions qui a donné un prétexte aux industriels de faire flamber leur prix voire manipuler les jeunes pour faire revenir les pouvoir publics sur leur décision ils y sont réussi. Depuis il y a eu l’affaire des concessionnaires qui a montré que l’exécutif n’a pas les coudées franches et se fait plier sous la pression des affairistes. Pour donc mettre en place son programme d’austérité, l’Etat ne trouve entre ses mains que le pauvre citoyen pour lui demander de régler les crans de sa ceinture.
2- Conclusion
Il ne faut pas que ces événements prennent l’allure d’un drame pour s’autoriser de parler d’implosion ou d’explosion populaire. Il s’agit d’une simple purge née de l’énergie négative pour permettre au système de reprendre son équilibre. Bien que les dégâts qu’elle cause restent regrettables pour la collectivité, cette évacuation est nécessaire pour donner des signes à l’exécutif de réajuster sa démarche. Toute la question reste à savoir si cet exécutif en tire des leçons ou pas ?
Rabah Reghis
Lire la première partie : Pyromanes hier, pompiers aujourd’hui (I)
Commentaires (7) | Réagir ?
merci
Ajoutons a cela le different avec mohamed VI et 'l'insécurité aux frontieres est- ouest et sud. Dison en bref qu ily trop de fourbi dans le gourbi de Boutef.