La bureaucratie continue de polluer le climat des affaires en Algérie (I)
Pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie indépendante un premier responsable de l’exécutif commente une loi de finances juste après sa signature en utilisant les medias lourds et une préparation minutieuses par un choix d’une tranche d’horaire pour toucher un large auditoire. Cela dénote sans doute l’inquiétude des pouvoirs publics autour d’un agenda pour l’année 2017 très controversé.
Pourtant un peu plus d’un mois avant, ces mêmes médias ont préparé l’opinion publique à une année sans embauche grâce à l’accord "historique" arraché par l’Algérie pour redresser le baril du pétrole. Par cette offensive médiatique, le citoyen lambda pensait que tous ses déboires étaient finis à partir de l’entrée en vigueur du système de quota fixé et contrôlé par le comité technique laissé aux bons soins à l’Algérie.
Après cette euphorie, le Premier ministre se veut pragmatique en déclarant maintenant que ces efforts déployés par l’Algérie auprès des producteurs OPEP et non-OPEP étaient certes, nécessaires mais pas suffisants pour ne compter que sur le redressement incertain du baril du brut. Il n’a pas tord car de nombreux experts ont déjà averti que la progression du prix du baril autour de quelques cents de dollar au-dessus des 50 est la conjugaison de plusieurs facteurs dont la rudesse de l’hiver en Occident, la diminution des stocks américains et vient après la rumeur autour de cette entente des pays producteurs de pétrole qui entre en vigueur qu’à partir du premier mois de cette année. Quand bien même chacun des acteurs respecte ses engagements, ce qui est fort probable, les producteurs se doivent d'éponger près 1800 000 barils par jour des quelques 2 millions de barils par jour représentant le surplus de l’offre actuellement sur le marché.
En supposant que tout se passe comme prévu, ce qui est cette fois-ci le vœux de tout le monde, on aboutirait à une correspondance entre l’offre et la demande. Dans ce cas de figure, aucun acteur n’aura une influence quelconque sur les prix car la demande du pétrole ne pourra être tirée vers le haut que par une croissance forte des pays émergents et ceux développés. Or, les chiffres perspectifs montrent que cette dernière restera molle du moins durant l’année 2017. Donc ne pas trop miser uniquement sur la hausse du prix du baril est la sagesse même du premier ministre pour l’avoir dit d’emblée dans son intervention le soir du 30 décembre 2016. Par contre, les indicateurs, que certainement les différents ministères lui ont préparés pour les annoncer à l’opinion publique n’ont, comme chacun le sait pas convaincus grand monde. Les commentaires et les déchainements qui en découlent dans les réseaux sociaux sont édifiants. Pourquoi ? Les chiffres sur la croissance et l’encouragement des investissements hors hydrocarbures et surtout le niveau d’endettement sont des génériques que les citoyens entendent depuis les années 80. Il a raté l’occasion pour ramener son intervention à la dimension d’équité dans la gestion des affaires et donner plus de détails pratiques sur le "ciblage" des couches défavorisées qui devraient bénéficier des différentes subventions de l’Etat. Il aurait dans ce cas répondu aux différentes grognes qui menacent la stabilité du pays en 2017. Les jeunes étudiants qui appellent sans arrêt aux recrutements équitables dans les entreprises publiques et notamment Sonatrach dont il n’a trouvé mieux que de remercier ses travailleurs pour leur effort de production et quelle production ? Il n’a pas répondu non plus à l’unification des caisses de retraites que les fonctionnaires réclament par des grèves. Enfin, il a totalement ignoré le conflit des commerçants qui a commencé à Tizi Ouzou mais pourrait se généraliser à toutes les wilayas car la bureaucratisation et la lourdeur des systèmes fiscaux et parafiscaux sont devenus étouffants et découragent l’acte de commercer, seul moyen pour renflouer les caisses de l’Etat. (Lire la suite»)
Rabah Reghis, Consultant et Economiste Pétrolier
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