MECILI ET LES BONS DE CAISSES : 1. Une camora prise dans son propre piège
Le sort de l’accusé semble scellé. Les dirigeants algériens, respectueux de l’indépendance de la justice, refusent d’intervenir.
Le président Bouteflika lui-même, s’exprime sur l’affaire : « Ce cas relève du droit commun et c’est en tant que tel qu’il est traité… »
Abdelaziz Belkhadem, lui emboîte le pas : « Il faut laisser faire la justice ! Je n’ai pas de commentaires à faire sur une décision de justice… »
Tayeb Belaïz , ministre de la Justice et garde des Sceaux : « L’accusé vient d’être condamné par une justice souveraine dans ses décisions. »
Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, dans une conférence de presse : « Le juge a tranché souverainement…On a voulu amplifier cette affaire. »
Oui, le sort de l’accusé semble scellé.
Mais, heureusement pour Hasseni, les dirigeants algériens ont changé d’avis entre 2004 et 2008…
Il s’agissait alors d’incarcérer l’accusé Benchicou, auteur d’un livre sur Bouteflika. Et nos dirigeants défendaient « l’indépendance » du juge Belkherchi.
« Leur » juge Belkherchi.
Quatre ans plus tard, en 2008, angoissés à l’idée que l’affaire Mohamed Ziane Hasseni débouche sur un sale procès du régime, les mêmes dirigeants algériens oublient subitement leur foi dans l’indépendance de la justice.
J’écoute Belkhadem, Ouyahia, Belaiz et Medelci s’indigner de ce que l’Elysée s’abrite derrière l’argument de « l’indépendance de la justice » et laisse faire la « grave injustice » du juge Thouvenot.
Je lis un éditorialiste de faction : « Un juge ne peut pas imposer sa loi au gouvernement… »
Je les écoute dénoncer en 2008 ce qu’ils défendaient en 2004 et je me demande si ce sont les mêmes personnes qui affichaient, quatre ans plus tôt, leur attachement à la « souveraineté de la justice » ? Rebobinons…
Le président Bouteflika lui-même en février 2005, à un journaliste de La Gazette de la presse francophone « Ce cas relève du droit commun et c’est en tant que tel qu’il est traité, car il ne faut surtout pas oublier qu’un journaliste est aussi un citoyen qui reste soumis à la loi commune du pays ».
Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères d'alors, le 26 avril 2005: « Il faut laisser faire la justice ! Quand on parle de Benchicou, il faut savoir qu’il n’est pas en prison pour ses opinions. Il a bien édité un livre et il a écrit durant des années ce qu’il voulait sans qu'il ne soit inquiété. »
Tayeb Belaïz , ministre de la Justice et garde des Sceaux : « L’accusé vient d’être condamné par une justice algérienne souveraine dans ses décisions. Il s'agit d'un procès ordinaire de droit public nullement lié aux écrits du journaliste »
Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, dans une conférence de presse tenue le 9 juillet, apportait sa caution au mensonge d'Etat : « Le juge a tranché souverainement…On a voulu amplifier cette affaire. Ce n'est ni une affaire de diffamation ni un délit de presse. Tout le monde sait sur quoi le tribunal d'El-Harrach a délibéré. »
A l’époque, il ne s’agissait pas de critiquer Paris, mais de se féliciter de la « complicité française ». Celle du maire de Paris, par exemple, affichée dès son arrivée à Alger devant les journalistes : « Ne comptez pas sur moi pour évoquer le « cas Benchicou ». Les Algériens sauront régler leurs problèmes entre eux. Je n'aurai pas de positions néocolonialistes. » Il est vrai que Bertrand Delanoë était venu arracher le soutien des dirigeants algériens à la candidature de Paris pour les jeux Olympiques de 2012.
Mais les temps ont changé.
Une camora prise dans son propre piège.
Adepte de « l’indépendance de la justice » en 2004, quand il s’agissait de « légitimer » le misérable traquenard tendu à Mohamed Benchicou à l'aéroport d'Alger, pour lui imputer une infraction au contrôle des changes et en faire un délinquant de droit commun.
Adversaire de « l’indépendance de la justice » quand leur propre sort est en jeu.
Je ne sais pas si le diplomate Mohamed Ziane Hasseni est innocent.
Mais il a de la chance que ses défenseurs d’Alger, officiels et journalistes, aient changé d’avis entre 2004 et 2008…
L.M.
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Commentaires (10) | Réagir ?
Bonjour! L'article de Mohamed Benchicou suit une logique Aristoticienne. En effet, ceux qui nous gouvernent respectent l'indépendance de la justice dans un cas et la rejettent dans l'autre. Pour eux, Hasseni est plus algérien que Benchicou. À ce que je vois, c'est Mohamed Benchicou qui donne une image rayonnante de l'Algérie à l'étranger grâce à son combat pour la démocratie et la liberté dans la presse.
Qui a tué Mecili? qui ne sait pas que c'est sur ordre de Larbi Belkheir?