Les inquiétudes d'un citoyen algérien lambda !
J'ai reçu il y a moins d'un mois un message électronique de l'un de mes compatriotes qui se demandait si les conditions actuelles que vit notre pays pourraient permettre à titre d'exemple «un sursaut de conscience» comparable à celui de novembre 1954.
Mon correspondant qui semble être déçu de la régression que subit présentement l'Algérie n'arrive plus à imaginer, de surcroît, une issue positive probable à cette crise multidimensionnelle que nous traversons. Pour lui, la jeunesse algérienne est complètement démoralisée et incapable de relever les défis de son temps, c'est-à-dire, pousser ces vieux "décideurs" aux réformes et s'engager sur la voie de la démocratie.
De même l’incompétence managériale aux plus hautes sphères de l'Etat est-elle telle que l'oligarchie financière mondiale, les multinationales et les grands holdings étrangers seront, sans aucun doute, sollicités par les nôtres dans les prochaines années afin d'"expédier nos affaires courantes" (c'est sa propre expression qui est empruntée ici)! Juste ou faux, ce réquisitoire mérite, à vrai dire, que l'on s'y penche un peu. Car, de perspectives économiques en berne à une transition politique en dents de scie, aucun indice ne procure aux Algériens de l'apaisement.
Le pays marche tête en bas, laissant, comme jamais, se creuser en son sein des dérives liberticides ; des inégalités sociales insupportables ; l'injustice ; la corruption ; l'anarchie administrative ; le je-m’en-foutisme, etc. Aux renoncements opportunistes d'une intelligentsia gérontocrate empêtrée dans une crise morale dont les périls sont alourdis par un héritage révolutionnaire, devenu pour d'aucuns une rente viagère jamais vraiment soldée, s'ajoute cette assommante chronique de la maladie de Bouteflika.
Pressée de toutes parts par un contexte régional défavorable, la nomenklatura offre alors à l'encan tantôt des faux espoirs teintés de populisme, tantôt une piètre performance gestionnaire avec des trémolos de circonstance, syndrome d'austérité oblige.
Plongée, de l'autre côté du spectre, dans une léthargie schizophrène, l'Algérie profonde se saigne, elle, aux quatre veines pour permettre à l'espoir de survivre. Mais elle en répand à peine autour des lueurs si ternes, presque mourantes, qu'elles ne font presque d’effet! En outre, à mesure que cette dernière avance, elle a comme des tressaillements dans la peau ; des hésitations ; des peurs. On ne sait d'ailleurs exactement d'où lui vient ce malaise à l'idée d'avancer. Un semblant de pathologie vomitive incurable qui l'empêche de se réveiller, se mettre à rattraper son retard et embarquer vite dans le train du changement. Or, quiconque sait que le monde s'achemine vers une situation où la puissance d'un pays quelconque sera proportionnelle à son poids économique, son génie, son rapport au savoir. En partie prévisibles depuis l'indépendance, nos problèmes prennent aujourd'hui des allures plus complexes, diluées dans l'oxyde de cette globalisation-laminoir. Et décennie après décennie, l'Algérie se vide de ses forces vives, ses compétences et son bain de jouvence au profit de ces vieilles puissances industrielles du Nord dont elle ne bénéficie pas d'un retour d'ascenseur (économique).
Bref, à l'orée de cette année 2017, "cette jeune Algérie" trottine encore, épuisée et méconnaissant le bourdonnement ordinaire de ses artères. Sinon comment pense-t-elle et agit-elle encore comme une vieille? On dirait un arbre où il n'y a pas dans les feuilles un souffle d'air...
Kamal Guerroua
Commentaires (3) | Réagir ?
merciiiiiiiiiiiiiii
Tant que ces vautours existent et gouvernent le pays le peuple algérien peut s'attendre à tout et je me rappelle encore dans ma jeunesse ma mère me racontant une petite histoire la débutait toujours par cette petite anecdote ; Al3amia atkhait el katen, El 3ayba tadla3 ledjebel, ou latreche idjibe lakhbar mine kane. fin de citation et voila que celle ci se réalise en notre temps.