L’humanitaire et les prêches incendiaires des chouyoukhs cathodiques
Nous avons tendance à reprocher à certaines religions ou idéologies leurs écarts et leurs abus qui sont certes condamnables et inacceptables mais ne reflètent pas toujours leurs valeurs et la profondeur de leurs messages. Car elles prêchent parfois de belles valeurs telles que l’amour, la générosité, le pardon, etc. Des valeurs qui ont été toujours défendues par des croyants dévoués et désintéressés. Le but de toute noble cause est de servir et non se servir, de donner et non de prendre, de se sacrifier en jouant de sa vie et non de tuer. En religion, la bonne parole et les invitations sont plus fortes que les peines et les menaces. L’usage de la violence et de la corruption matérielle ne donnera que des rancuniers et des hypocrites qui retourneront leur veste dès que l’occasion se présente. L’histoire regorge d’exemples de ce genre.
Le mariage entre la religion et la politique, ou la religion et l’argent a toujours produit des catastrophes. L’Occident en a souffert des siècles durant avant de comprendre que la religion doit rester dans sa sphère naturelle et ne doit pas la dépasser. La religion est forte tant qu’elle est loin des pouvoirs politique et financier. Dès qu’elle se mêle à leur combine, elle perd sa crédibilité. L’homme de religion a une grande mission sociale à jouer. Le pardon, l’amour, l’entraide, etc. doivent être sa priorité. L’homme de religion doit être un homme de cœur et un homme de terrain. Il doit convaincre par la parole et par les actes. Qu’en est-il réellement ?
On peut citer beaucoup d’exemples pour appuyer ce beau rôle qu’on peut réserver à la religion. Penchons-nous sur l’exemple le plus connu : l’évolution vers un rapprochement plus humaniste du christianisme en Occident. Tout étant critique envers l’Église et sans vouloir fermer les yeux sur ses crimes, il faut saluer ses efforts d’ouverture et de tolérance. Il suffit de voir le nombre des prêtres et des sœurs qui se portent au secours de la population après chaque catastrophe. Certes, tout n’est pas parfait. Il y a des abus et de l’ambition chez certaines figures de l’Église mais force est de reconnaître l’évolution positive de cette religion. Qu’en est-il des cheikhs en Islam?
Plusieurs cheikhs musulmans, hélas, préfèrent vivre confortablement et à l’abri de tout souci et souvent dans les pays du golfe. Comme par hasard! Ils aiment la bonne chère et la compagnie des belles femmes. La religion n’est intéressante que par les avantages matériels qu’elle leur offre. Ils font du zèle dans tout ce qui n’est pas contraignant. Les prêches enflammés et les appels au Jihad sont la colonne vertébrale de leur idéologie de haine et d’hypocrisie. Il suffit de se pencher sur les contradictions de certains chouyoukhs. El Qaradawi du haut de ses 90 ans ne cesse de lancer des appels au meurtre contre certains dirigeants arabes tel que Kadhafi. Bien sur, notre Cheikh ne se gênait pas à encenser ce même Kadhafi quand ce dernier lui graissait la patte avec du pétrodollar. Qaradawi prétextait son âge avancé pour éviter la guerre sainte. Un âge qui ne l’empêchait pas de se marier et de collectionner les belles et jeunes femmes. Ni ses enfants, ni ses petits-enfants pourtant jeunes et en bonne santé n’étaient intéressés par son enthousiasme. Ils préfèrent étudier dans les grandes universités et vivre dans le luxe. Mohamed Zoghbi, un autre cheikh particulièrement ténébreux, encourage les jeunes musulmans à faire le Jihad en Syrie alors que son fils se baladait dans une belle BMW décapotable. Le millionnaire et l’étoile montante de la prédication Amr Khaled passait à la télévision, les larmes aux yeux, pour louer les sacrifices des sahabas et des symboles de l’Islam. Mais il a toujours omis de parler des millions de Dollars qu’ils ramassent grâce à ses émissions télévisées. Ca vaut la peine de verser des larmes. Mais pour quelle cause?
Les prédicateurs musulmans sont connus par leur versatilité au gré des circonstances. Dans leurs déclarations et leurs positionnements, il y a surtout de l’intérêt et de l’ambition et rarement des principes ou des sacrifices. Rien n’est clair ou cohérent. Le haram d’hier est halal aujourd’hui. Le dirigeant éclairé qu’il flatte aujourd’hui risque de se transformer en un tyran, ennemi de Dieu à abattre, demain. Avec eux, les contradictions sont flagrantes, preuve du manque de respect qu’ils ont pour les musulmans. D’ailleurs, ils se pensent non comptables et, selon l’état actuel des choses, ils le sont.
Les Occidentaux ont eu aussi connu différents courants politico-religieux. Ont-ils réussi? Non. Le monde musulman a eu son lot de mouvement politico-religieux. On se rappelle du FIS en Algérie qui se pensait meilleur que les Mollahs Iraniens ou les Intégristes soudanais. Ensuite c’était le tour des frères musulmans égyptiens d’étaler leur savoir-faire et leur belle idéologie. Et finalement, ces derniers temps, les regards du monde entier sont rivés sur les exploits de l’État islamique. Inutile de rappeler les horreurs des GIA, d’Al Qaida, de Boko Haram,etc. La liste est longue et terrible. Les musulmans doivent comprendre l’importance et la nécessité de garder la religion dans sa sphère loin de toute forme de pression qu’elle soit politique ou financière, pour rendre l’instauration d’une véritable démocratie possible. La laïcité est une condition nécessaire – et non suffisante- pour la construction d’une démocratie prospère et durable. Les différentes tentatives de passer outre la laïcité pour parvenir à la démocratie se sont révélées infructueuses. Et même pire : un vrai désastre. Sommes-nous contraints d’attendre plusieurs siècles pour reconnaître l’échec du mariage entre la religion et la politique ? Nous devons nous inspirer des échecs et des réussites des modèles occidentaux et les adapter à notre philosophie de vie.
Pensez-vous que les Finlandais se porteraient mieux s’ils "enrichissaient" leur programme scolaire par Sahih El Bokhari et s’ils passent dans leur télévision Des prêches d'El Qaradawi ? Bien sur que non. L’islam nécessite une réforme de fond. Les musulmans doivent accepter le débat s’ils veulent que leur religion puisse exister dans un monde où dominent les idées et les arguments.
La laïcité est-elle possible en terre d’Islam? Difficile à dire mais on est bien obligé de tenter l’expérience.
Rachid Kihel
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