Peuple - élites : la fracture !

Le gouvernement est totalement coupé du peuple et de ses réalités.
Le gouvernement est totalement coupé du peuple et de ses réalités.

Depuis quelque temps, la question des élites fait débat dans le monde ; elle se fait, aujourd’hui, de plus en plus pressante : la poussée des "populismes" n’y est pas étrangère.

Ces élites, fortement contestés, tendent à minimiser et même d’avilir de cette contestation dont elles sont l’objet. Elles ne cessent de marteler que les votes «populistes», par exemple, ne représentent que les moins diplômés, les plus pauvres, les rejetés de la crise, bref, une sorte de peuple qui compte moins que celui des intelligents, des riches, du monde des affaires qu’elles représentent.

Selon elles, il y aurait ainsi, deux sortes de citoyens : une catégorie supérieure, celle qui vote juste et bien. Et une autre de "sous-citoyens" qui ne sait pas voter, ou qui vote contre ses intérêts. Dans ce bel élan de "démocratie" qui les caractérise, elles ajoutent un argument qui semble ne choquer personne : il consiste à répéter que, finalement, à bien y regarder, les mauvais citoyens ne représentent qu’une petite minorité, si l’on tient compte d’une abstention massive globale.

Tous pays, c’est vrai, a besoin d’élites. Mais la vraie question repose sur la nature de ces élites et de leur renouvellement, malheureusement, totalement verrouillé depuis des lustres.

Concernant les élites algériennes, elles ne peuvent admettre une autre légitimité que la leur. Ou leur intelligence. Ou leur manière de gérer les affaires du pays. Des exemples ? On peut en trouver dans ces effacements de dettes au profit de l’Irak, de certains pays africains, ou plus encore concernant ces prêts, dont un non remboursable, consentis à un pays voisin, alors même que le peuple n’a pas été informé de ces décisions "prises en son nom".

Les élites, notamment celles au pouvoir connaissent le pourquoi de leurs décisions et le peuple, lui, n’y connaît rien ! Normal, les élites sortent des grandes écoles, donc elles sont forcément compétentes. Pour les exemples cités, les élites mettent en avant la perversité du «voisinage» avec ces pays, qui leur lie les mains et à laquelle, elles s’empressent de se soumettre et, d’y soumettre le peuple.

Le peuple, disent-elles, ignore toutes des contraintes liées aux traités internationaux ou à la géopolitique ; il persiste à ne penser qu’à ses propres intérêts. Qu’il s’agisse de coopération internationale, de normes commerciales ou plus encore, de sécurité, les règles sont implacables et par conséquent, elles s’empressent de les appliquer et de se retourner contre le peuple, pour le contraindre non pas à comprendre le fondement de leurs décisions, mais à se taire ! Le peuple, dans l’absolu, n’avait pas à commenter, par exemple, le prêt accordé au Fonds monétaire international (FMI), à partir du moment où les élites ont décidé d’en faire bénéficier l’Institution de Bretton Woods, celle-là même qui a contribué au démantèlement des entreprises publiques algériennes et à la mise au chômage de milliers de travailleurs. Tout cet argent «généreusement» accordé aurait servi, selon le peuple, à :

* construire plus de logements

* construire des usines et créer de l’emploi aux jeunes

* moderniser nos villes et nos transports

* densifier les réseaux du gaz et de l’électricité

* construire quelques barrages

Depuis, cette histoire de "prêt au FMI" a ressurgit pour donner lieu à une polémique entre Ahmed Ouyahia et Louisa Hanoune qui se sont échangés "leurs propres informations" sur cette question, au grand dam du peuple qui se demande où se trouve la vérité ?

Il faut dire que les élites algériennes persistent à croire que le peuple ignore que le pays ne peut évoluer en vase clos et point n’est besoin de lui rappeler, une fois encore, que le contexte international est crucial !

Les élites au pouvoir, ou encore celles issues des grandes écoles refusent de débattre d’économie, de finances publiques, ou plus encore de défense ou de politique étrangère sachant que ces derniers volets relèvent de domaines réservés. Elles disposent pourtant de tous les moyens publics et même privés pour communiquer et expliquer leur politique. Elles pensent qu’elles ont mandat pour agir au nom du peuple et qu’elles ont, de ce fait, toute la légitimité pour faire selon ce qu’il leur semble bon. Le peuple n’a qu’à se perdre en conjectures et à supputer comme bon lui semble !

Et c’est ainsi que la défiance entre les élites et le peuple s’installe et se creuse, chaque jour, un petit peu plus ! Cette défiance est d’abord verticale et se nourrit d’un sentiment d’abandon, de plus en plus répandu : les élites, qui nous dirigent y compris celles qui sont élues, cultiveraient selon le peuple, «l’entre-soi», sans se préoccuper, ou si peu des citoyens. Et le meilleur ou plutôt le pire exemple a été donné par les députés soucieux beaucoup plus par "leur prime de fin de mandat", que du sort des algériens qui vont être sacrément malmenés par les dispositions de la loi de finance 2017qui leur promet des années de disette !

Il serait toutefois naïf de limiter cette défiance aux seuls gouvernants. Certes, elle frappe la classe politique dans toute sa composante mais aussi l’administration publique, les journalistes, bref, toute l’élite intellectuelle. Et aussi, les patrons d’entreprises, ceux du FCE qui n’ont eu de cesse d’exiger plus de facilités fiscales, du foncier gratuit ou à moindre coût, sans apporter la moindre preuve, pour beaucoup d’entre eux, de leur utilité pour l’économie nationale.

A cette défiance verticale, s’ajoute une autre défiance de type horizontal ; avec l’inflation, la cherté de la vie, les rapports sociaux s’exacerbent et la méfiance, entre pairs, gagne du terrain et met à mal la cohésion sociale. Les syndicats, issus pourtant des classes prolétaires, ou sont-elles alors partie des élites, et à leur tête l’UGTA, sont désavoués.

Les élites, faut-il le dire, ne communiquent pas, ou pas assez quand elles sont au pouvoir, alors qu’elles disposent de l’ensemble des médias, dont la télévision qui reste, pour elles, un espace public "monopolistique" par excellence. Elles s’emmurent dans le silence quand elles le quittent, pensant qu’il est bon pour elles de «se mettre en réserve de la république», sait-on jamais, ou se faire oublier, puisque cela vaut mieux ainsi.

Elles devront, dorénavant, regarder en face le peuple, avec lequel la rupture, si elles n’y prennent garde, pourrait, tôt ou tard, être consommée si elle ne l’est déjà, à voir la courbe vers laquelle s’envole l’abstention, scrutin après scrutin.

Affronter le peuple, dialoguer avec lui, le consulter en recourant, par exemple, au référendum pour cette histoire de gaz de schiste qui a failli diviser l’Algérie en deux, c’est accepter l’idée qu’il n’y a pas dans le pays : d’un côté, un peuple paisible, qui va aux urnes, qui applaudit car content de son sort, semble-t-il et de l’autre, un peuple frondeur, abstentionniste, qui rejette tout en bloc au motif qu’il déteste les élites qui ne lui accordent pas toute la considération voulue.

En fait, il s’agit de deux segments "intermittents" d’un même peuple appelés autrefois "forces vives de la nation", qui en réalité travaillent beaucoup, pour peu de choses, et souffrent aussi, énormément, du fait d’un quotidien de plus en plus difficile.

On l’aura remarqué aussi, les élites n’assument pas leurs échecs politiques, si éprouvant pour le peuple, sinon ça se saurait depuis ! Ce discrédit vaut, aussi, pour la plupart des élites passées qui sont dans l’opposition aujourd’hui, mais qui ont été en situation de gouvernance hier. Elles n’ont pas fait mieux, quand elles-mêmes, intraitables et sourdes à toutes revendications sociales, elles étaient aux affaires ! A croire que leur devise est «ordo ab chao» et ce n’est pas un hasard si, de façon systématique, les gouvernements successifs laissent le pays dans un état pire que celui qu’ils trouvèrent à leur arrivée : la violence et l’incivisme sont partout, l’insécurité routière fait des ravages, l’école n’en a pas fini avec ses soubresauts, le tourisme et le secteur de la pêche sont au plus mal, tout comme le football, sa violence, ses scandales et la faillite des Fennecs, le commerce qui n’est pas régulé, la mercuriale qui s’affole et les déficits qui augmentent dans tous les secteurs !

En définitive, tout est possible pour les élites qui trouvent toujours à se recycler qui au sénat qui dans une ambassade, et rien ne serait possible pour le peuple, si ce n’est qu’on lui demande, sans cesse, de faire des efforts, quand ce n’est pas des sacrifices qu’on exige de sa part, dixit le ministre des finances Hadji Baba Aami !

Le peuple en a marre ! Car il a l’impression qu’il paye pour sa protection, mais personne ne le protège de ces élites qui disposent de ses richesses et parfois en usent et abusent, tout en lui déclarant, à tout bout de champ, que "l’Etat providence, c’est fini !".

Dans la situation de crise que nous subissions, plus que nous traversons, comment mettrons-nous la société en marche, si nos élites sont à court d’idées, persistent à rester dans leur monde abstrait, et refusent d’associer le peuple aux décisions qui engagent son avenir ?

La crise pétrolière a ceci de particulier, c’est qu’elle a mis a nu la super structure politique de l’Algérie qui est, complètement, gangrenée. Les appareils d’Etat, le parlement, les assemblées, les partis politiques, tous sont entraînés dans un mouvement de corruption, de soumission et d’opportunisme.

A l’approche des élections, notamment législatives, c’est le règne de la mangeoire : tous s’y précipitent, les partis islamistes en tête ! Les quotas sont fixés. Premiers servis, les obéissants parmi ceux qui se disent "appliquer le programme du président de la République".

Pour rentrer dans cette caste, une seule condition : l’argent. Force est d’admettre aujourd’hui que notre système social est organisé pour attribuer la plus grande part possible du produit de l’activité collective à un petit nombre de membres dirigeants de la société. Il ne reste plus, fort heureusement, que la souveraineté territoriale assumée par la seule ANP, glorieuse héritière de l’ALN, dont les forces surveillent nos immenses frontières, depuis des années, traquant les terroristes et les trafiquants de tous poils. La sécurité retrouvée des algériens est le fruit de cette armée que des forces liées aux intérêts étrangers cherchent à déstabiliser.

Aujourd’hui, on ne le répétera jamais assez, l’élite algérienne, faute de ne pas avoir trouvée des solutions au pays, notamment économiques, est disqualifiée. Elle s’est mise elle-même hors-jeu ! Pour le vérifier, il faut aller voir du côté des réseaux sociaux, Facebook, notamment, qui est en passe de devenir le plus grand média du pays. Et ceux qui, parmi l’élite, pensent qu’ils peuvent conserver leur puissance et surtout leur avidité insatiable et leur voracité destructrice ont, désormais, du souci à se faire.

Les peuples reprennent conscience, c’est un mouvement mondial qui a pris naissance aux Etats-Unis avec l’élection de Donald Trump et qui se poursuit en France, à l’occasion des primaires de la droite française, où les électeurs ont décidé d’administrer une leçon aux "sachants" du pouvoir : ils ont déjoué tous leurs pronostics et le tout politico-médiatique s’est trompé.

C’est ce qui risque d’arriver au FLN et au RND dont les dirigeants à l’approche des élections locales pensent qu’ils en sortiront victorieux. Que les jeux sont faits, n’en déplaise au président de la Commission Nationale indépendante de surveillance des éections, Abdelwahab Derbal !

Que ces gens-là méditent alors, ces propos tenus par le Duc de Rovigo qui disait des algériens à l’époque coloniale : «notre seule supériorité sur eux, c’est notre artillerie, et ils le savent. Ils ont plus d’esprit et de sens que les européens, et on trouvera un jour d’immenses ressources chez ces gens-là qui savent ce qu’ils ont été !».

Cherif Ali

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Commentaires (3) | Réagir ?

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tahar foli

merci pour l'ioformation et le partage

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walid crsic

Voyons à présent ses objectifs sur le plan international. Trump veut restaurer un certain rapport de force qui lui permette à la fois de garder la place de premier de la classe sur la scène internationale car celle-ci favorise ses objectifs de politique intérieure.

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