Le FLN et l'art de la corrida
Ouf! Enfin, Belkhadem respire, tranquille, l'air pur d'une belle revanche sur le destin et surtout sur son rival Sâadani! Lui, l'homme sage et chevronné dans la politique du sérail qui, en plein milieu de la quarantaine, l'âge des messagers divins et des prophètes, fut président de l'A.P.N n'aurait jamais supporté toute cette ingratitude du petit Said et ses potes à son encontre.
"Le F.L.N et moi, répète-t-il assez souvent avec fierté à ceux qui veulent bien l'entendre, c'est une longue histoire d’amour qui ne mourra jamais quoiqu’il advienne". Et puis, ce bavard de Djamel Ould Abbas, toujours de mèche avec Sâadani, n'a de cesse de lui casser les pieds. "Mon dieu comme ces deux dinosaures sont affreux!", Aurait-il confié récemment, furibond, à Abderrahmane Belayat dans le siège de l'une des mouhafadhas de l'intérieur du pays avant d'être subitement pris d'un fou rire «ce pauvre Sâadani me fait vraiment pitié. D'abord, il ne connaît rien du tout à la politique. Que du bagout et de l'esbroufe à gogo. Ensuite, il est comme un chiffre rond qu'on multiplie plusieurs fois par zéro et tu peux bien mon frère imaginer seul le résultat» «mais détrompe-toi mon grand, objecta vite Belayat avec cet air bizarre de polémiste qu'on lui connaît, t'as déjà oublié que c'était, pourtant lui, qui nous aurait tous foutu dehors : toi, moi, les autres et même...le fameux général!" "Non! Non! Tu exagères", "pourquoi?" "Amar n'était là que parce qu'ils ont voulu qu'il soit là et s'il part maintenant, c'est parce qu'ils veulent qu'il parte, c'est tout!" "Donc, d'après toi, il n'a pas démissionné de son plein gré comme il le prétend" ; "foutaise! Tu rêves ou quoi ?".
En effet, Abdelaziz Belkhadem aurait profité de tout le temps de son éviction de la présidence du F.L.N, une traversée du désert combien, du reste, fort éprouvante, pour bien exceller dans sa connaissance des jeux d'échecs ; "une passion d'enfance", selon certains de ses proches, laquelle l'aurait bien aidée à décrypter quelques mystères du pouvoir d'Alger.
Et, le plus drôle, c'est qu'il est allé dernièrement en Espagne pour se cultiver sur l'art de la corrida! "Fantastique!" Lui aurait suggéré, les yeux malicieux et les lunettes bien ajustées, Ouyahia lors d'une rencontre informelle à l'hôtel d'El-Aurassi «tu sais, c'est ce qui m'a permis de tenir le coup dans tous les gouvernements que j'avais menés". "Ah bon!" "Oui" ! "Comment ça?" "T'as pas remarqué que le taureau devient de plus en plus vigoureux et combatif au fur et à mesure qu'il reçoit dans son corps des piques qui le blessent". "Mais quand même, il meurt après, non?" "On s'en fout, tu ne comprends pas encore!" "Quoi?" "Qu'en politique comme dans la vie en général, tout le monde meurt à la fin mais que l'important, c'est de laisser des traces!". "Malheureusement ya si Ahmed, la seule chose que j'avais apprise au sein du F.L.N, c'est que l'unique taureau dans l'arène est le peuple" ; "et nous tous, responsables et décideurs?". "Des toreros ou des spectateurs dans les tribunes" ! "Sérieux !". "Oui, je confirme".
Kamal Guerroua
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merci
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