Un Trump est-il possible en Algérie ?
Une telle question n’est pas farfelue. Le populisme n’est pas lié forcément à un haut degré de développement économique.
Nous avons les exemples de l’Espagne et du Portugal qui ont connu ce genre de régime (carrément fasciste) alors qu’ils étaient des pays peu développés. Il est donc plus productif de se pencher sur les conditions historiques matérielles et politiques, ici et là, hier comme aujourd’hui, qui font émerger des Trump. Les Le Pen en France, en Autriche et en Hongrie font partis du paysage politique du monde et les ‘’spécialistes’’ font semblant de ne pas comprendre les raisons de ce phénomène. Les politiques et les médias de ces pays ne veulent pas fouiller dans les entrailles de leur histoire car les classes qu’ils représentent sont, en partie, comptables de la petite bête immonde qui risque de prendre du poids si on ne met pas en place une autre politique. Leur surprise devant l’élection de Trump a révélé à la fois leur arrogance de détenteurs de la "vérité" mais surtout qu’ils ont une peur panique d’être balayées par les vents qui soufflent sur notre planète. L’aveuglement qui les a empêchés de voir venir la victoire de Trump démontre le mépris des populations qui souffrent dans le monde.
Et ces populations sont nombreuses en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Occident même. Mais revenant aux Etats-Unis qui les fascine et dont ils sont censés connaître l’histoire. "Nos" chers médias sont tombés dans le piège de ce vieux routier de la télé réalité appelé Trump qui, pour rafler la mise a fait appel aux instincts les plus bas de catégories sociales qui par ailleurs souffrent réellement de leur perte d’emploi et des crises de surprimes qui ont délogé des millions de gens de leurs maisons (devenus de vrais SDF). Oui Trump leur a fait miroiter l’espoir de retrouver le fameux rêve américain qui faisait la fierté des Américains, il leur a promis de rétablir l’hégémonie des "Blancs" menacés par les vagues des immigrés etc…
A ces éléments indigestes, Donald Trump a ajouté un fait que ces populations déclassées vivent dans leur quotidien. Sans citer le concept de capitalisme et pour cause, il est le modèle achevé de capitalisme américain, Trump préfère mettre le chômage sur le compte des méchants pays comme la Chine alors que la délocalisation des usines américaines, une ''trouvaille'' de la mondialisation capitaliste, ne se sont pas implantés toutes seules dans les pays en question. L’argument isolationniste consistant à se passer du monde fait partie de la culture américaine et Trump le répétait sans cesse. Pays continent, les Américains pensent qu’il vaut mieux s’isoler et rester en dehors de la ‘’pagaille’’ du monde d’où la position isolationniste pratiquée par eux à certaines époques avant qu’ils ne deviennent des interventionnistes à tous crins partout dans le monde.
Les éléments que je viens d’avancer sont connus de tous gens-là (comme disait Jacques Brel) mais ils ont préféré mettre l’accent sur la misogynie nauséabonde de Trump comme si cette misogynie et ses propos graveleux allaient faire oublier la souffrance des gens et leur haine contre la malhonnêteté de son adversaire politique, milliardaire et enfant chérie de Wall-Street (*).
Avant de nourrir le titre de cet article avec des faits typiques de la situation de notre pays, j’aimerais faire un petit saut lointain et vertigineux dans l’histoire qui explique bien de choses dans notre humanité. Notre époque connaît un tournant historique de la même ampleur qu’elle a connu avec la chute de l’empire romain, la naissance de l’islam aux frontières de ce même empire, la Renaissance en Europe, la découverte de l’Amérique, la première guerre mondiale et l’émergence volcanique de la révolution bolchévique. A chacune de cette ‘’cassure’’ entre l’ancien mode de production de richesses et le nouveau qui se met en place, le monde traverse des tempêtes effroyables. Avec la mondialisation d’aujourd’hui apparaissent des fossés à l’intérieur même de sociétés et entre pays. D’où les relents fascisants que l’on hume en Occident, relents qui touchent aussi les catégories sociales victimes de cette mondialisation. D’où les futurs conflits potentiels ou larvés entre des puissances qui obéissent pourtant aux mêmes règles de l’économie du marché (pays membres des BRICS, Brexit de l’Angleterre, les USA de Trump menaçant tout le monde etc…).
Allons-nous échapper en Algérie aux soubresauts que connaît notre monde et notre époque. Surement pas d’autant que la fragilité et la nature de notre économie ouvrent portes et fenêtres aux bourrasques aux moindres petits mouvements du prix du baril de pétrole fixé à Londres. L’état de notre économie est connu de tous, inutile de s’étendre. Je laisserai également de côté les aspects idéologiques, culturels et politiques fragilisant la société car analysés ici même (dans le Matin) par des plumes trempées dans l’encre de la connaissance. En revanche, j’aborderai un phénomène qui n’est pas encore visible et qui risque de faire le lit d’un futur Trump local. Le dit phénomène n’est autre que la formation de petites couches sociales moyennes qui se sont habituées à un certain niveau de vie au dessus des moyens du pays. Les dits moyens du pays au lieu de servir à construire une base économique moderne se sont évaporés dans l’importation d’un parc automobile qui engendre des embouteillages monstres eux-mêmes devenant un gouffre de consommation d’essence, de pertes d’heure de travail sans compter le stress et les maladies de la pollution. Faut-il ajouter tous les gadgets (certains facilitent la vie) mais dont la plupart sont consommateurs de devises et donc générateurs d’inflation. Bref c’est l’introduction d’un mode de vie propre à une catégorie sociale cohabitant avec la majorité du peuple vivant difficilement qui va introduire des contradictions qui ouvrent à la voie à des aventures dont le peuple peut se passer.
Ce phénomène d’une catégorie sociale émergente et qui change de camp politique est observé dans des pays de l’Amérique latine. En Argentine, la présidente Christina après deux mandats a été abandonnée par une partie des catégories sociales qu’elle a protégées en refusant d’obéir au FMI.
Au Brésil, Lula et la présidente Dilma Roussef du Parti des travailleurs qui ont gagné des élections et ont permis à ce pays de devenir une puissance économique qui compte ont été destitués par un coup d’Etat "légal". Ils ont été trahis par des députés représentant ces fameuses catégories sociales qui ont bénéficié des conquêtes du Parti des travailleurs. Un troisième pays, le Venezuela de Chavez risque hélas de connaître un sort encore plus violent que les deux pays cités. Que nous disent les exemples de ces trois pays ? Qu’une catégorie sociale nouvelle qui acquiert un certain niveau de vie n’accepte pas de le perdre. Sa culture idéologique et son opportunisme politique l’incite à s’allier avec le pouvoir qui lui fait faire un "saut qualitatif" socialement. Mais elle est tout aussi prête à lui tourner le dos à la moindre menace sur son niveau de vie pour lui préférer un dirigeant qui pourrait préserver ses petits privilèges acquis.
Aux vues des difficultés qui s’annoncent avec la baisse du prix du baril de pétrole, le pays va-t-il connaître une "révolte" des catégories qui vivent ou qui jouissent des juteuses importations que la conjoncture économique va ralentir et même brimer. Débattre de cette question n’est pas inutile. Le débat permet de ne pas se laisser surprendre comme beaucoup l’ont été par le phénomène de l’intégrisme. Pour qu’il porte ses fruits, un tel débat doit éviter les pièges habituels du dogmatisme, du manque d’informations sur le phénomène en question et du péché mignon de l’intolérance, enfant ‘’naturel’’ de la frustration ou de la colère mal maîtrisée. Le point d’interrogation du titre signifie qu’il n’y a pas de fatalité dans l’Histoire. A une condition, connaître les ruses de Dame Histoire pour que le peuple en question demeure celui qui fait sa propre Histoire.
Un dernier mot sur Trump, pour ne pas se faire ‘’avoir’’ par ses discours, il ne faut jamais oublier qu’il est le président des USA défenseur avant tout du système à l’intérieur et à l’extérieur. Il veut discuter avec Poutine qui a de quoi pour se faire respecter, en revanche il veut déposséder les Palestiniens de Jérusalem pour l’offrir comme capitale à Israël.
Ali Akika, cinéaste
Renvois
(*) Les deux mamelles de la société américaine sont l’argent et la sécurité ''in God we trust'' (en Dieu nous croyons), formule inscrite sur le dollar. Mentir donc a coûté la destitution à Nixon. Aujourd’hui Hillary Clinton ayant joué selon les Américains avec la sécurité du pays en étalant des secrets d’Etat dans ses mails personnels et ayant méprisé ses compatriotes qui ne votaient pas pour elle en les traitant de tous les noms d’oiseaux, ces Américains lui ont ôté la marche qui fait accéder à la Maison Blanche.
Commentaires (4) | Réagir ?
Bonjour,
Un Trump est-il possible en Algérie ??? !!!
Mais des Trumps, plutôt des "Trumpettes", c'est toutce que l'Algèrie a eu droit depuis 62.
BENBERLA = Trumpette 1er: Il vociféra et brait à 9 millions de bèrbères; "Nahnou a3rab". Aujourd'hui Trump dit aux Yankee?? Nous sommes américains. Où est la différence. ??
BOUKHARROUBA = Trumpette 2: Il a voulu révolutionner même les poules et fabriquer le "Radjoulou el djadid" (l'Homme nouveau). Aujourd'hui, l'Homme nouveau DZ ne resemble à aucune créature semblable du genre sur la planette. Crèature bouffant la richesse qu'elle ne produit point. Rêvant de pouvoir tromper son dieu en lèvant au ciel le cu plus haut que les autres 5 fois par jour. Créature ne parlant aucune langue définie et entière et ne resemblant à aucun types d'humains dans sa tenue vestimentaire (afghano/arabo /occident frelaté). L'œuvre de la Trumpette 2 est totale et absolu.
CHADLI = Trumpette 3. : "Pour une vie meilleure" était sa devise. 12 années de règne ont mené le pays à la guerre civile.
Zerroaul = Trumpette 4: Il jeta l'éponge à la première difficulté sérieuse.
Boutcheftchifa 1er = Trumpette 5 : Comme le fait aujourd'hui Trump, "P'ti mario" s'est présenté en 99 comme messie sauveur de la nation. L'Algérie meurtrie de l'époque le cru "géant" alors qu'il est moins que "nain". Aujourd'hui, après avoir pulvérisé 1000 millirads de dollars en moins de 15 ans, et gracié la terreur, il se veut président à vie avec un pays aux portes du FMI. Donc, chez nous en Algérie, on est pas à une Trumpette près. Pour revenir à Trump, la seule chose qui est pour l'instant séduisante dans ses propos c'est son intention de "remonter les bretelles et les gandouras" aux bedouins d'orient en général et aux saoudiens "hachakoum" en particulier. S'il le réalise vraiment je me ferai americain et voterai Trump. Donc un nouveau Trump en Algérie ?? Oui, avec un peuple arraché de ses racines par un demi-siecle de mensonges et d'imposture tout est possible. Rabah Benali
Eh ben! Si avec tous les éléphants des partis politiques on ne peut pas trouver un Trump....