Affreux, sadiques et incompétents (1ère partie)
Il y a dix-sept ans, il promettait de faire de l’Algérie l’Eden africain.
Aujourd'hui, Ouyahia a fini par l'avouer : l’État risque de se retrouver dans l’incapacité de payer les fonctionnaires.
Ouyahia redit avec le sourire ce que le Gouverneur de la Banque d’Algérie disait avec émotion : l’Algérie n’a plus les moyens de sa politique. Nos jours sont comptés. Sauf miracle, bien entendu. Mais en économie, les miracles se construisent. Chez nous, en dix-sept ans, il ne s’est rien construit de solide. Sauf, peut-être une équipe de football, avec des gamins nés en France, formés en France et qui jouent pour nous, le temps d’une Coupe du monde, le temps d’oublier qu’on ne sait rien faire que de vendre du pétrole, que nos jours sont comptés et que les miracles se construisent.
Le Gouverneur de la Banque d'Algérie a été limogé. Il ne savait pas "gouverner", c'est-à-dire "gouverner" au sens que lui donnent nos dirigeants fabulateurs : clamer les fausses bonnes nouvelles et à taire les vraies mauvaises nouvelles.
Ils croyaient pouvoir démentir la formule d’Abraham Lincoln : "Aucun homme n'a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge", alors ils ont passé leur temps à mentir. A duper les Algériens. Sur tout. Sur la santé du président de la République dont ils ont annoncé qu’il était entré à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour de simples examens complémentaires et qu'on vit revenir handicapé, sur une chaise roulante. Sur l'état des finances nationales, sur l'avenir, sur l'économie... Mais le mensonge les a rattrappés.
Il y a quinze ans, il promettait de faire de l’Algérie le plus grand dragon arabe et africain. Comme les Coréens, plus grand dragon d’Asie, devenus treizième puissance économique mondiale en quinze ans ! Quinze ans ! Le temps passé par Bouteflika, Ouyahia et autres Belkhadem et Sellal à nous gouverner.
A défaut d’être les dragons de l’Afrique, nous en étions devenus le plus gros lézard. Comme il y a quinze ans, l’Algérie ne sait toujours rien faire d’autre que de vendre du pétrole. Du pétrole et pas autre chose. Le pétrole pour acheter la paix sociale, le pétrole pour inonder les souks et flatter les estomacs, le pétrole pour enrichir la pègre pétrolière internationale et s’assurer de son amitié, le pétrole pour s’offrir une réputation… Le pays qui consacrait une enveloppe de 8 milliards de dollars aux achats à l’étranger sous Zéroual, en dépensait presque sept fois plus sous Bouteflika : plus de 55 milliards de dollars en 2013. C’est le prix de la tranquilité. Pourquoi produire, dans ces conditions ? Le choix du clan Bouteflika était fait : alliance avec les barons du marché informel, les seigneurs de l’import ; au diable les managers investisseurs !
A son arrivée, en 1999, l’Algérie était dépendante à 98% du pétrole ; dix-sept ans plus tard, nous sommes toujours dépendants à 98% du pétrole.
Que nous apprend M. Ouyahia ? Dès cette année, il faudra donc s'attendre à des licenciements et des familles entières jetées à la rue. A la dix-septième année du règne de Bouteflika, l'Algérie sombra dans la cessation de paiement. Il y a un an à peine, le même Ouyahia prétendait le contraire (El Djazair fi kheir oua elhamdou lillah). Abdelmalek Sellal revenait de Mascara. On se doutait bien qu’il n’allait pas rater, lui l’admirateur de Kaci Tizi-Ouzou, l’occasion de nous sortir une blague de son cru à partir de la ville des calembours. Abdelmalek Sellal l’a fait avec panache. "Au cours du quatrième mandat de Bouteflika, nous transformerons Mascara en la Californie !" La Californie ! En cinq ans ! Pensez donc ! Los Angelès, Hollywood, San Francisco… Mais avec quels nouveaux moyens notre chef du gouvernement érigerait-il en cinq ans cette Californie qu'il n'aura pu édifier en 15 ans ?
Depuis 2001, les caisses de l'Etat n'ont cessé de déborder de dollars et on n'a bâti aucune Californie nulle part. En quinze ans, Bouteflika n'aura pas diminué d'un seul dinar la facture alimentaire du pays. Les fonds destinés à l'agriculture ont échoué dans la poche des copains Dalton. Aujourd'hui, c'est trop tard pour la Californie, trop tard pour Mascara : les caisses sont vides. Le jongleur Sellal le sait. Les économistes algériens le savent. Il y a un an à peine, on s'irritait des propos de Sarkozy. Aujourd'hui, Ahmed Ouyahia répète les propos de l'ancien président français avec le cynisme en plus. Il en parle avec détachement, comme s'il était étranger au désastre.
Messieurs Bouteflika, Ouyahia, Saadani, Sellal, Gaid Salah, Ould Abbas, Chakib Khelil, Belkhadem, vous êtes les seuls auteurs de la catastrophe qui va bientôt tomber sur le dos du pauvre Algérien ! Mais comme il faut de la noblesse pour regarder ses propres fautes, et que de la noblesse vous n'en avez point, vous opterez pour le déshonneur, vous vous innocenterez sur le dos de votre victime, vous culpabiliserez le pauvre citoyen, vous noyerez vos méfaits dans le bavardage, le mensonge et les jeux de scène.
Vous resterez, pour l'Algérie de Ben M'hidi, les mauvais fils adultérins, cupides et sans grandeur, des produits de magouilles politiques, d'habiles récupérateurs du courage des autres, les architectes de la décadence morale qui succède parfois au temps où l’homme s’élève face à l’événement, de tristes soldats qui auront fait ce qu'il fallut pour abattre l'Algérie ou tout au moins pour l’obliger à régresser dans son histoire. (A suivre)
Didou
Lire la deuxième partie : Affreux, sadiques et incompétents (2e partie)
Commentaires (12) | Réagir ?
merci
Merci