L’Italie mise à rude épreuve par les séismes à répétition
Depuis le 24 août dernier, date du séisme qui a détruit la ville d’Amatrice dans la région des Marches, dans le centre de l’Italie, d'innombrables répliques dont au moins une dizaine de magnitude élevée, sont en train de mettre en sérieuses difficulté l’Italie.
Au matin du 30 octobre dernier, à 7h40, tout le Centre de l’Italie a sursauté suite à une forte secousse sismique ressentie sur toute la péninsule italique, depuis la Sicile jusqu’à l’Autriche. L’épicentre était localisé cette fois à une profondeur de 9,5 km en dessous d’une vallée appelée la Valnerina (entre les communes de Castelsantangelo, Visso, Ussita e Preci) dans la province de Macerata, toujours dans la région des Marches. Ce séisme de magnitude 6.50 sur l’échelle de Richter et de VI° degré sur l'échelle de Mercali est le plus fort séisme enregistré depuis le début du XXIe siècle.
S'il n’y a pas eu de morts c’est parce que les édifices à risques avaient été évacués après le séisme du 24 août dernier, moins puissant mais qui avait fait plus de 300 victimes. En réalité, la zone n’a pas eu une seule semaine de tranquillité depuis ce jour-là. Les répliques ont eu lieu presque tous les jours. On l’appelle en italien "sciame sismico", l’essaim sismique, pour donner l’image d’une multitude de petites répliques qui généralement suivent les grands séismes. Seulement cette fois-ci, plusieurs répliques étaient aussi fortes ou même plus fortes que la première. Les sismologues parlent non pas de dizaines, ni de centaines mais de milliers de secousses de diverses entités depuis la fin août. Plus de mille secousses enregistrées seulement depuis le dernier séisme du 30 octobre. La plupart des secousses sont imperceptibles ou de très basse intensité. Mais nombreux sont encore les tremblements assez forts qui continuent à faire tomber des pans de murs restés suspendus et à maintenir la population dans un état de stress permanent.
C’est un phénomène rare. Il s’agit d’un séisme d’origine tectonique, disent les specialistes. Il se passe quelque chose d’important là-dessous. Les témoins du dernier tremblement qui s’est déroulé en plein jour parlent de terrains qui bougeaient comme soulevés par une vague souterraine. Difficile à prévoir, mais des répliques aussi fortes sont encore possibles, disent les experts, dans les prochaines semaines, voire dans les prochains mois.
Au niveau des bilans, s'il n’y a heureusement pas de victimes humaines, les dégâts au niveau économique et surtout culturel sont inestimables. Une vraie hécatombe. Toute la région du Centre de l’Italie (toute l’Italie en réalité, mais dans ces zones la concentration est encore plus importante) est célèbre pour ces bourgs médiévaux de très haute valeur historique, culturelle et artistique. Beaucoup des bourgs frappés sont classés patrimoine de l’humanité, ou du moins sont recensés parmi les sites historiques les plus beaux et les mieux conservés du monde. Des centaines de résidences, châteaux, manoirs, églises, cathédrales, murailles et fortifications, des sculptures, des bas-reliefs et des fresques de très grande valeur.
La région très faiblement industrialisée vit principalement de tourisme culturel et de productions agricoles à basse intensité dont les produits spécifiques sont considérés de haut de gamme.
Aujourd’hui, tout cet équilibre fragile est en sérieuse difficulté. Les populations des zones exposées ont été en partie transférées vers la côte, considérée plus sûre, Certains -par peur de finir comme les victimes du séisme de L’Aquila de 2009 qui continuent à vivre dans des structures préfabriquées loin de leur ville qui reste encore en ruine- ont choisi de rester près de leurs maisons et de leurs activités économiques, mais vivent dans des structures provisoires: tentes, roulottes, containers… Des centaines de milliers de sans-toit, qui dépendent presque entièrement de l’assistance publique. L’extraordinaire élan de solidarité de la population italienne, commencé après le 24 août, s’est épuisé à cause de la durée du phénomène. Le système italien pour faire face aux catastrophes naturelles est à genoux. L’Etat italien en général est en sérieuses difficultés et est contraint de demander l’aide de l’Europe pour pouvoir affronter cette dure épreuve.
Une épreuve que le gouvernement Renzi affronte avec l’habituelle nonchalance apparente. Les déclarations à la presse ne laissent aucun espace au doute ou aux craintes. "Nous reconstruirons tout. Nous remettrons tout en place, jusqu’au dernier caillou", proclame le premier ministre italien. Des peaux, Matteo Renzi en a vendues, à coup de déclarations triomphalistes, des milliers depuis son arrivée à la tète du gouvernement. Mais des ours tués jusqu’ici il y’en a eu bien peu.
D'Italie, Karim Metref
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