Le long supplice de Boudiaf Mabrouk, dit Dadda
Cinquante-quatre ans après l'indépendance, rares aujourd’hui les acteurs encore vivants qui peuvent témoigner des souffrances et injustices innommables de ces temps-là.
Ici, nous vous raconterons l’histoire d’un jeune combattant qui s’est dressé contre les méthodes abjectes coloniales. Une histoire qui ressemble certes à des milliers d'histoires de jeunes Algériennes et Algériens qui ont bravé l'armée française et offert leur jeunesses pour que l'Algérie devienne libre et indépendante.
Boudiaf Mabrouk, né un 1er mars 1922 à N’Gaous, une région révolutionnaire des Aurès. Boudiaf Mabrouk étais un jeune fellah, dynamique, très robuste mais méprisé par les représentants de l’ordre colonial. Son seul souhait était de rejoindre le maquis, comme la majorité des jeunes de l’époque qui ne pouvaient plus supporter les horreurs coloniales. Il décida d’abord de partir en France pour y travailler. A son retour dans le village natal, il entra en contact avec les moudjahidines. Apres plusieurs actions de guérilla, Boudiaf Mabrouk, dit Dada fut arrêté.
Dada n’avait pas été mis en prison. Il avait été transféré dans un endroit où la torture était la pratique ordinaire. Les mains et les pieds attachés avec du fil de fer, il fut enterré vivant dire dans une fosse de trois mètres, a-t-on appris auprès des témoins encore vivants. Les séances de tortures étaient interminables. Elles durèrent plusieurs semaines. La journée, les soldats le faisaient sortir pour l’interroger. Le soir, ils le replongeaient dans la fosse. "Ceux des prisonniers qui l’avaient vu souffrir entre les mains des geôliers avaient souhaité la mort à sa place, car tous savaient qu’ils allaient eux aussi connaître les mêmes souffrances que Dadda", raconte une de ses connaissances.
Selon des témoignages que nous avons recueillis, au bout du supplice, les soldats avaient cru que Dadda était mort. Ils l’avaient transporté dans une plaine à proximité du village et l’y avaient abandonné.
Par miracle Dadda se relève et survécu à toutes ces atrocités. Le prisonnier a vécu jusqu’à l’âge de 76 ans. Il décéda en 1997, laissant une grande famille dont la fierté est de raconter l'histoire de leur père.
Abdelmadjid Benyahia
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