Quel est l’avenir du cours du pétrole ?
Le cours du Brent a été coté le 19 octobre 2016 à 52,53 dollars et le Wit à 51,48 dollars. Le cours du gaz naturel a été coté à 3,17 dollars le MBTU algérien a été coté à 110,535 un dollar 1, 21,182 dinars un euro et le cours du dollar a été coté à un niveau extrêmement bas 1,0974 un euro, ces cotations amplifiant d’une part le processus inflationniste réel en Algérie et d’autre part, pénalisant les exportateurs de pétrole qui le vendent en dollars (1)
Premièrement. L’élément central de la détermination du prix du pétrole entre 2017/2020 est la croissance de l’économie mondiale. Entre 2020/2030, aucun expert ne pouvant prévoir au-delà, du fait des importantes nouvelles mutations. Selon le rapport Perspectives de l’Économie mondiale présenté du 4 octobre 2016 du Fonds monétaire international (FMI), contrairement aux prévisions euphoriques de certains experts, le cours du pétrole s’établirait à 51 dollars en moyenne annuelle pour 2017. Mais le plus inquiétant c’est le prix de cession du gaz traditionnel représentant un tiers des recettes de Sonatrach avec une prévision de 50% en 2020. Or, selon le FMI a atteint son cours le plus bas en douze ans en raison certes dû à la chute des cours du pétrole, mais également par la vigueur de l’offre russe en gaz naturel et par l’affaiblissement de la demande asiatique. Avec des prix concurrentiels hors de portée pour l’Algérie, du Qatar, de l’Iran et de la Russie en direction l’Asie (entre 7/8 dollars le MBTU), le marché naturel de l’Algérie sera l’Europe ou avec l’expiration des contrats à long terme 2018/2019, l’Europe a fait savoir à l’Algérie qu’elle devra s’aligner le marché spot.
Deuxièmement. Du côté de l’offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui bouleverse toute la carte énergique mondiale. Ils sont passés de 5 millions de barils/jour de pétrole à un niveau fluctuant entre 8,5 et 9,5 millions de barils jour entre 2014/2016. Les Etats-Unis, importateur par le passé , devraient devenir le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte de la consommation intérieure) devant l’Arabie Saoudite et la Russie. Selon The Telegraph, les Etats-Unis, devraient pénétrer fortement le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché mondial du GNL
Troisièmement. Les rivalités au niveau de l’OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production OPEP). Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l’Occident dont les USA pour affaiblir la Russie. L’Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l’offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d’une entente entre les USA et l’Arabie Saoudite pour déterminer le prix plancher, encore que cette entente pourrait se déplacer dans un proche avenir avec une entente avec l’Iran.
Quatrièmement. La stratégie expansionniste russe dont le géant Gazprom, pour le gaz (45.000 milliards de mètres cubes gazeux de réserve) à travers le North Stream et le South Stream (ce dernier gelé actuellement) d’une capacité prévu de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, sans compter les nouvelles canalisations vers l’Asie. La Russie a besoin de financement, les tensions en Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% entre 2013/2015. un accord circonscrit à l’OPEP, sans la Russie, ne suffirait pas à peser sur les cours. Dès septembre, Russes et Saoudiens – en marge du G20 – avaient appelé à un contrôle de la production, mais le conflit syrien, où s’opposent indirectement ces derniers, rend une coopération sur le front pétrolier très aléatoire. Récemment, la Russie a accru sa production, et ouvert de nouveaux gisements en Sibérie et dans l’Arctique. En outre, les compagnies russes assument des coûts en roubles (dont le cours a chuté), mais vendent en dollars, de sorte qu’elles restent rentables aux alentours de 20 à 30 $. Idem avec la réduction des couts des gisements de pétrole et gaz de schistes moyens américains 30/35 dollars et pour les grands gisements 20 dollars. Tout concourt ainsi à un soutien mesuré de la Russie à un accord de régulation des prix.
Cinquièmement. Le retour sur le marché de la Libye pouvant aller facilement vers 2 millions de barils/jour, de l’Irak avec 3,7 millions de barils jour (réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8 millions/jour. Et surtout l’Iran après les accords sur le nucléaire ayant des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant facilement d’exporter entre 4/5 millions de barils jour, le Ministre de l’Energie iranien venant d’annoncer le 16 octobre 2016 que son quota de 4,2 millions de baril jour sera atteint fin 2016, au tout plus le premier trimestre 2017 et le deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de 34.000 milliards de mètres cubes gazeux , sans compter qu’il aura alors accès aux quelques 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères, qui pourront augmenter ses exportations et attirer les investissements étrangers.
Sixièmement. Les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l’exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux de gaz et pétrole de schiste d’environ 30/40%, et n’oubliant l’important gisement qui rentre en production du Kazakhstan fin 2016. Du côté de l’offre, selon les Echos.fr du 17 octobre 2016, "à mesure d’une appréciation des cours, les volumes américains (qui dépendent de centaines de producteurs et ne peuvent être contrôlés progresseront, risquent de contribuer à "caper" les futurs prix mondiaux".
Septièmement. Les USA/Europe qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d’habitants poussent à l’efficacité énergétique avec une prévision de réduction de 30% et l’urgence d’aller vers la transition énergétique afin de lutter contre le réchauffement climatique car si les Chinois, les indiens et les africains avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA et l’Europe il faudrait cinq fois la planète actuelle où je rappelle que selon le rapport de l’ONU une sécheresse sans précédent frappera l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne entre 2020/2025, stratégie peu compatible avec un rebond de la demande de pétrole. Cela d’autant plus que la majorité des pays ont entériné l’Accord de Paris, issu de la COP 21, engagement qui sera conforté à la COP 22 de Marrakech en novembre et reposant sur des efforts de limitation du recours aux énergies fossiles, charbon et pétroler horizon en tête, le monde s’orientant vers un Mix énergétique, l’énergie de l’avenir horizon 2030/2040 étant l’hydrogène où la recherche développement connait un réel essor .
Huitièmement. Les tendances à sont à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l’industrie manufacturière forte consommatrice d’énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale horizon 2030, notamment l’Inde et la Chine. Les relations clients-fournisseurs seront à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs et pousseront à la baisse des prix.
Neuvièmement. L’occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers, la vente sur marché noir de pétrole notamment en Irak avec un baril entre 25/35 dollars.
Dixièmement. L’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse du dollar, bien que n’existant pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une baisse du prix du baril, ainsi que les stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois, en mentionnant que la Chine est la 11e réserve, mondiale et que la baisse des prix du pétrole lui a permis d’économiser pour 2015 plus de 50 milliards de dollars.
En résumé, les pays de l’OPEP ne doivent plus vivre de l’illusion d’un cours entre 80/100 dollars. Il leur appartient en urgence d’asseoir une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales tenant compte du nouveau monde en rapide transformation.
Dr Abderrahmane Mebtoul,
Professeur des Universités expert international
(1)- Synthèse de la conférence débat avec la presse nationale donnée par le professeur Abderrahmane Mebtoul à la Maison de la presse Tahar-Djaout, Alger, le 18 octobre 2016.
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