Nicolas Sarkozy pour un référendum sur le regroupement familial et la sécurité
Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi soir qu'il soumettrait à référendum, s'il est élu président en 2017, ses propositions contestées de suspendre le regroupement familial et de placer en rétention administrative des personnes fichées "S" représentant une menace potentielle.
En perte de vitesse, l'ancien président droitise encore plus son discours et cultive la surenchère pour attirer l'électorat de la droite extrême. Invité du journal de 20 heures de France 2, l'ancien président a choisi l'opposition frontale avec Alain Juppé, favori de la primaire d'investiture à droite, en mettant en avant deux mesures de son programme, que le maire de Bordeaux rejette, sous le sceau gaulliste de la "souveraineté populaire".
Alain Juppé avait estimé en août dernier dans un entretien au Figaro que la suspension du regroupement familial n'était pas "une attitude humaine". Quant aux "fichés S", s'il juge fondé leur placement en rétention dans l'hypothèse d'une menace, il exige une intervention de l'autorité judiciaire en amont. Nicolas Sarkozy souhaite un contrôle a posteriori du juge.
L'automaticité du regroupement familial, instaurée en 1974 en France, est "un débat sensible, fort, grave, important : je pense qu'il doit être tranché par les Français", a dit Nicolas Sarkozy sur France 2.
"Je poserai donc par référendum cette question le jour du deuxième tour des législatives, le 18 juin 2017 : Est-ce que les Français sont d'accord pour que nous supprimions, nous suspendions le droit automatique au regroupement familial tant que l'Europe ne s'est pas dotée de frontières dignes de ce nom et d'une politique européenne migratoire?"
Deuxième question, posée le même jour : "Etes-vous d'accord, à l'image de ce que font nos amis britanniques, pour que le ministre de la Sécurité puisse décider de la mise en internement administratif des fichés S les plus dangereux?"
"Je vais rendre la parole à la souveraineté populaire", a lancé l'ancien président. "Donner la parole au peuple, sur des sujets aussi importants, c'est faire le choix de la démocratie", a-t-il souligné.
"Compromission"
Nicolas Sarkozy a par ailleurs implicitement accusé vendredi soir Alain Juppé de "compromission" et de "confusion déloyale" pour avoir invité les électeurs de gauche à participer à la primaire d'investiture présidentielle de la droite et du centre.
L'enjeu de la participation au scrutin des 20 et 27 novembre, pour lequel le maire de Bordeaux part favori, attise l'antagonisme entre les deux hommes, au point qu'Alain Juppé a déclaré jeudi soir sur France 2 que l'ancien président était pris de "panique" face à des sondages défavorables.
La primaire, a-t-il poursuivi, "elle doit être ouverte à tous ceux qui partagent les valeurs de la droite et du centre".
"Si on fait des compromis, des compromissions, si c'est la pagaille, ça conduira à quoi? Quand la gauche et la droite n'assument plus aucune différence, c'est les extrêmes qui en profitent", a-t-il affirmé, citant les récentes élections en Allemagne et en Autriche.
"La confusion, c'est le contraire de la démocratie", a-t-il dit en assurant ne pas vouloir "polémiquer" à l'endroit d'Alain Juppé. "Si on demande à quelqu'un qui partage les valeurs de la gauche d'aller signer un document indiquant qu'il partage les valeurs de la droite et du centre, ça s'appelle de la confusion déloyale", a conclu Nicolas Sarkozy.
L'ancien Premier ministre François Fillon, également candidat à la primaire, est favorable comme Alain Juppé à une consultation la plus ouverte possible.
Avec Reuters
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merci pour les informations
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