Amar Saadani, l’homme des basses besognes
"L'impatience d'un homme et son humeur viennent quelquefois de ce qu'il est resté trop longtemps debout ; ne raisonnez point contre son humeur, mais offrez-lui un siège", avait écrit le philosophe Alain.
Il y a quelque chose d’insensé dans le pitoyable spectacle qu’offrent la cour et l’arrière-cour des tenants de la décision. L’impayable Amar Saadani tire sur tout ce qui bouge. Il entend faire la pluie et le beau temps sous le ciel d’Algérie, distribuant des fléchettes empoisonnées par-ci, des approximations vipérines par-là. L’homme se pique d’être le baromètre des luttes au sommet. Quand il s’agit d’ouvrir le feu sur l’ancien patron du DRS, c’était lui qui est allé au lance-flammes en premier.
La semaine dernière, quelques échotiers avisés se plaignaient de la rentrée "trop sage" de l’inimitable Amar Saadani. Les voilà grassement servis !
Il vient de récidiver après une énigmatique absence de plusieurs mois. A l’heure de la publication d’une loi de finances qui sonne comme un singlant aveu d’échec de la politique menée depuis 17 ans par Abdelaziz Bouteflika et ses serviteurs, cette sortie sonne comme un contrefeu pour brouiller les pistes.
Le procédé a vécu. Rappelons-nous les 19 devenus 14 femmes et hommes qui ont demandé à rencontrer le chef de l’Etat. Pour faire taire ces 14 "ex" de la cour, c’est Amar Saadani qui a été envoyé par le clan leur apporter la "réponse" car leur appel gênait au plus haut point le clan. Abdelaziz Bouteflika n’accordant plus d’audience aux Algériens, il fallait organiser un corridor sanitaire autour de lui. En ce cas, Saadani a joué le pompier en allumant un autre incendie !!!
En prêtre annonçant quelque augure, il repart encore à la charge avec le même agenda pour accuser ces moudjahidine d’être de simples pantins de Mohamed Mediene. Pas seulement, il s’en prend au passage même à la France qu’il accuse de n’avoir pas invité l’Algérie pour une conférence sur la Libye. La belle affaire !!! Le sieur Saadani qui investit sa fortune à Paris et y accourt pour se soigner et passer du bon temps crache dans la soupe.
Plus encore, l’homme tire dans le tas puisqu’il convoque "les officiers de l’Armée française". Re-belle affaire !!! Le langage fleuri, il crâne, le propos assassin : "Il y a les officiers de la France, les moudjahidines de la France, les militants de la France au sein du FLN et il y a les intellectuels de la France". Mais qu'a-t-il fait pour aider Benyoucef Melouk à débusquer les faux moudjahidine ?
Le patron du FLN ne donne pas encore les noms à jeter en proie à la colère populaire. Mais revient à la charge contre ceux qui ont pourtant placé son "excellence" Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Algérie. "Les officiers de la France sont ceux qui ont géré les périodes de transition", accuse-t-il sans sciences ni un quelconque argumentaire. Voilà comment Amar Saadani remercie les anciens tenants de la décision. Que de vanités ! Que de broutilles !
L’homme n’a pas froid aux yeux. L’opprobre, l’insulte, le mensonge et la menace ne le répugnent point. Il plonge sans retenue ses mains dans la fange pour éclabousser, croit-il le naïf, ses adversaires. C’est l’homme des basses besognes. Et il le fait bien, même trop bien parfois.
Amar Saadani est un agitateur du bocal. La manœuvre ça le connaît, il est à bonne école, celle du FLN. L’exemple même. N’a-t-il pas côtoyé pendant de longues années ces personnes qu’il voue aujourd'hui aux gémonies sans broncher ? N’a-t-il pas mangé dans la main de ce "dieu déchu" ?
Autres questions : qui lui a ordonné d’ouvrir le feu ainsi ? Pourquoi maintenant ? Est-ce d'actualité ? Que gagnerait le pays à assister à ces grotesques gesticulations ?
Il n’est, bien entendu, pas question de prendre la défense des individus cibles du porte-voix du clan intronisé accessoirement SG du FLN. Non seulement, ils sont assez outillés pour le faire seuls, mais également, (soit dit en passant) nous n’avons rien à partager avec eux. Car ce qui nous importe ici et maintenant, c’est que font les tenants de la décision de l’Algérie ? A quel avenir la destinent-ils ? Tout le reste n’est que balivernes.
Mais enfin, demain, que restera-t-il du passage de cet homme à la tête du FLN ? De ses sorties médiatiques ? Aura-t-il contribué, à travers des propositions de sortie de crise par exemple, à améliorer la vie des Algériens ? A résorber le chômage, à combattre la corruption et l'évasion fiscale... L’histoire de ce pays se rappellera d’un serviteur aveugle, zélé qui a fait passer ses propres intérêts et ceux de son clan devant ceux de tout un pays.
Fermons vite la porte avant qu’on soit éclaboussé.
Hamid Arab
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