Sid Ahmed Ghozali : « Une question de vie ou de mort » (2)
- De nombreuses personnalités politiques ont adopté la même position : le rejet de la prochaine élection. Y a-t-il une possibilité de voir ces positions se rejoindre ?
- Quand on s’intéresse à la chose publique, l’on se demande d’abord ce qu’on peut faire ? Il faut se poser des questions, c’est une question de civisme. Mais que faire ? Il ne s’agit pas de tomber dans une situation où l’on fait quelque chose pour se mentir à soi-même ou donner aux autres l’impression qu’on fait quelque chose. La politique, c’est l’art du possible. Nous a-t-on demandé notre avis pour changer la Constitution ? Quels moyens avons-nous en main pour empêcher cela ? En d’autres termes, pourquoi j’ai créé un parti si ce n’est pour agir, quand on n’est pas au pouvoir, en allant vers la population pour lui faire reprendre espoir, lui parler de ses problèmes, lui montrer les solutions et songer à l’amener à croire de nouveau à la politique. Lorsque vous avez en face de vous un régime qui vous interdit et qui utilise tous les moyens, la force de l’Etat, la violence de l’Etat, les moyens financiers de l’Etat et la justice de l’Etat, que pouvez-vous faire ? La seule chose possible, c’est ce que nous sommes en train de faire : parler, et encore !, on ne peut le faire qu’à travers certains canaux ; la télévision et la radio nous sont interdites. A entendre ce que dit le gouvernement ou la loi, tout est parfait, il y a la liberté d’expression et il y a la liberté d’association. Pour l’application, c’est le contraire. C’est cela l’Algérie.
- Vous avez parlé, dans une déclaration à notre confrère El Khabar, d’un changement pacifique révolutionnaire. Qu’en est-il exactement ?
- Le contenu de l’article n’est pas aussi simple que le laisse entendre le titre. On m’a demandé, comme à vous, de me prononcer sur le changement. Ce n’est pas une question de personne. Une rumeur court ces jours-ci et elle focalise sur deux choses : tout va mal et c’est la faute de Bouteflika. J’ai dit que le problème n’est pas là. Dans cette affaire, le Président et le changement de la Constitution ne sont que l’arbre qui cache la forêt. A la question de savoir si je suis pour ou contre le changement, j’ai répondu : nous avons besoin d’une révolution tranquille. La révolution tranquille, c’est d’abord un changement de comportement du régime, qui ne nécessite pas de changement constitutionnel. Il suffit d’appliquer la loi, nous avons besoin d’une véritable révolution tranquille pour aller vers un Etat de droit. Nous avons besoin d’un très grand changement, le régime doit changer radicalement.
- Que pensez-vous en fait de la manière avec laquelle sont gérées les affaires du pays ces dernières années ?
- Pourquoi ne parle-t-on que maintenant de la manière d’agir du président ? On ne peut faire de bilan : les chiffres qui proviennent du gouvernement sont manifestement très loin de la réalité. On a entendu un membre du gouvernement dire que l’Algérie a moins de pauvres, que le seuil de pauvreté est inférieur en Algérie en comparaison aux Etats-Unis d’Amérique, que le chômage est à 11%. C’est un chiffre qui est démenti publiquement. On a même entendu dire qu’en Algérie il n’y a pas de chômage, que c’est les gens qui ne veulent pas travailler. Le gouvernement a-t-il déjà un programme pour pouvoir parler de bilan ? Chaque gouvernement passé a précisé que son programme est celui du président. Mais c’est quoi le programme du président ? où est-il ? Nous ne le connaissons pas. Il est vrai que les recettes pétrolières sont importantes, que les réserves ont augmenté, mais est-ce là le résultat d’une politique ? Ce sont des résultats de facteurs qui sont totalement étrangers à l’Algérie. Ce sont les prix du pétrole qui ont augmenté. Et en plus de cela, nous n’avons pas fait usage de cet argent. Nous sommes allés même jusqu’à rembourser de manière anticipée la dette extérieure, donnant l’illusion que nous sommes un pays excédentaire. Nous sommes un faux pays excédentaire. Ne comparons surtout pas l’Algérie au Koweït ou aux Emirats. Le Koweït représente uniquement 600 000 koweitiens, l’équivalent de trois arrondissements d’Alger. Tous les besoins fondamentaux des koweitiens sont largement satisfaits. Mieux, ils ont un million et demi de main-d’œuvre étrangère. Ce pays est effectivement excédentaire. L’excédent est, en fait, ce qui compte quand on a dépensé de ses revenus, ceux dont le pays a besoin pour se développer, ceux dont l’algérien a besoin pour créer de la richesse ou bien pour vivre. Quand nous aurons rempli toutes ces obligations, c’est à cette condition que nous pourrons parler d’excédent. Mettre les revenus du pétrole et les réserves de change dans le bilan, cela n’a pas de sens, car ce n’est pas le résultat d’une politique. C’est le résultat d’un phénomène extérieur ; les prix appliqués à une richesse qui n’a pas été créée par les algériens. L’argent dont dispose le pays n’est pas le signe d’un bilan positif. Au contraire, cela démontre que nous n’avons même pas de politique pour faire usage de cet argent, car s’il y avait un projet national, s’il y avait une politique, et je parle de secteur par secteur, de nos besoins, non seulement 100 ou 150 milliards de dollars ne seraient pas suffisants, mais nous serions obligés d’emprunter autant pour réaliser ce programme. Comme le fait que le plus grand emprunteur du monde sont les Etats-Unis d’Amérique.
- Vous êtes de ceux qui avancent qu’on n’aurait pas dû rembourser par anticipation la dette extérieure...
- C’est absurde, car l’Algérie, compte tenu de ses besoins, ne peut se permettre de se priver des moyens de financer ses besoins. Le gouvernement affiche l’idée qu’il a trop d’argent et il rembourse par anticipation. La dette a tellement été mal présentée que la rembourser signifie gagner son indépendance. C’est faux. Le fait de rembourser de façon anticipée un prêt contracté auprès d’une banque, c’est exactement comme si vous achetiez des chaussures chez quelqu’un et cinq jours plus tard vous lui dites je vous les rends. Le drame, cette situation, nous l’avons déjà vécue dans les années 1980. L’histoire se répète : ce qui se fait actuellement a des racines profondes dans la nature même du régime. Celui-ci n’a pas changé et ses méthodes non plus. Au début des années 1980, le pétrole est passé de 12 dollars à 41 ou 45 dollars. L’équivalent, aujourd’hui, d’à peu près 150 dollars. On s’est mis, en premier, à jeter de l’argent par les fenêtres en achetant des bananes, dans le cadre du fameux Plan anti-pénurie (pap). Et annoncé le remboursement des dettes, soi-disant laissées par Boumediène. Les dettes laissées par Boumediène sont parfaitement connues ; elles étaient évaluées à 16% et ce n’était pas une situation considérée comme catastrophique. Au moment de la crise à l’époque, le premier ministre disait qu’on n’était pas touchés, comme aujourd’hui. Au contraire, l’on disait que nous avons mieux fait que les Etats-Unis d’Amérique. C’est le même processus aujourd’hui. Les prix du pétrole ont augmenté et avec cette crise financière mondiale qui secoue non seulement les plus faibles, mais les plus grands de ce monde, on nous sert le même discours pour dire que cela ne nous touchera pas. C’est inexact : les riches seront un peu moins riches et les plus faibles touchés jusqu’à l’os. Notre pays est l’un de ces pays faibles. Toutes nos recettes proviennent de l’extérieur. C’est tout de même ahurissant d’entendre le ministre de l’Energie dire que nous serons épargnés par la crise et se démentir trois jours plus tard. Le fait que nos recettes se divisent par deux prouve que nous sommes frappés de plein fouet par la crise. Sans oublier les importations qui vont se renchérir. A titre d’exemple, les Etats-Unis ont un marché intérieur pour compenser, le nôtre est presque totalement dépendant de l’extérieur. On ne peut pas dire que l’Algérie est insensible à cette situation. On dépend à 97% de l’extérieur. C’est pour cette raison que l’Algérie ne fait pas partie des vingt pays les plus riches qui sont allés discuter des mesures à prendre pour faire face à la crise. Il y a eu l’Afrique du Sud, mais pas l’Algérie. Pourtant, le président lors de sa campagne de 1999, avait parlé du rétablissement de la place de l’Algérie sur la scène internationale. Il faut rappeler que quand la crise internationale est survenue en 1974, c’est l’Algérie qui a provoqué le sommet de l’ONU. Et quand l’assemblée onusienne avait décidé de créer le dialogue internationale et le rétablissement de l’ordre économique, l’Algérie était parmi 15 pays qui avaient discuté de l’issue de la crise. 30 ans plus tard, vous constatez que la place de l’Algérie a dégringolé sur la scène internationale. Et sa solidité économique a considérablement diminué.
- Pourquoi, à votre avis, avec la manne financière considérable dont elle dispose, l’Algérie n’a-t-elle pas pu relancer l’économie nationale (hors hydrocarbures) ?
- Si l’on n’a pas réussi, ce n’est certainement parce que nous n’avons pas les moyens financiers. Nous en avons. La relance économique, ce n’est pas la rénovation des trottoirs. Bien que ce soit important. La relance économique, c’est d’abord comment renforcer les entreprises, comment créer des entreprises algériennes par milliers, pour qu’elles apprennent à fabriquer avec des mains algériennes, avec un savoir-faire algérien, pour augmenter la richesse. C’est le seul moyen. Nous n’avons pas pu parce que nous n’avons pas la volonté politique de le faire. Pourquoi nous n’avons-nous pas la volonté politique de le faire ? Parce que notre pays, depuis des années – pas seulement depuis l’arrivée de Bouteflika – a connu un dévoiement total de la fonction politique. La raison d’être du pouvoir politique, c’est de s’occuper des problèmes des gens. Il faut que nous exportions du pétrole pour aller plus vite que les autres. Nous sommes le seul pays dont le budget de l’Etat est financé par le pétrole. Même la pomme de terre est financée par le pétrole. C’est un non-sens sur le plan de l’éthique. Il faut trouver une source pérenne de création de richesses. Le gouvernement n’est pas prévoyant. Le politique, chez nous, est trop occupé par le pouvoir politique. La gestion du pouvoir politique est une fin en soi. Il est normal qu’un homme politique consacre un temps à la gestion du pouvoir, mais pas tout le temps. Vous vous rendez compte des problème de l’Algérie ? On dit qu’on a basculé dans l’économie de marché. Nous ne sommes pas dans l’économie de marché. Où sont les entreprises qui ont été créées ? Il y a des milliers de jeunes qui ont tenté de le faire, mais ils se trouvent face à des murs... Connaissez-vous un entrepreneur heureux ? Beaucoup ont essayé, mais la plupart ont échoué. Nous devrions voir se créer dans ce pays 1000 entreprises par jour. Nous sommes dans une situation unique au monde : les pays les plus riches en pétrole ne vivent pas uniquement de cette ressource, même l’Arabie Saoudite ; c’est un pays autonome sur le plan alimentaire, il n’y a qu’à voir le nombre d’autoroutes construites et celui de villes nouvelles aussi. Ce sont des villes à la Houston. Il y a une économie qui s’est formée en dehors du pétrole. Nous, nous continuerons à dépendre du pétrole parce que nous n’avons rien fait pour mobiliser les capacités créatrices de richesses des Algériens. Le gouvernement n’a pas de politique économique. Celui-ci ne fonctionne pas sur le long terme. Pour revenir au début, seules les institutions réelles, pérennes, permettent au pays de fonctionner sur le long terme, en dépassant les hommes.
- Si on suit votre raisonnement, un changement de régime serait une question de vie ou de mort pour le pays...
- Vous pouvez le répéter, le changement du régime est une question de vie ou de mort pour le pays. C’est vraiment une question de vie ou de mort. C’est dur à dire, mais c’est comme cela. Nous n’allons pas réinventer la roue. Quel est le pays qui a progressé, qui a réussi, dans le monde entier, autrement que sur la base des institutions qui dépassent les hommes ? Un fonctionnement sur la base de règles respectées par tout le monde, sur la base du droit. Dans le cas contraire, c’est la jungle.
Par Said Rabia(EW)
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Boutéflika et Ghozali sont dans un bar en Arabie Saoudite, en train de boire un verre de vodka lorsque la police saoudienne les arrête.
La consommation d'alcool est une offense grave en Arabie Saoudite.
Ainsi, ils sont tous les deux condamnés sur le champ à 20 coups de fouet.
Alors qu'ils se préparent à leur punition, le cheik leur annonce:
- C'est l'anniversaire de ma première épouse aujourd'hui, et elle m'a demandé de permettre à chacun de vous d'exaucer un souhait avant d'être fouetté.
Ghozali étant le premier, il réfléchit pendant un moment puis dit:
- S'il vous plaît, attachez un oreiller dans mon dos. Ceci fut fait, mais l'oreiller ne résista qu'à 10 coups de fouet. Quand la punition fut terminée, Ghozali du être emporté en pleurant de douleur.
Vient alors le tour de Boutéflika.
Le cheik se tourne vers lui et dit:
- Vous venez d'un des endroits les plus beaux du monde et vous etes président de l'Algérie. À cause de cela, vous avez le droit à deux souhaits!
Boutéflika lui répond:
- Soyez remerciée, votre très royale Altesse pleine de miséricorde. En reconnaissance de votre bonté, mon premier voeu sera que vous ne me donniez pas 20, mais CENT coups de fouet!
- Non seulement vous êtes un honorable et puissant gentilhomme, mais vous êtes aussi très brave. Si tel est votre souhait, qu'il en soit ainsi. Et quel sera votre second souhait? demanda le Cheik:
- Attachez-moi Ghozali sur le dos.
Le Parrain boutéflika de la Mafia algérienne, découvre qu'il y a dans la "famille" un traître qui a détourné 10millions de dinars. Fou de rage, il charge son adjoint belkacem de découvrir le coupable.
Deux jours plus tard, belkacem a trouvé le coupable. C'est Ghozali, le sourd-muet. Comme belkacem est le seul qui puisse communiquer avec lui par le langage des gestes, Le Parrain boutéflika lui demande de servir d'interprète.
- Comment as-tu pu me trahir, moi, ton parrain! Traduis, belkacem. belkacem traduit, et Ghozali baisse la tête piteusement.
- Maintenant, tu vas me rendre l'argent que tu m'as volé, poursuit le parrain boutéflika. Traduis, belkacem. belkacem traduis, mais Ghozali secoue la tête négativement.
- Si tu ne me rends pas l'argent, je te fais découper en rondelles! hurle Le Parrain boutéflika, fou de rage. Traduis, belkacem.
belkacem traduit, et Ghozali comprend que Le Parrain boutéflika ne plaisante pas. Terrifié, il répond par gestes:
-Les 10millions dollars sont cachés dans une valise, dans le placard de la chambre 26 de l'hôtel mercure, à alger.
- Alors? Qu'est-ce qu'il a dit? demande le parrain boutéflika. belkacem hésite un moment puis répond:
- Il a dit que vous étiez trop trouillard pour mettre votre menace à exécution, parrain.
HIHI