Réponse à Rachid Benyellès: "Seul Zéroual..."
Par : ALI MEBROUKINE *
C’est un réquisitoire implacable, aux accents martiaux, qu’a instruit contre le Président Bouteflika le général à la retraite Rachid Benyellès (ex-SG du MDN et ex-ministre des Transports), dans le quotidien El Watan du 8 novembre 2008, titrant son article «Non à un troisième mandat».
Qui ne souscrirait au pathétique état de lieux (politique, économique, social et culturel) dressé par le général Benyelles, au moment où, paradoxalement, le Trésor public engrange les retombées inespérées de la rente pétrolière, grâce à la plus forte et la plus longue hausse du prix de l’énergie jamais enregistrée dans l’histoire. Qui n’approuverait la dénonciation des errements de la politique algérienne, de la mauvaise gouvernance qui se traduit par une gestion chaotique des ressources inestimables que recèle ce pays, qu’elles soient humaines ou matérielles. Qui ne déplorerait l’indigence des résultats obtenus dans tous les domaines au regard des atouts dont le pays dispose dans un contexte régional apaisé, à l’exception de l’hypothèque sahraouie. L’Algérie possède tous les moyens pour devenir un pays émergent et une puissance régionale. Pourtant, non seulement elle n’en prend pas le chemin mais d’aucuns redoutent qu’elle ne s’enferre dans une dangereuse involution, notamment pour les générations futures. Rachid Benyelles a décliné l’essentiel des maux dont souffre le pays et qui répandent, auprès de l’Algérie laborieuse (celle dont on ne parle pratiquement jamais) un climat de pessimisme proche de la désespérance. Il est cependant à craindre que le brillant exercice auquel s’est livré Rachid Benyelles ne porte à faux sur le point le plus fondamental de son argumentaire, à savoir celui des forces politiques qui dirigent réellement l’Algérie et ce, depuis 1962 et non pas seulement depuis 1999.
A lire attentivement le texte de Rachid Benyelles, le lecteur algérien non averti (mais existe-t-il encore ?) aura le sentiment que depuis 1999, tout procède du Président Bouteflika et de lui seul. A suivre Rachid Benyelles, le président de la République se serait lui-même installé aux commandes de l’Etat en 1999. Il aurait imposé sa candidature pour un deuxième mandat à tout le monde (y compris à l’institution militaire), puis pris les mesures adéquates pour s’assurer plus de 75 % des suffrages, dès le premier tour du scrutin.
Enfin, il aurait décidé, faisant violence au sentiment des populations et la classe politique, rusant autant avec une maladie au pronostic sombre qu’avec son âge, de s’installer, ad vitam aeternam, à la faveur d’une modification de la Constitution, à la tête de l’Etat.
D’abord, les comparaisons que Rachid Benyelles établit entre, d’une part, Abdelaziz Bouteflika, Bimarck, Pierre le Grand ou Houari Boumediène sont assez déplacées en ce sens qu’elles font litière du contexte socio-historique dans lequel ces acteurs ont assumé la destinée de leurs peuples respectifs. Rachid Benyelles cède ici au péché de l’anachronisme qui est rédhibitoire en histoire. Il importe peu en définitive, qu’on ne puisse comparer le président algérien actuel à tel ou tel illustre homme d’Etat étranger ou algérien. Ce qui seul compte est de savoir à quelles conditions un homme politique entre dans l’histoire : en servant l’intérêt général de ses mandants ? En propulsant son pays aux avant-postes de l’économie, du savoir ? En respectant la démocratie et les libertés ? En cédant aux sirènes du populisme et en instrumentalisant les valeurs fondamentales de la société. Depuis décembre 2004, Rachid Benyelles n’est pas intervenu une seule fois sur la scène médiatique pour dénoncer les errements du pouvoir et proposer des solutions aux problèmes concrets des Algériens. Déjà son intrusion massive à l’occasion de l’élection présidentielle de 2004 n’avait eu d’égale que le mutisme dans lequel il s’était réfugié depuis son départ du gouvernement, après les événements d’octobre 1988. Maintes occasions lui avaient pourtant été données de s’apitoyer sur le sort du peuple algérien. Aujourd’hui, celui-ci serait menacé par l’ambition débridée d’un président de la République que des pans entiers de la population ne dépeignent pourtant guère en dictateur autiste.
Ceci dit, si le diagnostic établi par Rachid Benyelles est le bon, Abdelaziz Bouteflika n’a pas le monopole de la responsabilité du marasme dont souffre l’Algérie et de la faillite du système. Il s’en faut de beaucoup. Abdelaziz Bouteflika est revenu aux affaires qu’en 1999. Rachid Benyelles soutiendra-t-il que la situation de l’Algérie était florissante, à ce moment-là ou qu’à tout le moins elle augurait d’une amélioration substantielle, avec un président de la République, Liamine Zeroual, constamment empêché d’agir, alors qu’il avait la légitimité démocratique. Combien Rachid Benyelles se serait-il honoré, s’il avait, en son temps, dénoncé les entraves créées au Président Liamine Zeroual et combien se serait-il grandi s’il avait seulement rappelé que Liamine Zeroual est le seul chef d’un Etat arabe indépendant à avoir été élu démocratiquement et qu’enfin ceux qui l’avaient poussé vers la sortie avaient commis une faute majeure contre la volonté populaire. Abdelaziz Bouteflika est-il le maître d’oeuvre des différents clans et factions qui se disputent la conquête du pouvoir depuis 1962, pour ne pas remonter plus loin dans le temps ? Ou alors que Rachid Benyelles nous dise que le président de la République n’est qu’un chef de clan qui a réussi à avoir barre sur les autres chefs de clans, soit à l’issue d’une épreuve de force soit dans le cadre d’un jeu de concessions réciproques qui s’inscrit dans la plus pure tradition politique algérienne.
Les problèmes de l’Algérie sont d’une redoutable complexité. Ils ne se prêtent pas à une analyse scolastique et formelle faite une fois tous les cinq ans. Ces problèmes constituent un défi à l’imagination et à la volonté de celles et ceux qui aspirent légitimement à exercer un rôle politique majeur dans les sommets de l’Etat et à entraîner d’autres Algériens dans le combat pour la démocratie, la liberté et le développement. D’anciens responsables algériens, on attend davantage que des incursions médiatiques ciblées et dont le tempo aura été soigneusement réglé pour la circonstance. On attend d’eux qu’ils s’impliquent dans la vie politique du pays, en créant des espaces de dialogue et de concertation, qu’ils animent des clubs de réflexion, des sociétés savantes, non pour s’opposer systématiquement au pouvoir en place mais, au contraire, pour lui suggérer les alternatives appropriées. Il ne semble pas que depuis 1988, soit depuis 20 ans et en tout cas depuis le retour de Abdelaziz Bouteflika aux affaires, en avril 1999, Rachid Benyelles ait essayé d’organiser un mouvement citoyen, de s’allier à d’autres forces démocratiques et de réfléchir à l’avenir du pays, indépendamment de la personnalité du président de la République qui n’est après tout qu’un hôte de passage, à l’instar de tous ses prédécesseurs. Seul compte l’avenir du pays et celui des générations futures. Quel héritage celles-ci recevront-elles en dépôt ? A-t-on réfléchi à l’après-pétrole et le prépare-t-on aujourd’hui, alors que son modus operandi avait été décliné, voici près de trente ans, à l’occasion du Congrès extraordinaire du FLN (en juin 1980). Que va devenir notre agriculture ? Quelle stratégie industrielle élaborer au regard des frustes avantages comparatifs que recèle notre économie ? Quel avenir pour l’école dont le constat de sinistre a été dressé 20 ans avant le retour de Bouteflika aux affaires ? Quelles solutions concrètes pour lutter efficacement contre la dégradation de la qualité de l’environnement, la bidonvilisation des grandes agglomérations qui tend à s’accélérer ? Quelle politique d’aménagement du territoire concevoir au moment où près de 25 millions d’Algériens se concentrent sur l’étroite bande côtière du Nord dans laquelle la sismicité potentielle est l’une des plus élevées qui soient ? Tous ces problèmes n’auraient-ils pas dû être débattus bien avant 1999 ? Et en quoi les deux mandats présidentiels ont pu constituer un frein à leur prise en charge par les administrations, les institutions et le mouvement associatif ? Force est de reconnaître que pas une seule initiative n’est jamais venue ni de Rachid Benyelles ni par exemple du SG du RCD dont la curieuse spécialité politique consiste à annoncer, à la veille de chaque élection, l’imminence de l’apocalypse pour l’Algérie entière avant de se réfugier dans un silence assourdissant dans l’attente de la prochaine échéance électorale.
Tentative de diversion
Les mêmes observations valent pour l’ensemble des autres pseudo partis d’opposition, comme l’ANR, le PT, le PRA, etc. qui ne se sont jamais préoccupés, depuis l’entrée en vigueur de la Constitution du 23 février 1989, de créer des écoles de formation, de favoriser l’émergence de think tanks, d’encadrer les générations montantes, de sensibiliser l’opinion publique aux enjeux majeurs de société, encore moins d’élaborer des perspectives pour l’Algérie. Aucun de ces partis ne s’est jamais adressé aux élites intellectuelles algériennes qui ont fait le choix méritoire de rester dans leur pays, en dépit de leur marginalisation et de l’effondrement de leur statut social et symbolique.
L’Algérie est un Etat avec des structures, des organisations, des institutions. Elle a atteint un degré de complexité et d’élaboration tel que sa conduite par un homme seul, fût-il omniscient et omniprésent, est tout simplement impossible. Est-il vraiment utile de rappeler à Rachid Benyelles, qui est un analyste attentif de la réalité algérienne, les principes fondamentaux de la théorie générale des systèmes. L’Algérie est une société globale, c’est-à-dire un pays, une nation, une civilisation. Le système politique algérien est composé de sous-systèmes : l’économique, le politique, les réseaux de socialisation et un ensemble d’institutions. Ces sous-systèmes entretiennent entre eux des rapports complexes et enchevêtrés. Chaque sous-système est en communication permanente avec les autres. La volonté d’un seul homme ne saurait paralyser le fonctionnement de pareille architecture. Plutôt que de braquer le projecteur sur le seul président de la République, fût-il le plus fantasque des autocrates, ses adversaires devraient se concentrer sur le sous-système politique algérien, analyser le concept de pouvoir depuis 1962, si ce n’est depuis 1954 et notamment la structure institutionnelle du politique. Cet exercice éclairerait davantage le débat que tous les procès en sorcellerie instruits contre une seule personne. Et il permettrait de comprendre la mal algérien, si ce n’est contribuer à sa guérison progressive. L’opinion publique algérienne ne saura jamais gré à des tuteurs autoproclamés juste le temps d’une élection de sonner le tocsin après avoir cautionné soit par leur silence soit par leur immobilisme ce qu’ils qualifient eux-mêmes de dérive de l’Etat et de ses institutions. De façon particulière, les attaques stériles et téléguidées du CCDR, les mises en cause ad hominem de la présidente du PT contre des membres passés ou présents du gouvernement dont l’algérianité lui semble suspecte (A. Benachenhou, H. Temmar, Ch. Khelil)-que cela soit vrai ou faux -, ne visent ni plus ni moins qu’à créer la plus grande confusion possible dans un paysage politique déjà passablement illisible.
L’entreprise de Rachid Benyelles procède de cette même tentative de diversion. Faute de pouvoir s’attaquer aux problèmes de fond et faute surtout de désigner les vrais coupables de la faillite (ceux que l’on qualifiera de maîtres des horloges, c’est-à-dire ceux qui gèrent le temps pour leur compte), il est plus facile de focaliser l’attention sur le président de la République.
En signant dans le quotidien français, «Le Monde» du mardi 11 novembre 2008, un article intitulé «Non à la présidence à vie en Algérie», et ce ès qualités d’ancien Secrétaire général du MDN et d’ancien chef d’état-major de la marine militaire, Rachid Benyelles aggrave son cas. La période 1979-1988 n’est pas de celles dont les Algériens gardent le meilleur souvenir. Elle fut emblématique de l’incapacité du pouvoir à apporter quelque solution que ce soit aux problèmes structurels de la société algérienne. C’était l’époque de la fuite en avant, de l’improvisation, de la démagogie et aussi celle bénie des apprentis sorciers de tous bords. La démission de Rachid Benyelles du gouvernement après les événements d’octobre 1988 l’honore à plus d’un titre. Elle ne le dispense pas d’un effort de lucidité rétrospective. L’Algérie de 2008 est encore largement irriguée des impérities caractéristiques de cette époque qui fut dominée par les luttes incessantes entre clans, factions et certaines officines interlopes probablement manipulées de l’étranger. C’était moins l’inaptitude personnelle du président Chadli (que certains observateurs exagéraient) à diriger le pays que la perversion des institutions par des groupes d’intérêt qui est ici en cause. Quoi qu’il en soit, la légalisation du FIS, sa diabolisation ensuite, l’interruption du processus électoral, la démission contrainte de Chadli, l’arrivée de Mohamed Boudiaf, son assassinat quelques mois plus tard, ne sont visiblement pas imputables au président Bouteflika. Que ce dernier ait eu tort ou raison de ne pas se mêler des tribulations de cette période relève d’un autre débat.
«L’Algérie est un pneu increvable»
Sur trois autres points, Rachid Benyelles s’abuse ou nous abuse. C’est à propos de la dégradation de la situation sécuritaire, de la détérioration de la situation des droits de l’homme, enfin de la tiédeur des investisseurs étrangers à l’égard de notre pays.
Personne ne peut sérieusement incriminer le président Bouteflika de favoriser la dégradation du climat sécuritaire ou de ne pas lutter assez pour conjurer le péril terroriste (il a failli en être victime personnellement à plusieurs reprises). On ne peut à la fois se réjouir des décisions prises par A. Bouteflika pour réconcilier les Algériens avec eux-mêmes et lui faire grief des nuisances causées par quelques irrédentistes. Enfin, l’honnêteté intellectuelle commande de ne pas exagérer l’état de la situation sécuritaire en Algérie qui est infiniment meilleure que celle de nombreux pays émergents donnés comme exemples d’entités stables aux investisseurs étrangers (Afrique du Sud, Mexique, Brésil, Indonésie, etc.). S’agissant de l’accueil des investissements étrangers, le Président Bouteflika a déployé de gigantesques efforts, notamment depuis l’étranger, pour encourager l’implantation d’investissements en Algérie. Une réglementation extrêmement libérale (peut-être même trop au regard des faibles risques pris par les investisseurs) a été adoptée qui assure un retour sur investissements maximum garanti aux entreprises étrangères. Si malgré cela, les IDE ne sont pas suffisants à cause d’une administration tatillonne, paperassière et plus encore vénale, le président de la République n’en est pas seul responsable. Cette situation lui a préexisté et tout donne à penser hélas qu’elle lui survivra. Si le général Benyelles possède sa propre expertise en matière de lutte contre la corruption, la criminalité organisée et de grand banditisme, qu’il la propose plutôt que d’en rendre responsable, à titre exclusif, un homme qui ne dispose d’aucun moyen efficace pour moraliser la vie publique. Reste la situation des droits de l’homme. Elle est très contrastée. Ici, il y a restriction sélective de la liberté d’expression, d’opinion et de publication dont ont fait les frais les journalistes d’El Watan, l’irréprochable directeur de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui (grand commis de l’Etat et un des meilleurs écrivains de langue française du monde arabe), et aussi Mohamed Benchicou.
En revanche, l’irréductible opposant au régime algérien, Abdenour Ali Yahia, a pu échapper à la censure du pouvoir et publier un ouvrage peu complaisant à l’endroit de l’institution militaire.
Là, on relève la disparition de la torture et la pratique de l’ensemble des traitements humiliants et dégradants condamnées par les conventions internationales que l’Algérie a ratifiées. En 2008, tout au moins dans les grandes agglomérations, il n’y a plus un seul commissariat de police (grâce au persévérant travail de sensibilisation du colonel Ali Tounsi), un seul local de gendarmerie, un seul centre du DRS (en application des instructions du général de corps d’armée, Mohamed Lamine Mediene) où se pratique encore la torture et autres traitements attentatoires à la dignité du citoyen. Les dépassements constatés sont sévèrement sanctionnés par les tribunaux militaires auprès desquels sont déférés des sous-officiers et des officiers coupables d’avoir recouru à la torture contre des citoyens (lourdes peines de prison et radiation d’office des effectifs de l’ANP). Quelque opinion qu’on ait de cette évolution, force est d’admettre que le citoyen ordinaire qui aurait tort, hélas, trois fois hélas, de s’en remettre aux ONG algériennes des droits de l’homme et aux partis d’opposition pour la prise en charge de ses libertés ne peut que se réjouir des immenses progrès accomplis en ce domaine et qui font progressivement disparaître la peur de l’espace public.
«L’Algérie est un pneu increvable», aimait à répéter le Président Houari Boumediène. La situation de notre pays n’est pas désespérée, si grande que soit la capacité de démobilisation de certains Cassandre qui ont d’autant moins de titres à s’exprimer au nom du peuple algérien qu’ils n’en partagent ni les espérances, ni les inquiétudes, ni les conditions de vie. Les responsables algériens et ceux qui détiennent les leviers de commande ont devant eux 15 ans pour résoudre les plus graves problèmes du pays et permettre à celui-ci de devenir une puissance émergente.
Il faudra accélérer le rythme des réformes, renouveler le personnel dirigeant à tous les niveaux (surtout par la promotion des femmes et des jeunes, à condition qu’ils soient compétents, honnêtes et patriotes), récompenser le mérite, institutionnaliser le rôle de l’armée, à l’instar de la Turquie (ce qui suppose de constitutionnaliser sa place au sein des pouvoirs publics), élargir les espaces de liberté, encourager le développement du vrai mouvement associatif (ce qui suppose, comme le fait actuellement le ministre de l’Intérieur, faire la chasse à toutes les pseudo associations), prioriser la recherche et la formation (l’ex-ambassadeur des EU à Alger, M. Robert Ford, déclarait à chacun de ses interlocuteurs algériens que notre pays comptait le plus riche vivier de compétences humaines du monde arabe en dépit de toutes les meurtrissures que le destin lui avait infligées). Par ailleurs, il faudra se déprendre rapidement de la rente pétrolière, promouvoir le secteur des énergies renouvelables (solaire, éolien et surtout agriculture phoenicicole dans le Sahara qui constitue un modèle futuriste de développement économique) et diversifier l’appareil de production en libérant le monde du travail de tous les obstacles qui hypothéquent la réalisation de dizaines de milliers de projets par an.
Rachid Benyelles appelle de ses vœux la fin de la parenthèse Bouteflika, cependant que le quotidien El Watan présente l’élection de 2009 comme une élection fermée, sans doute plus que celle de 2004. Qu’à cela ne tienne. Toutes les personnes dont le poids politique et/ou médiatique est important et qui ont en commun leur hostilité à Abdelaziz Bouteflika ne manquent pas d’alternative. Pour redresser la situation calamiteuse qu’il a brillamment décrite dans son acte d’accusation contre le président de la République, R. Benyelles conviendra que l’Algérie devra se donner, pour sortir de l’impasse, un chef d’Etat réunissant les aptitudes suivantes :
1. le sens de l’autorité et du commandement ;
2. l’attachement profond aux valeurs de liberté, de démocratie et des droits de l’homme ;
3. l’intégrité morale et intellectuelle ;
4. l’hostilité aux compromissions et l’extériorité au jeu des clans et des factions qui paralyse l’action des pouvoirs publics ;
5. une grande expérience de la gestion des affaires de l’Etat ;
6. l’amour de l’Algérie et de ses enfants, tant il est vrai que s’il n’aime pas son peuple, aucun dirigeant ne peut réussir dans sa mission.
Cet homme est tout désigné. Il s’agit de Liamine Zeroual qui n’aura pas encore 68 ans au moment de l’élection présidentielle de 2009 (pour les francocentristes que compte encore notre pays, le général de Gaulle avait 67 ans lorsqu’il est revenu aux affaires en mai 1958). L’ancien président de la République est en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels. Il a mis à profit ces dix dernières années pour réfléchir aux principales questions du développement, de la sécurité, des relations internationales lisant beaucoup, écoutant beaucoup et s’informant à la meilleure source. 95 % des sous-officiers et officiers de l’ANP admirent et respectent profondément l’ancien commandant des forces terrestres, devenu ministre de la Défense (en juillet 1993) et plus de 85 % des Algériens disent avoir la nostalgie des années Zeroual, alors qu’elles furent pourtant les années les plus rudes pour notre pays depuis l’indépendance. La capacité de travail du Président Zeroual, son intégrité, son intelligence, sa sincérité, l’immensité de sa curiosité intellectuelle et son courage ne peuvent être passés par pertes et profits de l’histoire car aucun homme politique n’aurait pu faire preuve d’autant de stoïcisme durant les années noires du terrorisme, de la crise économique et de l’isolement de l’Algérie que Liamine Zeroual. Et le capital de respect et de considération dont il jouit à l’étranger reste immense alors même que l’ancien chef de l’Etat ne dispose ni de relais ni de réseaux ni d’officines. Mais Liamine Zeroual ne se présentera pas à l’élection présidentielle de 2009 à n’importe quelle condition. Il n’acceptera pas la Constitution révisée du 12 novembre 2008 qui consacre la présidence à vie car il est un partisan résolu de la limitation des mandats et un farouche avocat de l’alternance au pouvoir. Et comme il n’acceptera non plus d’être un trois quarts président, il insistera pour exercer l’intégralité des fonctions de président de la République. De 1994 à 1999, jamais, en aucune circonstance, Liamine Zeroual n’a interféré dans les prérogatives dévolues aux autres corps constitués ; mais à l’inverse, il n’a pas été en mesure d’exercer les siennes conformément à la lettre et à l’esprit de la Constitution révisée de 1996, à cause d’interférences multiples qui ont hypothéqué la réalisation de ses projets pour l’Algérie.
Seul Zéroual...
Si Rachid Benyelles et bien d’autres personnalités politiques redoutent autant qu’ils le prétendent un nouveau mandat de Bouteflika, qu’ils se mobilisent et mobilisent les secteurs de l’opinion qui partagent leur diagnostic de la crise pour appeler à une candidature du démocrate Liamine Zeroual. Celui-ci est déjà créditeur du suffrage universel de 20 mois au titre du premier mandat et de cinq ans au titre du second. En cinq années (2009-2014), Liamine Zeroual peut faire accéder l’Algérie à un stade supérieur de son développement, pour peu qu’il ait la liberté entière de choisir ses collaborateurs civils et militaires et qu’il puisse imposer à une administration souvent rétive sa feuille de route.
Aujourd’hui seul Liamine Zeroual peut provoquer le choc salutaire dont le pays a besoin. Lui seul peut indiquer la voie à suivre pour préparer l’après-pétrole qui ne se fera qu’au prix d’une très importante diversification de l’économie nationale et de la création de pôles d’excellence dans la formation et la recherche. Lui seul peut combattre efficacement la corruption massive qui gangrène la société algérienne au nom des principes qui ont toujours été les siens. Lui seul peut faire jouer à l’institution militaire en la modernisant un rôle qui soit compatible avec l’émergence d’autres forces sociales, politiques et économiques appelées logiquement à bénéficier d’un minimum d’autonomie. Lui seul peur créer les linéaments d’un nouveau pacte social qui passe obligatoirement par la réduction des inégalités sociales, la lutte contre les disparités excessives de revenus et de statuts sociaux qui ne sont fondées ni sur le travail ni sur le mérite.
Lui seul peut briser l’isolement régional de notre pays en normalisant les relations avec notre frère marocain et en jetant les bases d’un nouveau Maghreb dont la construction est un impératif absolu pour les générations à venir. Lui seul peut garantir que les décisions prises par les organes dirigeants du pays sont réellement souveraines et ne sont pas dictées de l’extérieur. Les richesses de la nation constituent le bien de tout le peuple et l’accaparement de la rente par des cercles de décision occultes ne rendant jamais compte à quelque institution de contrôle que ce soit (Cour des comptes, IGF, etc.) accroît sensiblement le malaise de l’Algérie laborieuse provoquant démission, démobilisation et exil des meilleures compétences du pays.
Reste à convaincre Liamine Zeroual dont les rigidités mentales sont connues : officier d’état-major strict et rigoriste, originaire de la tribu des Aït Melloul connue pour son intransigeance morale et le refus des compromis. Il y a aussi la difficulté de rallier à une candidature un homme recru de déceptions et d’épreuves et qui a souvent rencontré au bout du chemin l’ingratitude. Il faut espérer que Rachid Benyelles et bien d’autres personnalités du monde politique, économique scientifique, culturel et médiatique se mobilisent comme un seul homme pour convaincre l’ancien président de la République de se présenter, ne serait-ce que pour un seul mandat, ce qui lui donnera l’occasion, s’il est élu, d’amender à nouveau la Constitution pour y rétablir l’alternance au pouvoir. De la sorte, même s’il est excessif de présenter la nouvelle mandature de Bouteflika comme un grand drame pour l’Algérie (Abdelaziz Bouteflika, faut-il le rappeler, n’est pas le principal facteur de blocage que prétendent ses détracteurs), au moins l’élection présidentielle de 2009 ne sera pas fermée, comme le redoutent la quasi-totalité des observateurs. Le jeu en vaut la chandelle.
* Professeur d’enseignement supérieur
Ancien collaborateur du Président Liamine Zeroual
In Quotidien-Oran
Commentaires (108) | Réagir ?
Je n'est rien contre Zeroual (d'ailleurs nous somme originaire de la même ville) mais arrêté de rêver et de batire une stature à cet homme très incompétent qui révait de remplacer Mohammed Sedoud (Allah Yarahmou) comme président de Peugeaot Algérie (il avait à l'époque supplié le Président de PSA Jean-Martin FOLTZ pour ce poste et qui se retrouve (grâce à des préssion sur la construction de sa villa de Batna) Président de l'Algérie. Ont la forcé à prendre le Min de la Def puis el mouradia et lorsque il a dépassé la ligne rouge ont la démi aprés lui avoir administré 8 paire de gifle (en présence de mon grand père) c'est pour ça qu'il n'aura jamais le courage de se présenter ad vitame etername car il a compris la leçon !!! voila la vérité que vous devez comprendre !!
en est le 23. 08. 2010, boutef est passé avec 90. 36%, excusé moi mon general connaissez-vous la rouina? CELLE qui à permis a hanibale la traversés des alpes, eh bien en algerie ont est pas loin pour recommencés a manger cette rouina, a la fin du petrole incha llah,