La Syrie n'est qu'un enjeu régional pour les grandes puissances !
De prime abord, il est à remarquer que dans ce dossier brûlant de la Syrie, le protagoniste principal n'est autre que le président russe Vladimir Poutine.
Mais pourquoi ? A vrai dire, la conjoncture internationale récente où l'on a assisté au choc subit de plusieurs facteurs politiques, à savoir la crise économique mondiale, les troubles du Printemps arabe, le conflit israélo-palestinien et l’approchement des élections présidentielles américaines a fait en sorte que cet "homme à la poigne de fer" ait imposé facilement ses règles du jeu aux occidentaux. Ainsi s'est-il montré avec son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov d'une grande dextérité tactique, en relançant implicitement le vieux projet "expansionniste" de l'ex-U.R.S.S (dossier de l’Ukraine, l'annexion de l’île de Crimée, guerre civile en Syrie, etc). Bien entendu, ce n'est, au demeurant, un secret pour personne, cet inséparable couple "Poutine-Lavrov" aurait évité de justesse un cataclysme supplémentaire à la Syrie pour deux raisons essentielles. Premièrement, parce qu'il a refusé le bombardement par les puissances alliées, la France en tête, du régime bâassiste de Damas suite à son usage présumé en août 2013 d'armes chimiques contre des populations civiles.
Si, par exemple, cette intervention-là avait eu lieu, le monde aurait, sans doute, déploré l'émergence d'un autre Etat terroriste d'une taille et d'une ampleur autrement plus considérables que le Daesh actuel. Lequel menacera, à son tour, et probablement encore davantage les libertés religieuses, officialisant ainsi le massacre massif des Alaouites (le clan de Al-Assad) et l'exil des chrétiens d'orient vers les pays voisins, en particulier le Liban. La conclusion d'un accord entre Russes et Américains sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien au moment où les alliés étaient résolus pour passer à l'action aurait été, dans ce cas de figure, salutaire. Deuxièmement, parce que les Russes sont intervenus au moment opportun en septembre 2015 pour endiguer l’inévitable avancée des islamistes de Daesh. Ce qui a permis le recul graduel de l'organisation Etat islamique (E.I) et la reprise de l'armée d'Al-Assad, jusqu'alors battue sur le terrain, de ses positions militaires initiales.
Sur ce point-là, on peut affirmer que Poutine a respecté son engagement du départ de réduire le pouvoir de nuisance de l'E.I, tout en envoyant un message politique fort, aisément décryptable, aussi bien aux occidentaux qu'à son allié stratégique de Damas. Il a rappelé aux premiers qu'ils étaient en train de jouer dans son «espace vital» duquel ils devraient être expulsés manu militari. Et, au moment de se retirer de la Syrie, il a implicitement mis en garde le second (Al-Assad) contre tout entêtement à rejeter le dialogue avec les rebelles, le seul moyen, paraît-il, pour espérer une sortie rapide de la crise. Comme s'il lui susurre à l'oreille ceci : «Je suis là à te soutenir mais fais en sorte que tu règles ton problème toi-même sans moi!». Ancien agent du K.G.B (services secrets russes), rompu aux intrigues, aux suspens et aux coups de force, Poutine apparaît là on l'attend le moins et disparaît là où tout le monde pense qu'il allait agir! Tacticien, il tape fort quand il le faut au point de fasciner même ses propres ennemis, comme d'ailleurs ce républicain fantasque «Donald Trump» qui ne tarit jamais d'éloges pour lui! Quoique, encore faudrait-il le souligner ici, certains analystes minimisent ses qualités, estimant que l'homme fort de Moscou ne fait que poursuivre la politique russe initiée par les tsars depuis le XVIII siècle. Laquelle consiste à conquérir coûte que coûte des ouvertures navales un peu partout dans le monde (la quête des eaux chaudes). C'est pourquoi, la base militaire maritime de Tartous, l'unique que possède, du reste, le Kremlin en Méditerranée, est perçue comme le facteur déterminant de son engagement pérenne en Syrie. Mais au-delà de toutes ces données, quel est le destin réservé à ce joyau de l'Orient qu'est la Syrie? Incontestablement, mort, gâchis, misère, chaos, exil! Et pourtant, cette nation-là aurait, pour rappel, enregistré entre 2000 et 2008, une embellie financière des plus extraordinaires ayant été favorisée par l'ouverture du pays aux technologies de l'information et de la communication, le tourisme et la libéralisation partielle de son économie. Il se trouve, malheureusement, que les inégalités et la mauvaise répartition des richesses ont engendré de la frustration et du ressentiment chez les classes moyennes (en particulier les couches populaires sunnites). Une prospérité qui a été également stoppée par une période sévère de sécheresse ayant commencé en 2006. Ce qui a accéléré l'exode rural vers les villes, la montée de la colère et le retour en force de l'islamisme. La suite, on la connaît tous, hiver arabe oblige.
Bref, le recentrage russe au Moyen-Orient n'est pas fortuit. Il se confronte, en plus de cette faiblesse chronique de la Syrie et son dépeçage éhonté, aux contradictions françaises et à la passivité relative des Américains. Très impopulaire à l'intérieur de son pays, François Hollande s'est, semble-t-il, fourvoyé dans une cécité diplomatique incompréhensible à l'extérieur. En octobre 2012 à titre d'exemple, les forces françaises ont violé l'embargo international sur les armes, en livrant de la munition et du matériel militaire pour les rebelles syriens. Erreur très grave! D'autant que cet arsenal-là a fini aux mains de Daesh, lequel aurait financé, plus tard, les attentats djihadistes en métropole. De même, l’Hexagone a dû fermer, en avril 2013, le siège de son ambassade à Damas, croyant naïvement à la chute imminente du régime bâassiste. Encore un faux pronostic et une grosse bourde de la part de l’Élysée. Conséquence: toutes les portes à même de mener à une médiation française dans le conflit syrien ont été bloquées. Et le comble, en cette même année 2013, François Hollande a subi, en chef de guerre, un double revers diplomatique. N’ayant pas, vraisemblablement, vu le coup fatal venir de son propre camp lorsqu'il s'est mis à battre le rappel des troupes pour une intervention musclée anti-Assad, il aurait mal digéré le désistement d'Obama à la dernière minute. Celui-ci, davantage tourné à la région de l'Asie-pacifique, aurait négligé le Moyen-Orient depuis son fameux discours du Caire de 2009, du moins sur le plan militaire. En effet, le retrait américain de l'Irak en 2010 a déjà été vu par de nombreux connaisseurs comme trop précipité et, peut-être même, à l'origine de la montée en force de cette nébuleuse de l'Etat Islamique. De toute façon, la volte-face de la maison blanche a sérieusement terni l'image de F. Hollande à l'intérieur et l'a relativement rabaissé à l'international, notamment aux yeux des autres nations européennes. En optant pour des choix précipités et unilatéraux, la France s'est, de toute évidence, laissée effacer graduellement de la scène, perdant aussi bien son poids historique que géostratégique au Moyen-Orient en général et, plus particulièrement, en Syrie. Pour preuve, en 2015, une première dans les annales, elle n'était pas invitée à «la Conférence de Genève sur la Syrie» alors qu'elle fut de par le passé la puissance mandataire sur ce pays-là jusqu'en 1946! Pourquoi la France a-t-elle reculé? La réponse est, sans aucun doute, dans l'autre versant du miroir, c'est-à-dire, le charisme, la sagacité et l'interventionnisme raisonné de V. Poutine qui se pose en interlocuteur incontournable face aux Américains.
Par ailleurs, on peut bien constater rétrospectivement, comme dans le cas de la Syrie actuelle qui recourt souvent aux Russes, que le Arabes n'ont jamais été autonomes, c'est-à-dire qu'ils n'ont jamais pu se débarrasser des puissances colonisatrices ou mandataires que par le recours à d'autres puissances. En voulant sortir du giron ottoman pendant la première guerre mondiale (1914-1918), ils ont fait appel aux Anglais et aux Français. En 1941, ils ont sollicité l'aide des Italiens et des Allemands pour se sauver de ces mêmes Anglais et Français, terrible! Et puis, enfin, au lendemain de la seconde guerre mondiale (1939-1945), la majorité d'entre eux se sont alliés soit avec les Russes, soit avec les Américains, échouant dans leur tentative désespérée de constituer un bloc à part. Mais pourquoi ces Arabes-là comptent-ils toujours sur les autres? Est-ce un caractère historique, anthropologique, héréditaire ou simplement dû à la défaite de leurs élites et de leurs politiques? On n'en sait rien à vrai dire. Reste, pour en revenir au sujet, ce mystérieux Erdogan qui n'y est pas allé de main-morte. Son chantage à l'Union Européenne sur la question des migrants dévoile une partie de ses cartes dans ce jeu de Poker moyen-oriental. En difficulté économique, la Turquie se recycle à son avantage dans cette crise syrienne. Et voyant que son pouvoir s'érode face à la contestation populaire grandissante, Erdogan, très calculateur, essaie d'asseoir son autoritarisme à la faveur du coup d'Etat manqué du mois de juillet dernier et aussi par ses tentatives répétées de changer la constitution pour consacrer la présidentialisation du régime. Du coup, deux pistes ou «avantages» s'ouvrent à lui. Premièrement, il lui sera facile de venir à bout, tant que la société turque s'islamise de plus en plus, de son opposition kurde et alevi afin de pousser, dans un premier temps, ces minorités résistantes à l'exil, puis, repeupler les zones qu'elles ont abandonnées par les masses de réfugiés syriens.
Le second avantage étant que, politiquement éliminée, l'armée turque, du reste mal vue de la part des chancelleries occidentales à cause de son penchant immodéré pour les pronunciamientos et les coups de force, ne peut jamais ressurgir de nouveau en tant qu'interlocutrice ou représentante officielle de la volonté populaire. En plus, affaiblis par le soutien actif des Américains à Erdogan, les militaires turcs ne trouvent guère grâce aux yeux de la société civile, les masses populaires, les médias, etc. Ces derniers voient en eux, la fausse incarnation du Kémalisme ou de la laïcité, sinon, le vrai visage de la corruption et des magouilles.
Encore un coup gagnant pour Erdogan. Ce dernier, après avoir marginalisé Abdullah Gül, son rival du parti de la justice et du développement et réduit au silence la confrérie de Fethullah Gülen, s'apprête maintenant à la dernière étape : "le forcing syrien". Mais là, il s'est rétracté par rapport à ses premières positions radicalement anti-Assad ! Récemment encore, soit le 10 juillet dernier, son Premier ministre aurait souhaité une normalisation de l'axe Ankara-Damas-Moscou. Le gouvernement turc s'est même fendu d'une lettre d'excuses au Kremlin pour l'avion russe abattu le 24 novembre 2015 par les forces turques à la frontière turco-syrienne. Va-t-on vers une alliance du type : Damas-Ankara-Téhéran-Moscou ? Ou ce n'est que de l'union conjoncturelle rien que pour déranger les Occidentaux, très critiques envers les mesures que Erdogan aurait prises contre ses comploteurs ? Et la Syrie dans tout ça ?
Sortira-t-elle du piège tendu par les grandes puissances ou en restera-t-elle, pour longtemps l'enjeu, sinon la proie ? Wait and see.
Kamal Guerroua
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Syrie : Foyer de la lutte contre le terrorisme ou foyer d’une confrontation militaire mondiale
Mohamed EL BACHIR
25 ans après l’effondrement de l’Union Soviétique, il est évident, aujourd’hui, que cet
événement, loin d’apporter sécurité et démocratie comme le prétendaient les puissances occidentales, a inscrit l’humanité dans un 21° siècle de guerres régionales d’un nouveau type. Des guerres dont la caractéristique principale est la remise en cause de l’intégrité territoriale des Etats souverains. Les exemples ne manquent pas:Somalie, Yougoslavie, Irak, Syrie, Libye, Géorgie, Ukraine... En Chine, avec les velléités séparatistes des musulmans du Xin Jang...
Sous couvert de Droits de l’homme et de ’’Responsabilité de protéger’’, « l’Occident oublie que les droits de l’homme, dans le contexte des sociétés multinationales d’Europe centre-orientale, signifient en réalité les droits des communautés ethno-nationales. » (1) Pour préciser sa pensée, Sergio Romano, ancien Ambassadeur d’Italie à Moscou ajoute : « il croit défendre la démocratie et il souffle involontairement le vent du nationalisme. » (1)
Si un tel propos a le mérite de souligner la responsabilité des puissances occidentales dans la déstabilisation du monde, l’ Ambassadeur l’atténue en jugeant que les conséquences désastreuses sont à mettre au compte de l’ « Oubli » ou de la méconnaissance ou mieux encore, ils ont été crée « involontairement ». En somme, des dommages collatéraux diplomatiques des Droits de l’Homme. Puisque c’est l’Axe du ’’Bien’’ qui agît, il ne peut en être autrement.
Pourtant la réalité est tout autre, le 20° siècle finissant avec la mort de l’U. R. S. S, a accouché d’un 21°siècle sous le signe de l’Impérialo-sionisme planétaire. La décomposition de la Yougoslavie pour affaiblir l’Europe orthodoxe, autrement dit la Russie, est devenue un cas d’école de cette nouvelle stratégie. Pour faire court, l’ambition de Impérialisme-sionisme est d’être maître, sans partage, de la mondialisation économique sous le règne du néo-libéralisme. Une telle domination n’est possible qu’à trois conditions.
1°) Détruire ou affaiblir les Etats-Nations, susceptibles de prétendre à la souveraineté pleine et entière, synonyme d’émancipation.
2°) Main mise sur les ressources des sous sols dont les hydrocarbures.
3°) Contenir les puissances régionales ou mondiales comme la Chine, la Russie ou l’Iran.
S’agissant de l’ émancipation des peuples, il faut noter qu’ elle ne peut être réelle, que si elle s’inscrit dans un rythme qu’impose le passé et c’est aux femmes et aux hommes qui portent ce passé de le libérer des ignorances et des traditions rétrogrades. C’est un long et difficile chemin qui ne peut-être construit sous les bombes comme le prétendaient et continuent de le prétendre les démocrates occidentaux tels les Bernard Kouchner, les BHL... Qui voulaient libérer la femme afghane de sa burka... Résultat : les ’’Talibans’’ n’ont pas disparu et la burka se vend à Paris.
Avec un bras économique et financier, en l’occurrence la Banque Mondiale et le FMI, et un bras militaire, l’Otan, la mondialisation néo-libérale, afin d’étendre le marché libre sans entraves, a besoin d’une humanité ’’tribalisée’’ sur des bases ethniques ou religieuses sous la houlette d’ Etats réduits à la gestion du temps présent. Et nul besoin d’être expert pour constater que les zones de conflits sont des zones qui abritent des sous sols riches en ressources dont les hydrocarbures.
C’est ce qui fait de l’Eurasie, ’’l’Etranger proche’’ de la Russie, du Moyen-orient, en allant jusqu’au Xin Jang chinois, la ’’route de la soie du 21° siècle’’.
C’est dire que les balivernes démocratiques occidentales, comme, hier, les missions civilisatrices, ne sont que pure hypocrisie. L’enjeu n’est nullement le bien être et l’émancipation des peuples mais bel et bien leurs soumission sous le règne idéologique et économique du capital financier.
En ce sens, la naissance des Bricks, (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud et récemment l’Iran) est une sorte de virus dans le logiciel de cette mondialisation néo-libérale. Un bloc d’Etats-Nations dont la souveraineté politique et économique est la caractéristique principale et qui s’oppose ainsi à une géopolitique impériale avec la complicité de vassaux régionaux. Des vassaux dont l’existence est suspendue à leurs utilités financières et idéologiques du moment.
Au Moyen-orient, cela se traduit par une confrontation mondiale qui ne dit pas son nom. L’ Irak, la Syrie et le Yémen en sont les foyers centraux.
L’avenir des peuples arabes passe par Damas
Dans cette confrontation, il est nécessaire de décrire, modestement et succintement, les forces en présence et leurs buts politiques ?
1°) l’Etat souverain Syrien. Sous couvert de ’’printemps arabe’’, les Monarchies wahhabites et leur maître états-unien ont armé et financé des organisations pour abattre cet Etat, comme ce fut le cas en Libye. Isoler la Syrie de l’Iran, quitte à la morceler. Mais en fait dès 2006, Etat syrien et Hezbollah, alliés indéfectibles de l’Iran, étaient les cibles toutes désignées des Etats-Unis, d’Israël et de l’Arabie saoudite. (2)
2°) L’Iran. La première ’’faute’’ de cet Etat n’est nullement d’être chiite mais de défendre l’intégrité et la souveraineté régionale, libérée de l’emprise impérialo-sioniste. (3)
3°) L’Irak. Pays, victime de deux guerres de destruction sous la direction des Etats-Unis, bénies et financées, entre autre, par l’Arabie Saoudite. Deux guerres qui ont ramené l’Irak, le plus développé à l’époque du monde arabe, à ’’l’ère pré-industrielle’’.
4°) Le Hezbollah. La Résistance libanaise, toutes confessions confondues, incarne la résistance face aux agressions et aux visées régionales de l’Etat d’Israël.
Et enfin, depuis le 30 septembre 2015, consciente que la sécurité et l’indépendance de son ’’Etranger proche’’se joue au Moyen-Orient, la Russie a intégré de manière directe la zone de confrontation.
Elle complète l’Axe Téhéran, Bagdad, Damas et Hezbollah. Le but politique de cette Alliance, en ajoutant la Chine, est clair : la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la souveraineté de l’Irak, de la Syrie et du Liban. D’où la lutte sans complaisance contre les organisations terroristes : l’Organisation de l’Etat islamique (l’OIE ou Daech), le Front El Nosra et leurs satellites, des ’’modérés’’ aux yeux des occidentaux.
A cet Axe de Défense de l’Intégrité et de la Souveraineté du Moyen-Orient s’oppose l’Axe du ’’Bien’’, constitué par les puissances occidentales et entouré de la Turquie, des Monarchies wahhabites et en arrière plan, d’Israël. Un véritable ’’Club de pyromanes’’ : Conglomérat de forces militaires et financières dont les enjeux géopolitiques sont à géométrie variable. Ils ont un point commun : le néo-libéralisme avec son marché libre et sans entrave.
En voici une liste incomplète de ce Club.
1°) Le Président du Club : les Etats-Unis.
Les documents déclassifiés de la C. I. A et les déclarations d’anciens responsables politiques et militaires états-uniens ont levé tout doute sur l’implication directe des Etats-Unis dans la fabrication d’ organisations à des fins de déstabilisation, voire de dislocation, des Etats : Afghanistan et El Qaïda, l’Irak et les deux guerres du Golfe avec en prime la création de l’OIE, la Syrie et le Front El Nosra, filiale d’El Qaïda et ses satellites ’’fréquentables’’, la Libye, une autre Somalie, le Soudan, le Nigéria...
Mais pour mettre en œuvre un tel chaos créateur, le Chef suprême a besoin d’un serviteur hors norme, lié par le Pacte du Quincy (4). Un pacte qu’il n’a pas oublié de renouveler en 2005.
2°) Les vassaux : les Monarchies wahhabites.
Pétrole et Gaz, Argent et une idéologie, à savoir le wahhabisme, sont les trois armes qui, bien combinées, ont permis aux Etats-Unis, à l’Angleterre et à Israël, de mettre en pratique le fameux ’Chaos créateur. Mais on ne dit jamais assez que le financier et idéologue des organisations terroristes est également un déstabilisateur culturel et social des sociétés arabo- sunnites du Machrek au Maghreb. Car pour combattre un chiisme, somme toute, réformateur, il fallait bien un sunnisme réactionnaire, en l’espèce, le Wahhabisme. C’est pour toutes ses raisons que les Monarchies wahhabites ont été et demeurent les alliés intouchables des puissances occidentales... Jusqu’à quand ?
3°) Le ’’Nouveau Sultanat’’ : la Turquie.
Depuis que la Turquie a été rejeté par l’Europe, le frère musulman Erdogan, membre de l’Otan, a misé sur un changement de cap. Un retour aux sources en quelque sorte : construire une Turquie ottomane sur les cendres de la Syrie et du démantèlement de l’Irak, tout en empêchant l’émergence d’un Kurdistan indépendant. Pour arriver à ses fins, le nouveau ’’Sultan’’ est au centre d’un cartel militaire et financier allant de l’Arabie saoudite à Israël en passant par Daech. Un cartel qui relègue le devenir du peuple palestinien à une question subsidiaire.
4°) Un cheval de Troie au Moyen-Orient ? L’Etat français.
« Nos politiques militantes, européistes et moralisatrices ont entraîné le chaos moyen-oriental de l’Irak à la Syrie en passant par les autres pays. » (5) C’est ainsi que l’ancien juge anti-terroriste, le député A. Marsaud, définit sans langue de bois, la géopolitique occidentale et française, en particulier. Et il ajoute avec un brin d’optimisme, « nous assistons à une recomposition de la ligne de conduite de la diplomatie française, qui comprend aujourd’hui qu’elle s’est fourvoyé dans sa politique syrienne ». Ainsi l’Etat français porte une lourde responsabilité, dans l’extension du terrorisme, ’’fréquentable’’à ses yeux ! Et si on ajoute l’épisode de « la taupe du quai d’Orsay » pendant les négociations sur le nucléaire iranien, on imagine sans peine que l’Etat français doit faire beaucoup plus pour convaincre, l’Iran et la Russie, de la réalité de son « changement de ligne de conduite ». En effet, l’Iran n’a pas tardé à manifester sa méfiance en des termes crus : « la France doit prouver qu’elle est sérieuse dans la lutte contre le terrorisme. » (6) Et il faut faire un vrai effort politique pour persuader le Président Poutine du sérieux de cette nouvelle conduite car il est conscient que « les années qui arrivent seront déterminantes pour les prochaines décennies du destin de la Russie. » (7)
5°) L’électron libre : l’Etat d’Israël.
Il annexe, occupe et réprime le peuple palestinien et bombarde où bon lui semble sans autre forme de procès. A l’occasion, il aide le Front El Nosra et l’Armée syrienne Libre (ASL). Par ailleurs, cet Etat participe à une guerre illégale au Yémen au côté d’une coalition américano- saoudienne et soutenue tacitement par Paris. Ainsi le Moyen-Orient est devenu le lieu de convergence d’une confrontation mondiale entre deux Axes, à savoir, l’Axe de l’Intégrité et de la Souveraineté des Nations et l’Axe du Chaos... Un chaos à l’image de l’hétérogénéité des Etats qui le constituent.
Vers une solution politique ou nouvelle phase militaire ?
Au lendemain de l’intervention russe en Syrie, le Ministre des Affaires étrangères qatari, Khaled Ben Mohamed al- Atiyyah déclara à CNN qu ’« aucun effort avec les Saoudiens et le Turcs ne sera épargné, au cas où l‘intervention militaire protégera le peuple syrien. » (8) L’Arabie saoudite vient de concrétiser ses propos par la création d’une coalition militaire terrestre pour intervenir en Syrie. Cependant cette ’’armée ’’ ne tient compte ni de l’armée syrienne ni de la résistance iranienne et encore moins du Hezbollah puisque la Jordanie a voulu l’inscrire comme faisant partie des organisations terroristes à combattre en Syrie. Au même moment, Washington a pris de nouvelles mesures contre la Résistance libanaise. Evidemment, toutes ses préparations militaires se font avec la bénédiction de l’Union Internationale des Oulémas musulmans sous contrôle saoudien qui a appelé à « refuser l’intervention russe en Syrie en apportant un soutien moral, politique et militaire à la révolution du peuple syrien. » (9)
Parallèlement, les Etats-Unis, tout en affirmant qu’il n’ont pas été mis au courant de l’ initiative saoudienne, ont envoyé, courant décembre, 200 soldats en Irak où se trouvent déjà un contingent turc aux alentours de Moussoul. Pour compléter ces préparatifs militaires, il faut rappeler que, d’une part, la Bulgarie, membre de l’ Otan, a été la source d’alimentation de l’OIE en armes et matériels militaires, via l’Arabie saoudite et d’autre part, des ’’erreurs calculées’’ de bombardement américain sur l’armée irakienne près de Falloujah ont été commises. A partir de ces données, on conclut qu’en Irak et en Syrie, Etats-Unis et alliés régionaux mènent, pour le moins, un double jeu dont les conséquences risquent de rendre la Résolution onusienne du 18 décembre 2015, déjà fragile, un vœu pieux. Ceci d’autant plus qu’ on ne peut pas faire abstraction d’une grande inconnue, à savoir, l’attitude de l’Etat d’Israël. A commencer par l’attitude de son armée face à la réponse militaire à venir du Hezbollah, (Communiqué N°2), suite à l’assassinat du célèbre combattant, Samir Kantar. Sur ce point, il n’est pas anodin de souligner que cet assassinat perpétré par l’Etat d’Israël, fut endossé, contre toute évidence, par l’Armée Syrienne Libre (ASL).
D’où l’ interrogation suivante : cette Résolution onusienne est-elle l’expression d’une véritable volonté internationale pour apporter une solution politique respectant la souveraineté syrienne ou n’est-elle qu’une gesticulation diplomatique masquant la mise en place d’une nouvelle phase dans cette confrontation mondiale qui ne dit pas son nom ?
Pendant ce temps, l’ Etat d’Israël...
M El Bachir