Procès en appel de Slimane Bouhafs : les avocats pointent les vices de procédure
Le verdict du procès en appel de Slimane Bouhafs sera connu mardi prochain.
Il y avait du monde mardi matin à la cour de Sétif en prévision du procès en appel de Slimane Bouhafs condamné à cinq de prison pour "atteinte à l’islam et au prophète" à travers ses publications sur facebook (article 144 bis 2).
Bien que l'audience soit publique, "on a voulu empêcher les gens venus assister au procès", nous a confié un militant des droits de l’homme. Il y avait une quinzaine de personnes, citoyens et militants venus soutenir Slimane Bouhafs. Dans leurs plaidoiries, les avocats Salah Dabouz et Sofiane Ikken ont démantelé point par point les nombreuses anomalies qui ont entaché le procès en première instance. Exemple ? Arrêté à 15h30 et jugé le même jour sans même la présence d'un avocat, le prévenu Bouhafs est condamné à 5 ans de prison ferme, la peine maximale et une amende de 100 000 dinars. Les avocats ont insisté, dans leurs plaidoiries, sur le fait qu'il était ancien policier et les atrocités qu'il a vues pendant la décennie noire commises au nom de l'islam l'ont poussé à devenir chrétien et à dénoncer l'islamisme politique. Ladéfense a insisté sur le fait que les charges retenues contre lui ne tiennent pas puisqu'il n'y a aucun élément crédible justifiant la peine prononcée contre lui.
Chrétien et militant du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, Slimane Bouhafs pourrait avoir été condamné pour ses positions politiques, estime la défense.
Il faut rappeler que les deux ONG Amnesty international et Front Line defenders ont demandé la libération de Slimane Bouhafs. Le verdict sera rendu mardi prochain.
Le commentaire de l’avocat Salah Debouz
"Slimane Bouhafs est accusé d’avoir publié des documents qui portent atteinte au prophète et à la religion. Ce qui nous a scandalisé c’est que Slimane a été interpelé le 31 juillet à 15h30 et présenté devant le procureur et jugé en quelques heures. C’est unique dans les annales judiciaires dans le monde. C’est scandaleux. La procédure utilisée est celle du flagrant délit alors que les faits remontent à 2014 et 2015, donc il n’a pas bénéficié de toutes les garanties ; ses droits à la défense ont été bafoués. Au cours de l’audience de première instance, il ne pensait pas qu’il était jugé, il ignorait tout. Une semaine après il était étonné d’entendre un verdict sans jugement, il a écopé de la peine maximale soit 5 ans et 100 000 da. Aujourd’hui, on a sensibilisé la cour de Sétif sur les violations de la procédure, sachant que rien n’a été respecté, on a attiré l’attention de la cour il faut au moins une instruction pour comprendre dans quelle condition le parquet a engagé des poursuites contre Bouhafs Slimane
Nous avons demandé que la cour prononce la nullité du jugement et l’acquittement de Slimane Bouhafs Slimane, il a aidé ses parents à faire le pèlerinage à la Mecque et sa femme est musulmane et il la respecte. Il n’est pas logique à partir de là on ne peut le condamner pour atteinte à la religion. Ensuite, le parquet l'a condamné non pas jugé Slimane pour des documents qu’il a reçus mais qu’il n’a pas partagés.
Je pense que Bouhafs Slimane a été jugé, pour une grande part, par ses adversaires politiques. Aussi, je souhaite sincèrement que la cour annule le jugement et ait le courage de prononcer l’acquittement de Slimane Bouhafs."
Sofiane Ayache
Lire aussi : http://www.lematindz.net/news/21450-accuse-datteinte-a-la-foi-musulmane-slimane-bouhafs-arrete-a-setif.html
Commentaires (7) | Réagir ?
"l'hérésie" dans une société minée et régie par le dogme est un acte de résistance. je soutiens le combat de Slimane Bouhafs. Le déclin de ce dogme est amorcé de manière indubitable et irréversible. tic-tac tic-tac.....
ouach idir el miat fi yad el ghessal!!!!!!!!!