Jean-Pierre Chevènement joue l'apaisement sur le burkini
Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la tête de la fondation pour les oeuvres de l'islam de France, a estimé mardi que les arrêtés anti-burkini, pris par trois villes du sud de la France, pouvaient être légitimes en cas de trouble à l'ordre public.
Alors que la presse étrangère plaisante et s'interroge sur ces arrêts antiburkini, en France, on continue à se déchirer entre les pro et les anti. Jean-Pierre Chevènement qui lorgne désormais la fondation sur l'islam français multiplie les sorties médiatiques. "Les gens sont libres de prendre leur bain costumé ou non, il y en a même qui le prennent entièrement nus", a déclaré sur Europe 1 l'ancien ministre de l'Intérieur qui s'est dit prêt à diriger l'institution dont l'objectif est de lever des fonds pour le financement des lieux de culte musulmans.
"Ma position, c'est la liberté sauf nécessité d'ordre public et je pense que quand il y a des possibilités de heurts comme il a pu s'en produire à Sisco, en Corse, le maire de Sisco comme le maire de Cannes sont fondés à prendre des arrêtés, ça fait partie des pouvoirs des maires qui sont chargés d'assurer la tranquillité publique", a-t-il ajouté.
Le maire socialiste de Sisco a annoncé lundi avoir pris un arrêté interdisant le "burkini" sur les plages de sa commune après des heurts samedi, attribués à un différend sur le port de ce vêtement de bain pour femmes musulmanes. Les maires Les Républicains de Cannes et de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) avaient pris des arrêtés similaires. "Il ne faut pas flatter les communautarismes, les exaspérer pour les dresser les uns contre les autres, je pense qu'il faut dans la société française plus d'amitié civique", a dit Jean-Pierre Chevènement.
Dans l'équipe gouvernementale, on s'alligne sur la voix officielle. Dans une interview au Parisien, la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, émet pour sa part des doutes sur l'efficacité des arrêtés anti-burkini et met en garde contre toute "surenchère".
Le burkini ose-t-elle, courageusement, "est le symbole d'un projet politique hostile à la mixité et à l'émancipation des femmes", souligne-t-elle. Mais il y a "une escalade dans les provocations et une surenchère dans la façon d'y répondre. C'est aux maires d'apprécier les éventuels troubles à l'ordre public. Et de le faire dans le respect du droit".
"L'efficacité c'est de rappeler les règles de mixité et d'égalité femmes-hommes", ajoute-t-elle. "Quand des arrêtés municipaux invoquent le contexte terroriste, cela n'apporte rien. Procéder par amalgame n'est jamais utile".
L'interdiction du burkini a été dénoncée la semaine dernière par plusieurs associations, notamment La Ligue des droits de l'homme ou encore SOS Racisme qui y a vu une "stratégie de la tension".
Avec Reuters
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