Un livre d'un Américain accuse Yacef Saâdi d'avoir livré Ali la Pointe
C'est un gros pavé qu'a lancé le journaliste franco-américain Ted Morgan dans son livre témoignage «Ma Bataille d’Alger » qui vient d’être traduit de l’anglais vers le français. et dont des extraits ont été publiés ce jeudi dans le quotidien français Libération.
Dans son livre, l’auteur décrit, entre autres, la manière dont Yacef Saâdi, livra la cachette de son adjoint Ali la Pointe et Hassiba Ben Bouali.
«J’avais 23 ans : l’Algérie m’a fait découvrir la guerre, la mort, la torture, la trahison et le double jeu», écrit-il dans Ma Bataille d’Alger, sorti en 2006 aux Etats-Unis et traduit seulement aujourd’hui en français. "Un témoignage publié au soir de sa vie, écrit Libération. Comme pour tourner définitivement la page sur cette période qui aura conduit ce garçon issu de la vieille noblesse française à renoncer à sa nationalité française et à son nom pour adopter celui de Ted Morgan. Longtemps l’auteur a refusé que son livre soit traduit. Loin du livre de souvenirs ou du témoignage, Ma Bataille d’Alger est avant tout un formidable reportage où le narrateur est aussi un acteur du drame, mais sans jamais se départir de cette distance qui vaudra le prix Pulitzer à Ted Morgan en 1961 pour un reportage aux Etats-Unis. Les écrits, les films sur cette bataille qui se déroula pour l’essentiel dans les ruelles de la Casbah d’Alger afin de démanteler les réseaux terroristes du FLN, ne manquent pas. Mais aucun ne mêle avec une telle intensité l’intime, le quotidien d’un appelé du contingent, avec la mise à plat des faits, des événements et le rappel du contexte historique.
Sans excuser les uns ou condamner les autres, sans parti pris mais avec un réalisme glaçant, Ted Morgan démonte les rouages du mécanisme sanglant qui conduisit les membres du FLN à mener, pour la première fois, la guerre du terrorisme urbain, et les paras de l’armée française, missionnés par le commandement politique, à remplir le rôle d’auxiliaires de police et à user de la torture. Parce qu’il était déjà américain, même sous l’uniforme français, Ted Morgan ne passe rien sous silence. Ni les exactions de l’armée française ni celles du FLN. Et surtout pas les siennes. Ted Morgan raconte - comme il raconte les jours passés à crapahuter arme au poing - comment il a commis un crime de guerre après avoir frappé un prisonnier pour le faire parler jusqu’à le tuer. A Alger, l’appelé Gramont est un soldat qui ne porte plus l’uniforme, il est employé dans une gazette de propagande, mais assez proche des centres de décisions pour savoir tout ce qui se passe. A commencer bien sûr par l’utilisation systématique de la torture, connue dans toute la ville d’Alger la blanche. Une sinistre renommée qui poussait bon nombre de prisonniers à se mettre à table avant même que l’interrogatoire ne démarre vraiment.
Libération écrit : "Ted Morgan n’épargne aucun des camps. Pas même celui de ceux qui résistèrent au colonialisme français. Il n’hésite pas à écorner l’image de héros façonnés au fil de l’historiographie officielle de certains chefs de guerre du FLN qui ont collaboré avec les militaires français. Ou n’ont pas hésité à livrer certains de leurs camarades pour sauver leur propre peau. Comme Yacef Saâdi, le chef d’orchestre de l’action terroriste qui dénoncera sans hésitation un de ses lieutenants. Une des révélations de ce livre. Ted Morgan remettra les pieds à Alger en 1961 pour le compte du Herald Tribune. En 1977, il obtient la nationalité américaine. De son histoire française, il ne conservera qu’une anagramme : celle de Ted Morgan pour de Gramont."
Ted Morgan, Ma bataille d’Alger Préface de Serge Berstein. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alfred de Montesquiou. Tallandier, 352 pp., 20,50 €.
Commentaires (17) | Réagir ?
péril en la demeure, verité verité bientôt !!!!
Bonjour,
En 62, environ 40 000 hommes armés jusqu'au dents désignés à l'époque, par "Moudjahidin de l'armée des frontières", ont pris par la force des baillonnettes et la terreur le pouvoir en finissant de laminer environ 20 000 combattants dits; "Moudjahidin de l'interieur". A l'époque et en face, il y avait environ 500 000 soldats de l'armée coloniale dont 150 000 harkis.
Pour les moins de 40 ans, un harki était un algérien acculé au désespoir absolu et qui, pour des raisons nombreuses, divers et variées, avait basculé dans le camps adverse afin de sauver sa peau et survivre à l'apocalypse.
En 62 toujours, ces 60 000 "Moudjahidin", (tout cofondu), ont donné comme par enchantement, environ 2 000 000 (2 millions) "d'anciens moudjahidin" en 2015. (sans compter les ayant droits). Sorte de supra- algériens (du moins dans la théorie), gérés par tout un ministère. Ministère dont le budget dépasse de loin celui de l'éducation et de la culture réunis. Donc, in fine, savoir si Yassef Saadi a réellement donné ou non Alilou et les autres est un simple détail de l'Histoire.
Et si on essayait plutôt d'élucider et d'expliquer aux moins de 40 ans, comment ont été "zigouillés" les Krim, les Khider et pour finir les Boudiaf, alors que le cesser le feu avec la soldatesque coloniale était depuis longtemps consommé.
A moins que le cessez le feu avec la "néo force coloniale", lui, soit toujours en vigueur. !! Rabah Benali