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Des siècles et des siècles ont fallu pour que l'Homme se détache de la superstition et arrive àcomprendre que le Tout puissant, c'était lui. Un temps long où les ténèbres ont régné dans lescivilisations, même les plus avancées. Des crimes et des horreurs ont été commis au nom de ces superstitions, d'un au-delà et d'une transcendance qui plongent les nations dans une domination de l'esprit des plus surprenantes(1). Les religions nous ont expliqué que la Terre était au centre de l'univers, Copernic et Galilée ont prouvé le contraire et nous ont montré un monde réel radicalement contraire. Galilée l'a payétrès cher. Les croyances nous ont persuadés que la Terre était circonscrite aux territoires connus,Christophe Colomb a prouvé qu'il n'en était rien et que le domaine terrestre de l'être humain allaitbien au-delà des terres chrétiennes sanctifiées.Les textes nous ont affirmé que l'homme descendait d'un grand père unique, apparu par le souffle de je ne sais quel miracle. Pas besoin de se retourner vers Darwin pour avoir la réponse nivers les études génétiques, regardons droit dans les yeux un chimpanzé et nous serions pris par une vérité éclatante.

Tout, ou quasiment tout de ce qui a plongé les peuples dans l'obscurantisme, a été contredit par la raison et la science. Mais rien à faire, le dernier mot reviendra toujours et encore à ceux qui veulent nous abrutir et nous enfoncer dans les ténèbres de leur domination.Les algériens ont tout essayé, le pétrole, les milliards en réserves de change, lesinfrastructures les plus modernes et les moyen de communication les plus performants.

Rien à faire, nous nous enfonçons de plus en plus dans cette hystérie collective qui n'a jamais été aussi puissante.

Même ceux qui ont été les plus admirables espoirs de l'Algérie (et qui continuent à l'être à mon sens) se sont sentis obligés de composer avec les psychoses de l'esprit. Il est une radio communautaire en France dont le responsable était la gentillesse même et ce qu'il y avait de plus prometteur dans la renaissance intellectuelle de notre pays. Mais les réalités économiques sont ce qu'elles sont et ce formidable outil de l'éducation et de l'intelligence est tombé entre les mains de Cheikh Bamba le mage ou celles de jeunes personnes, propres sur eux et d'un langage parfait, qui vous débitent les textes de croyance comme Cheikh Zoubir, ce qui est assez troublant(2).

Était-il utile que nous fassions tous ces efforts pour la démocratie pour en arriver à des petits jeunes qui vous racontent des fadaises et en font un art de communication pédagogique comme les temps anciens où celui qui avait la parole facile (ils l'ont, puisque parfaitement éduqués) vous vendait un tapis en moins de temps qu'il vous a fallu pour reprendre votre esprit ?

Et toutes ces jeunes filles qui se sont emprisonnées d'elles-même dans le cauchemar de la soumission moyenâgeuse, savent-elles ce qu'il nous a fallu affronter, pendant des décennies, pour être aux côtés de leur liberté ? C'est à en mourir de dépit.

Et pendant ce temps-là, ceux qui ont initié cette chape de plomb ne trouvent aucune gêne à commercer avec les impies, envoyer leurs jeunes filles faire de brillantes études à l'étranger et se gaver en comptes offshore et en patrimoine immobilier. C'est toujours la même histoire, inlassablement répétée depuis des siècles. Les uns s'aveuglent, les autres les aveuglent et encaissent les fruits de leur domination, en pouvoir spirituel et en argent qui n'a ni odeur ni religion.

Personne au monde ne demande la disparition des croyances intimes. Elles sont probablement utiles pour réguler les inquiétudes et les interrogations troublantes de l'être humain. Il faut le reconnaître, elles ont été souvent la base de certaines valeurs que les sociétés modernes sont bien heureuses d'avoir trouvé pour construire un socle sociétal solide.

Mais que cette croyance soit mise hors d'état de s'exprimer dans la sphère publique puisqu'elle ne veut pas s'en tenir aux simples prêches de la bonté, de la fraternité et de la tolérance. Alors, qu'elle en soit éloignée le plus loin possible, dans les intimités de chacun. Que les personnes

qui ont une foi quelconque se réunissent et s'adonnent au partage de leur conviction. Mais qu'ils le fassent dans une action séparée de l'espace public car la religion n'a rien à y faire.

Il faut arrêter de nous répondre par l'argument imbécile que la laïcité est l'ennemi des religions. La république laïc encourage et protège toutes les libertés, y compris les croyances religieuses. Elle est le contraire absolu de la dictature communiste qui a voulu la supprimer à tout prix et qui est parvenue au résultat contraire.

Ceux qui croient en une transcendance (idée qui m'échappe mais qui est leur droit le plus absolu) doivent financer leur culte avec leurs propres deniers. Ils doivent laisser à la porte de la politique leur conviction et surtout ne pas nous en faire part. Car d'autres, c'est leur libre choix, ont une autre vie à mener, radicalement tournée vers le progrès et la science. Nous n'avons plus envie de nous soumettre poliment à une écoute qui nous fait parfois rire et, le plus souvent, qui nous fait froid au dos lorsque la personne qui est en face a profité d'une formation (laïque) de très haut niveau.

Si la religion est salutaire pour certains, elles est pour beaucoup de faibles le meilleur moyen de se soustraire à la dure réalité de leur responsabilité. Ils ne sont responsables de rien, ne peuvent rien décider et tout leur est dicté. La belle affaire que cette croyance, irresponsable, inattaquableavec l'impossibilité de suivre une autre voix. Voila bien une invention des plus astucieuses pour manquer à ses vraies responsabilités et se retrousser les manches pour assumer une vie terrestre, merveilleuse mais difficile à certains égards.

Alors, une fois pour toute, croyez en ce que voulez mais laissez-nous tranquille dans la sphère publique. Ou alors disparaissez avec votre superstition dans les abîmes d'une décadence qui s'annonce de jour en jour.

Tout ce qui vient d'être dit est la vérité d'un homme en colère. Il aurait aimé le dire sans retenue ni nuances. Mais, peut-être hélas, il doit rectifier le propos lourd et sans concession d'une touche de rondeur. Dès l'instant où ces mots ont été prononcés et que l'esprit est soulagé de sa souffrance pour un petit moment, la raison doit venir immédiatement s'intercaler pour reprendre le dessus.

Bien entendu que la croyance peut être la meilleur des thérapies pour la conscience des êtres humains. Il n'y a aucun doute que le démocrate et l'humanisme doivent, sans relâche, affronter ceux qui souhaitent la combattre férocement et l'éliminer. Ce qui est d'ailleurs impossible car les profondes convictions sont une liberté intangible, impossible à supprimer par la violence.

Le jour où la religion sera attaquée par des imbéciles (parfois les mêmes que ceux qui y avaient adhéré), je serai là également, à exprimer ma colère et apporter mon soutien aux croyants.

Ils ont cette liberté de conscience que personne ne peut supprimer. Et d'ailleurs, pourquoi la supprimer si les individus reviennent à la réalité des textes et à la modestie d'une pratique individuelle ou communautaire «privée».

Nous les respecterons, nous les protégerons de notre soutien, il n'y a aucun doute sur ce point. Mais, hélas, en ce moment, c'est bien de leur hégémonie dangereuse sur notre liberté individuelle dont il est question et pas le contraire.

Alors qu'ils fassent un effort pour retrouver la sérénité et arrêter ce tapage insolent d'une foi «publique» et menaçante. Ils trouverons en face d'eux des compatriotes qui les respecteront et leur apporteront tout le soutien pour qu'ils vivent heureux, dans la certitude de leur choix spirituel.

En attendant, bonne fête à tous.

SID LAKHDAR Boumédiene

Enseignant

(1) Je ne saurais insister pour éviter le malentendu. Ces personnes sont les plus admirables du monde et nous ont donné la parole, au moment où nous n'avions aucun autre endroit pour le faire afin de défendre la démocratie. Notre reconnaissance sera éternelle. Mais il n'est pas interdit de déplorer des choix éditoriaux, très ponctuels, qui nous semblent critiquables, même venant de gens admirables.

(2) Nous ne parlons pas du cas spécifique des barbares récents qui n'ont aucune chance de réussir. Ils sont dangereux et menaçants mais sans aucun espoir pour eux de dominer le monde. Certains ont été nos élèves. S'ils sont aussi doués dans leur projet d'une hégémonie mondiale que la capacité intellectuelle dont ils ont fait preuve en classe, l'humanité peut dormir tranquille.