Le Conseil d’Etat français saisit pour la suppression de la condition de résidence aux chibanis
Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales et de la Santé a été interrogée au parlement en décembre 2015 sur la différence de traitement entre retraités français et retraités émigrés (chibanis) dans le cadre de la sécurité sociale. Cependant les associations qui soutiennent cette population de retraités émigrés demandent une équité dans le traitement des retraités de l'Union européenne et ceux issus des pays de la rive Sud de la Méditerranée.
Cette démarche s’inscrit suite à la publication de décret de loi du 8 octobre 2015, qui attribue une aide financière a hauteur de 550 euros, permettant aux migrants âgés de choisir librement leur lieu de résidence une fois à la retraite. Cette loi est rentrée en vigueur le 1er janvier 2016 calculée en fonction de leurs ressources. Cette allocation se substitue à l’ASPA et aux allocations logement.
Selon Amina Amrani membre de l’association Algériens des deux rives et leurs Amis (Addra), "cette loi est une maigre avancée pour les 35 000 chibanis concernés par cette situation mais ce n’est pas une solution qui leurs permettrait de vivre dignement leurs retraites et à faciliter les mouvements entre la France et leurs pays d’origine". Sachant que le nombre des retraités "chibanis" en France est de 800.000 étrangers, toutes nationalités confondues (dont 190 000 Algériens), la mesure ne concerne que très peu de personnes qui vivent seuls dans des foyers ou résidences pour immigrés.
Les associations qui activent pour les droits de ces retraités émigrés estime que l’Etat français a le devoir de reconnaître cette population oubliée et d’appliquer une équité sociale entre les retraités français et les retraites ressortissants hors Union européenne. En effet, "ces hommes et femmes ont travaillé, cotisé et pour beaucoup ont occupé des emplois pénibles toute leur vie, et sont obligés aujourd’hui de faire des allers-retours pour bénéficier de leurs droits, contrairement aux autres retraités européens", ajoute cette militante associative.
Addra estime qu'il devient "urgentissime au vue du vieillissement de ces chibanis d’établir une équité sociale dans le respect des textes et leur applications avec discernement et humanité, dans le respect de la dignité des vieux et une reconnaissance du droit fondamental d’aller et venir sans suspension des droits sociaux (couverture maladie) en France".
Le combat en faveur de cette catégorie est loin d’être terminé, précisent les militants associatifs. La Cap-sud association marocaine très active pour les chibanis, l'ATMF, El Ghorba, Collectif Justice et Dignité des chibani-a-s) appuyés par le député-maire communiste de Vierzon ont saisi le Conseil d’État. Des concertations ont commencé sur ce décret d’application de la loi Touraine, dans le but de demander l’extension de ce droit à ces retraités sans condition de résidence.
C.P.
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