Le gouvernement Valls autorise la manifestation syndicale de jeudi à Paris

"Aucune violence ne sera tolérée", prévient le gouvernement français.
"Aucune violence ne sera tolérée", prévient le gouvernement français.

Les syndicats hostiles au projet de loi Travail ont annoncé mercredi avoir obtenu le droit de manifester jeudi à Paris, épilogue d'une matinée confuse qui a débuté avec un communiqué de la préfecture de police annonçant une interdiction.

Les opposants au projet de loi pourront défiler sur un parcours plus court qu'habituellement, une boucle partant et arrivant place de la Bastille, dans l'est de la capitale. La CGT et Force ouvrière (FO), qui souhaitaient à l'origine aboutir place de la Nation, environ deux kilomètres plus loin, sont parvenus à ce compromis avec le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui semble ainsi désavouer la préfecture.

"Le gouvernement avait franchi un nouveau cap dans sa volonté de bâillonner le mouvement social, en interdisant la manifestation parisienne du 23 juin", a déclaré le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, lors d'une conférence de presse.

"Cette décision représentait une remise en cause grave d'une liberté fondamentale garantie par la constitution : le droit à manifester", a-t-il ajouté, aux côtés de représentants des six autres organisations coalisées contre le projet gouvernemental. "Le service d'ordre sera renforcé", a-t-il affirmé.

La poussée de fièvre a été déclenchée tôt dans la matinée matin par un communiqué de la préfecture de police annonçant la signature, qui devait intervenir dans la journée, d'un arrété d'interdiction de tout cortège à Paris.

La préfecture expliquait alors ne pas avoir "d'autre choix", compte tenu des difficultés à assurer la sécurité du cortège, après les violences qui ont éclaté en marge de précédentes manifestations, et de l'état de fatigue des policiers.

Violences

Devant le refus des centrales syndicales d'organiser un rassemblement statique comme elle le proposait, des tractations se sont engagées mais, selon la préfecture, elles ont échoué parce que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies.

Une telle interdiction aurait été une première depuis 1962. "C'est une déclaration de guerre, bien sûr qu'on ira manifester demain", avait aussitôt réagi sur BFM TV Benjamin Amar, un responsable de la CGT Val-de-Marne.

Le député Christian Paul, l'un des chefs de file des "frondeurs" socialistes, avait dénoncé une "faute historique" et jugé que le chef du gouvernement, Manuel Valls, prenait là une "lourde responsabilité".

"On sent bien qu'il y a depuis huit jours de la part du Premier ministre une volonté de durcissement. Et c'est d'autant plus paradoxal qu'on est à un moment où un compromis pourrait être trouvé sur la loi Travail", avait-il dit sur BFM TV. Sur Twitter, la présidente du Front national Marine Le Pen avait quant à elle parlé d'une "démission face aux casseurs et une atteinte grave à la démocratie".

A droite, de nombreux responsables avaient réclamé ces derniers jours une telle interdiction mais Nicolas Sarkozy, président des Républicains, a pris mardi le contre-pied en estimant que cette mesure ne serait "pas raisonnable".

Des violences ont régulièrement éclaté en marge des cortèges à Paris et les grandes villes de province depuis le début du mouvement anti-loi Travail, au mois de mars, donnant lieu à plusieurs centaines d'interpellations.

L'attitude du gouvernement a changé après la dernière grande journée de mobilisation, le 14 juin, au cours de laquelle une poignée de manifestants s'en était pris à une façade vitrée de l'hôpital pour enfant Necker, dans le sud de Paris.

Le lendemain, Manuel Valls a exhorté les syndicats à ne plus organiser ce type de manifestations, faute de quoi le gouvernement prendrait ses "responsabilités". Le front syndical avait malgré tout maintenu deux nouvelles journées d'action, jeudi et mardi prochain, contre le projet de loi défendu par Myriam El Khomri, qui doit revenir courant à l'Assemblée nationale pour une deuxième lecture.

Reuters

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