Leur bouche en cul-de-poule
PAR HAKIM LAALAM
Le dégommage d’Amine Zaoui de son poste de directeur de la BN, la Bibliothèque nationale. Plus que de la lassitude, une immense fatigue. Plus que de la rage froide, un froid de morgue. Interface heureuse d’un double emploi intelligent des langues arabe et française, producteur impénitent de sens, de mots et de livres, Zaoui représente à mes yeux cette preuve d’une cohabitation possible et harmonieuse entre deux blocs que l’on a toujours voulu opposer, maintenir en état de guerre : «les arabisants» et «les francophones ». Les guillemets sont utiles, tant Zaoui s’est employé à rendre ces intitulés génériques ridicules, étroits et vidés de substance. Les frontières barbelées entre les deux cultures, Amine les combat chaque jour. A sa manière. Inlassablement. En faisant de sa structure le creuset des rencontres jusque-là impossibles, jusque-là entachées de suspicion inquisitoire ou tout simplement bannies. Un homme du livre était à la bibliothèque, temple du livre par excellence. Et c’est cela qui aurait été (j’emploie, là encore, le conditionnel) arrêté, suspendu, avorté. La tribu AC, celle des Adorateurs de Ciseaux, aidée par l’autre tribu, encore plus puissante, celle des GT, les Gardiens du Temple, pourront invoquer ce qu’elles voudront bien invoquer : l’épisode Benchicou et l’invraisemblable histoire du vrai faux numéro d’ISBN. Elles pourront aussi arrondir leur bouche en cul-de-poule devant cet autre épisode, celui du poète Adonis. Ces tribus-là peuvent faire ce qu’elles veulent. C’est d’ailleurs ce qu’elles font. Sans s’en priver. Ne me reste dans mon immense lassitude que ce constat terrible, mais pas nouveau : le sadisme atavique de ce régime. S’il l’a fait, le pouvoir a limogé Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale, le jour de l’ouverture du Salon du livre. A ce niveau-là, ce n’est plus seulement du sadisme, c’est de la perversion. Lassitude ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Commentaires (16) | Réagir ?
La leçon à tirer du limogeage de Zaoui, de la censure de livres ou de l'inquisition tout simplement contre les libertés. Celles d'écrire, de dire, d'agir, de réagir, de s'organiser ou même même de mourir en mer. En fait, l'Agérie éclate de partout et le pouvoir l'enlise de plus en plus. Son seul souci reste la psychologie de Boutef (souhaitant mourir au Palais présidentiel) et la rente pétrolière à se partager sous la couverture de quelques projets douteux. Le mal est profond et l'Algérie est menacée dans ses fondements déja trop fragiles. Du Thin politique au Rekhss intellectuel, il ne restera à l'Algérie que trop peu pour survivre au moindre séisme!!!!
quand zaoui déclare que le président a été manipulé, ou des XXX ont menti au président, de quels mensonges parle-t-il'. Il dit donc, d, après moi, que le président ne fait pas son travail tout simplement!ou il est facile à manupiler! Zaoui, est tombé dans un dilemme, comment préserverait-il ses amibitions de carrière, en même temps, comment paraitre l'intello qui oeuvre pour la litterature et la liberté d'expression!. soit l'un soit l'autre Monsieur. on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du Beurre. Je trouve aussi, qu'il a laché Benchicou. Personnellement, je connais pas benchicou, mais Zaoui voulait aussi, annulé l'autorisation machin pour publier le livre d'après le journal el watan du 20/10/08 je pense. Zaoui disait aussi que le poste de ministre ne lui tente pas!!!ça, je ne suis pas sûr, beaucoup d'intello algériens sont même tentés par le ministère de la défense, et je comprends celà, moi, je dirai pas non. On a des exemples (khalida messaoudi, soltani boujerra et.....). Moi, je dis que c le président, qui a décidé tout simplement, et zaoui le sait bien, sauf en disant cela, zaoui croit rester en bon terme avec boutef, je pense que c son idée, (il me semble), si comme s'il dit, "on s'aime toujours mon boutef, t qq'1 de bien, même si je sors de temps en temps du politiquement correcte pour le besoin d'apparaitre l'intello rebel". on ne peut pas avoir tout, on ne peut pas concilier entre l'amour pour les projecteurs et le pouvoir d'un côté, et l'idéal intellectuel. il aurait été cridible et arguez, s'il a dit, que boutef n'aime pas les intello, et L'État ne va pas bien, ça je pense une vraie position à mon avis dans le moment actuel, c pas la peine dÉvoquer khalida messaoudi et... . J'aimerais bien savoir la position de M. Benchicou sur la position de zaoui, ainsi que la postion de yasmina khadra sur cet incident en général.