"Déflagration" dans la police française après la tuerie de Magnanville (Yvelines)
L'assassinat d'un couple de policiers lundi soir à son domicile a fait l'effet d'une "déflagration" au sein des forces de l'ordre françaises, où l'on s'inquiète après cette action sans précédent des conditions d'exercice de la profession.
"Tous les policiers quand ils épousent ce métier savent qu'il y a des risques potentiels, mais là, on n'hésite plus à aller assassiner une famille dans un domicile. C'est quelque chose qui n'a pas jamais été vu", témoigne Loïc Travers, secrétaire national adjoint pour l'Ile-de-France du syndicat Alliance, majoritaire dans la profession.
Le commandant de police du commissariat des Mureaux, 42 ans, a été tué de neuf coups de couteau devant sa maison par un homme se revendiquant de l'Etat islamique à Magnanville, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Paris. Le cadavre de sa compagne, 36 ans, secrétaire au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été retrouvé à l'intérieur du domicile à la suite d'une intervention du Raid qui a tué l'assaillant.
Pour un policier, "sa maison, c'est quelque part comme un sanctuaire, où il peut avoir un petit peu de répit, un petit peu de calme avec sa famille", a déclaré Loïc Travers sur iTELE. "On se rend compte que ça, aujourd'hui, ce n'est plus possible. Il y a un degré qui a été franchi", a-t-il ajouté.
Avant l'Euro de football, une source sécuritaire avait déclaré à Reuters que les forces de police et de secours figuraient parmi les cibles les plus exposées de possibles nouveaux attentats en France au nom de l'EI. Une opération contre une école de police était évoquée au nombre des hypothèses.
Les policiers "à découvert"
La hiérarchie de l'EI exhorte régulièrement ses partisans à s'attaquer aux "soldats des tyrans", à "leurs forces de police et de sécurité". Le mode opératoire de l'assassinat de Magnanville, perpétré par un prétendant français au djihad condamné en 2013, prend toutefois les autorités de court.
"C'est un acte terroriste très particulier qui est susceptible de mettre à découvert tous les policiers quels qu'ils soient. C'est en cela que c'est particulièrement inquiétant et c'est en cela que, quelque part, il est difficile de trouver des réponses", a souligné Loïc Travers.
Les forces de sécurité ont déjà été visées par le passé en France, mais jamais "dans leur intimité". En mars 2012, Mohamed Merah, le premier "loup solitaire" islamiste identifié en France, avait tendu un guet-apens à Toulouse à un sous-officier de l'armée de Terre qu'il avait assassiné à bout portant. Il avait ensuite tué deux autres militaires à Montauban (Haute-Garonne).
En décembre 2014, un homme avait attaqué au couteau des policiers en faction devant le commissariat de Joué-les-Tours (Centre) aux cris d'"Allahu Akbar" avant d'être abattu. Deux policiers sont morts à Paris lors des attaques de janvier 2015, puis une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine). En janvier dernier, un homme avait tenté d'attaquer avec une feuille de boucher des policiers en faction devant le commissariat du XVIIIe arrondissement. Il avait été abattu.
Valls contre de nouvelles mesures
Au lendemain de Magnanville, "les policiers sont sidérés, les hommes et les femmes qui composent la police nationale, qui ont des familles, vont être inquiets sur le fait de savoir s'ils doivent modifier leur mode de vie", a dit sur Europe 1 Céline Berthon, secrétaire générale adjointe du syndicat des commissaires de la police nationale.
"C'est complètement nouveau et ça fait office de déflagration dans la police : on accepte les risques du métier, on n'accepte pas d'être poursuivi dans sa vie privée". Alliance exige dans un communiqué, à l'instar d'Unité-SGP Police, que "face à ces nouveaux risques, et quelles que soient les circonstances, les policiers continuent d'être armés en tout temps et tous lieux" au-delà du régime de l'état d'urgence.
Un arrêté publié en janvier dernier stipule que le port d'arme hors service est limité à l'état d'urgence. "Nous n'allons pas inventer à chaque fois une nouvelle mesure. Il faut appliquer les mesures", a plaidé devant des journalistes Manuel Valls. Les policiers "ont eu des moyens supplémentaires, les moyens (...) existent mais il n'y pas de risque zéro, ils le savent", a ajouté le Premier ministre.
Il a invité les Français "à faire corps" avec les policiers, qui ont été violemment pris à partie ces derniers temps dans des manifestations liées à la contestation contre la loi Travail et doivent réprimer les débordements de holligans de l'Euro 2016.
"Trop c'est trop, nous sommes sur tous les fronts depuis plusieurs mois. Nous avons perdu 13.000 policiers et gendarmes sous le précédent quinquennat. Nous avons des renforts qui sont annoncés, qui commencent à arriver, mais qui ne viendront que dans quelques années", a dénoncé sur iTELE Christophe Rouget, porte-parole du syndicat des cadres de la sécurité intérieure.
"C'est extrêmement difficile pour les policiers de récupérer en ce moment : doit-on continuer à autoriser des manifestations qui vont coûter beaucoup pour des policiers, sans compter le phénomène de hooliganisme qu'on avait un peu sous-estimé ?", a renchéri Loïc Travers.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, devait recevoir mardi soir les représentants des syndicats de policiers et des personnels administratifs de la police. Selon le ministère de l'Intérieur, 77.000 personnels, dont 42.000 policiers et 30.000 gendarmes, sont actuellement mobilisés en France dans le cadre de l'état de l'urgence décrété après les attentats du 13 novembre et pour la sécurité de l'Euro de football, notamment, qui s'achève le 10 juillet. Le président français a promis des moyens supplémentaires et a appelé à la vigilance maximale.
Larossi Aballa avait une liste de personnalités publiques ou politiques à abattre, il voulait aussi prendre pour cibles certains professions comme les journalistes.
Avec Reuters
Commentaires (2) | Réagir ?
vive l’Algérie
كلية الحقوق و العلوم السياسية
faculté de droit
كلية الحقوق و العلوم السياسية المسيلة
faculté de droit MSILA
tirailler entre une hierachie qui impose la mise hors d'état de nuire des délinquants et une justice qui prone le laxisme et la libération de ces derniers !!! il y a de quoi péter un plomb.