Venezuela : heurts et pillages de magasins, le référendum anti-Maduro fait son chemin
Les autorités vénézuéliennes semblent avoir plié vendredi devant les bagarres de rue et les pillages en laissant le référendum par lequel l'opposition veut révoquer le président Nicolas Maduro franchir une nouvelle étape.
"La validation aura lieu dans les bureaux régionaux (des autorités électorales) du lundi 20 au vendredi 24 juin", a déclaré la présidente du Conseil national électoral (CNE) Tibisay Lucena lors d'une conférence de presse vendredi. Mais elle a immédiatement prévenu : "Le processus sera interrompu en cas de violences". Une gageure dans un des pays les plus violents du monde, où se multiplient les heurts entre police et manifestants ainsi que les pillages liés à la pénurie de nourriture.
"Nous voulons être clairs : la moindre agression, trouble (de l'ordre) ou incitation à la violence entraînera la suspension immédiate du processus jusqu'au rétablissement de l'ordre", a-t-elle ajouté.
Pourtant, nombre d'experts estiment que le référendum est la seule soupape qui pourrait faire retomber la pression. Après avoir rassemblé début mai 1,8 million de signatures en faveur de cette consultation, la coalition d'opposition, réunie sous le nom de Table pour l'unité démocratique (MUD, centre droit), majoritaire au Parlement, exigeait du Conseil national électoral (CNE) la mise en oeuvre des étapes suivantes de ce processus long et complexe.
Un mois plus tard, le CNE a fini par valider mardi 1,3 million de signatures, soit largement plus que les 200.000 requises pour enclencher le processus. L'opposition attendait désormais du CNE les dates pour que les signataires puissent confirmer leur choix, en personne et avec leurs empreintes digitales.
Après ces étapes, la procédure impose de réunir quatre millions de signatures en trois jours pour avoir le droit d'organiser le référendum lui-même où il faudrait dépasser le score obtenu par M. Maduro en 2013 (7,5 millions de votes) pour qu'il soit révoqué.
Toutes les crises se conjuguent
L'opposition de centre-droit est engagée dans un contre-la-montre, car si cette consultation a lieu d'ici le 10 janvier 2017, elle peut provoquer de nouvelles élections. Sinon, M. Maduro serait simplement remplacé par son vice-président.
Le Venezuela est au bord de l'implosion, déchiré par la guerre politique entre le Parlement, contrôlé par l'opposition, et le gouvernement socialiste pro-Maduro, dans un climat d'exaspération populaire lié à l'effondrement économique de ce pays pétrolier.
Jeudi, le chef de l'opposition parlementaire Julio Borges a été frappé avec une barre métallique et a reçu des coups de poing et de pied lors de heurts avec des partisans du gouvernement.
Si les manifestations à l'appel de l'opposition ne sont guère massives, des explosions de colère contre le gouvernement et le président socialiste (blocages, pillages, etc) se multiplient de manière apparemment spontanée à travers le pays.
Les gens sortent piller car ils ont faim. On ne trouve rien, a déclaré à l'AFP Robert Arcila, un vendeur d'oeufs de 22 ans qui se trouvait jeudi près d'un camion chargé de fromage et de saucisses dévalisé dans la favela de Petare.
Entre jeudi et vendredi matin, deux autres camions et une dizaine de commerces ont été vidés dans cette favela, une des plus grandes d'Amérique latine, a constaté l'AFP. Au Venezuela, toutes les crises se conjuguent, estime Erika Guevara, directrice pour les Amériques d'Amnesty International.
AFP
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merci