A la veille de l’Euro2016, Paris croule sous les ordures ménagères
Les ordures ménagères ont continué à s'accumuler à Paris jeudi à la veille du coup d'envoi de l'Euro de football, en raison d'une grève d'éboueurs pour protester contre le projet de réforme du Code du travail, malgré le recours à des entreprises privées.
A quelques heures de l'ouverture officielle de l'Euro de football, rien ne va en France. Outre les menaces terroristes qui mettent à cran tous les service de sécurité français, les grèves syndicales qui paralysent des pans entiers de la vie quotidienne, l'annonce d'un autre mouvement de grève dans la compagnie Air France vient quelque peu troubler la situation.
Le trafic ferroviaire a également été de nouveau perturbé pour le neuvième jour de suite en dépit d'une nouvelle baisse du taux de grévistes, à 7,9%, selon les chiffres de la direction de la SNCF, également à l'appel de la CGT cheminots et de Sud-Rail.
L'intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires-Unef-UNL-Fidl, engagée depuis trois mois dans une épreuve de force avec le gouvernement, avait également appelé les retraités à manifester.
Un prélude à la journée de mobilisation nationale prévue le 14 juin, à laquelle ces organisations ont décidé d'ajouter le 23, date du vote au Sénat du projet de loi, et le 28, jour de remise aux autorités des résultats d'une "votation citoyenne" organisée par l'intersyndicale sur ce texte.
En déplacement à Saran (Loiret), où il assistait à un congrès départemental de son organisation, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, s'est voulu rassurant sur l’accès des supporters aux matches de l’Euro, qui débute vendredi soir.
"La CGT et ses organisations souhaitent que l’Euro se passe comme une fête populaire, que ce soit dans les stades, comme dans les fan zones", a-t-il déclaré à la presse. Il a néanmoins réaffirmé qu'il revenait aux salariés de décider de la fin ou de la poursuite du mouvement. "Ce sont les salariés qui décident de la grève. Donc, ce sont les salariés qui décident de la reprise" du travail, a-t-il dit.
Il a invoqué une colère sourde mais "généralisée" dans les entreprises et souhaité que le gouvernement l'écoute. "Si demain on nous dit qu’on suspend le projet de loi et qu’on discute, il n’y a plus de grève", a-t-il conclu.
Le gouvernement, qui s'est employé ces deux dernières semaines à désamorcer les conflits catégoriels et périphériques en multipliant concessions et subventions, comme à la SNCF, multiplie les appels au retour à la normale.
Des appels jusqu'ici sans effet, comme l'illustre l'accumulation d'immondices dans les rues de Paris.
Selon la fédération CGT des services publics, les chauffeurs des principaux garages de camions-bennes de la Ville de Paris étaient encore "massivement en grève" jeudi.
Un des principaux sites de traitement des ordures ménagères de la région parisienne, à Ivry-sur-Seine, restait bloqué.
Selon Patrice Furé, directeur de cabinet du président du Syctom, établissement public qui gère ces installations, deux autres usines d'incinération, à Saint-Ouen et Issy-les-Moulineaux, ont fonctionné au ralenti jeudi matin.
Selon la CGT, deux sites assurant 80% de la collecte et du traitement des ordures ménagères de l'Ariège étaient bloqués, comme l'incinérateur de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et le principal centre de traitement des Hautes-Pyrénées.
En revanche, Air France prévoit que le mouvement de grève prévu par ses pilotes à partir de samedi n'aura que peu d'impact sur ses vols, qui seront assurés à 70 ou 80%.
Les regards se tournent maintenant vers l'Euro, avec le match d'ouverture entre la France et la Roumanie au Stade de France, une des cibles des attentats du 13 novembre 2015. "Compte tenu du renforcement du plan de transport de la RATP, il n'y a pas d'inquiétude majeure pour l'acheminement des spectateurs", estime le service de presse de la SNCF.
"Il y aura en soirée plus d'une cinquantaine de trains sur les lignes B et D du RER, qui seront dédiés à l'acheminement vers le Stade de France", a-t-il été précisé à Reuters. Une porte-parole de la RATP a assuré que les lignes de métro desservant le Stade de France ne seraient pas affectées par le mouvement contre la loi Travail.
Reuters
Commentaires (0) | Réagir ?