Les dernières fourberies de Belaïd Abdesselam contre Rebrab
La guerre que livre le pouvoir à Rebrab ne fait que commencer. Les informations transmises par les services de renseignement au directeur d’Ennahar et les graves accusations qu’elles contiennent sur des pratiques financières pas très orthodoxes du patron de Cevital, augurent d’une grande action punitive à venir contre ce milliardaire qui a osé défier le pouvoir.
Par Mohamed Benchicou
Issad Rebrab est accusé par Ennahar de trafics de devises, de montages financiers illégaux avec création de sociétés offshore, de fraude fiscale, de financement de la révolte kabyle et même de "soutien au terrorisme". Tant pis si certaines accusations, comme celle relative au financement du Printemps noir, avaient déjà été utilisées lors de la précédente campagne anti-Rebrab de 2003. À la guerre comme à la guerre. Aucune munition n’est de trop, pas même le témoignage pathétique du vieux Belaid Abdesselam, ressuscité pour l’occasion.
Voilà bien longtemps que Belaïd Abdesselam a perdu tout crédit, depuis qu’il a avalé son chapeau devant Bouteflika en se désavouant publiquement et en crachant sur ses propres écrits. Dans son livre "Le hasard et l’histoire, entretiens avec Ali El Kenz et Mahfoud Benoune", Enag, 1985, Belaïd Abdesselam dressait un portrait impitoyable de l’actuel président de la République.
On y lit : "À cette époque, pour moi comme pour beaucoup d’autres militants, l’homme à travers lequel se profilait cette “sadatisation” de l’Algérie, c’était Abdelaziz Bouteflika. Il polarisait sur lui l’opposition de beaucoup de ceux qui se préoccupaient de la continuité de la ligne politique pratiquée par ce dernier. D’abord, en raison des opinions qu’on lui connaissait tant sur le plan diplomatique que dans le domaine de notre développement interne. Ensuite, parce que durant les derniers mois qui avaient précédé la mort de Boumediene, il s’était beaucoup agité pour gagner certaines sympathies extérieures comme si quelque chose lui avait laissé présager l’ouverture proche de la succession du chef de l’État. En particulier, il fit beaucoup pour gagner les grâces de l’Elysée."
Ou ceci : "Dès la mort de Boumediene, beaucoup de ceux qui s’inquiétaient des menaces qui pesaient sur la continuité de la politique menée sous l’égide de Boumediene, et dont j’étais du nombre, s’étaient mobilisés pour barrer la route de la succession à Bouteflika, en qui ils voyaient véritablement l’incarnation de l’anti-Boumediene."
Bouteflika sera sans pitié pour son ancien rival. Dès le lendemain de son élection, Bouteflika rendra publique la lettre de félicitations par Belaïd Abdesselam, comme pour démasquer l’homme qui a osé le vilipender dans son livre. Comme si l’humiliation ne suffisait pas, il fera d’Abdesselam son émissaire occasionnel pour l’Afrique, savourant cyniquement le plaisir de voir le puissant ministre de Boumediene relégué à une si basse mission.
Il l’achèvera lors d’un meeting à Jijel, tenu en sa présence et où, le désignant, Bouteflika dira de lui : "Voilà quelqu’un avec lequel je ne m’entendais pas, qui m’a critiqué, à qui j’ai vainement envoyé mon frère pour le ramener à la sagesse, mais à qui j’ai tout pardonné". Belaïd Abdesselam ne s’en relèvera pas.
C’est ce personnage sans prestige qu’Ennahar et El Moudjahid ont sollicité pour charger Issad Rebrab. Épousant l’air du temps, Belaid Abdesselam crut subtil d’apporter sa pierre au lynchage anti-Toufik en révélant que Rebrab était un protégé du chef du DRS. El Moudjahid puis Ennahar ont érigé cette lapalissade aussi absurde que frivole, en scoop.
L’ancien Premier ministre a apporté son écot à la curée en offrant une litote : Rebrab aurait bénéficié du soutien du DRS et du général Toufik. Tout cela manque d’élégance, de subtilité et de sincérité. C’est du Saâdani recyclé. On pensait que le chef du FLN, qui s’indignait de ce que le général Toufik se mêlait de politique, était le seul à ignorer, avec Saïd Sadi, qu’il devait sa carrière politique, précisément, au fait que le DRS s’est mêlé de politique. Sans cela, sans le DRS qui l’a désigné président du Comité de soutien au candidat Bouteflika, puis inscrit sur la liste des "députés à élire", puis choisi pour monter au perchoir, les Algériens n’auraient pas eu l’illustre privilège de compter le sieur Saâdani parmi leurs augustes dirigeants.
Mais qui, parmi le personnel de la politique ou de la finance, de Bouteflika à Hamid Grine, ne doit son poste, sa promotion, sa fortune ou son destin, de façon directe ou indirecte, à l’État-DRS ?
Dans cette guéguerre sans génie, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité. Le clan des accusateurs n’est pas plus blanc que celui qu’il accuse. Il a, lui aussi, ses milliardaires favoris, ses forfaitures cachées et ses combines inavouables. Le rond à béton qu’importait le père de Réda Kouninef, ami intime de Said Bouteflika, n’était sans doute pas différent de celui qu’achetait Issad Rebrab. Mais se trouvera bien un Belaïd Abdeselem pour témoigner du contraire.
M. B.
Commentaires (27) | Réagir ?
MERCI
Ce Belaid aurait mieux fait d'aller deguster sa retraite plutot que de faire de la polemique sterile..... L'Algerie a besoin du sang nouveau. L'epoque de la SM et se ses valets pour un Algeire kharabo-kharabiste tire a sa fin. Tot ou tard, le peuple se reveillera de son long sommeil. Nul volcan n'est pris pour mort!