Chakib Khelil et la prochaine mission de Hamid Grine

Chakib Khelil et Hamid Grine
Chakib Khelil et Hamid Grine

L'intarissable Ramtane Lamamra, notre ministre des Affaires étrangères, vient, une fois de plus, de se distinguer, à la faveur d'une inutile controverse avec l'ambassadeur de France.

Par Mohamed Benchicou

L'objet : une vraie-fausse déclaration de ce dernier ("60% des visas délivrés par l'ambassade bénéficient aux habitants de la Kabylie"). Il s'est avéré que notre chef de la diplomatie s'était empressé de taxer de "malheureux et malvenus" des propos qui n'ont jamais été tenus et dont il a négligé de confirmer l'authenticité au préalable. L'incident est clos, l’ambassadeur français en fut quitte pour une énième remontrance de la part de notre incurable ministre soucieux, plus que jamais décidé à enseigner aux descendants de Talleyrand, le bon usage de la diplomatie : "Les exigences de notre métier de diplomate commandent de favoriser, en toutes circonstances, les propos qui rassemblent et non les propos qui divisent." A la bonne heure ! La formule est louable et M. Lamamra aurait été bien inspiré de l'appliquer à lui-même et de convaincre ses pairs au pouvoir son propre pays d'en faire autant.

Les propos arrogants tenus devant son homologue français il y a quelques semaines, ne sont pas spécialement un modèle de "propos rassembleur", en tous cas pas avec la France ni encore moins avec le Maroc. M. Lamamra était plus proche des exigences des va-t-en-guerre que des exigences du métier de diplomate. Mais c'est tellement pratique, la thèse du grand méchant loup marocain, autant que le "complot kabyle", une filière providentielle ! Ça titille la petite cloche patriotique qui sommeille en chaque Algérien, ça vous redonne du crédit auprès de la population qui, du coup, oublie vos échecs et vos forfaitures, les actes mafieux, la banqueroute financière du pays, la prochaine potion d'austérité qu'on lui prépare. Algériens, Algériennes, tous unis autour de votre Président!

Dans ce jeu passionnant qui consiste à faire mumuse avec la paix dans la région, s'est invitée une personnalité tout à fait inattendue : Chakib Khelil ! L'ancien ministre de l'Energie, qui avait pourtant juré ne plus avoir de lien avec la politique, mais qui ne désespère pas de succéder à son ami d'enfance Bouteflika, vient de s'exprimer, à sa façon, c'est-à-dire en prenant les gens pour des cornichons et en les inondant de mensonges et d'omissions. Son intervention au forum du quotidien arabophone Al Hiwar, a consisté à démolir les entreprises françaises et à protéger les intérêts de la puissance qui le materne, les Etats-Unis. Aucun argument n'était superflu pour asseoir sa propagande pro-américaine et son réquisitoire anti-français, du plus cocasse - "la presse algérienne est au service des intérêts français et, à ce titre, se plaît à "propager des rumeurs sur mon compte" au plus populiste ("Entre l’Algérie et la France il y a une relation coloniale mais entre l’Algérie et les État-Unis nous avions toujours eu des liens amicaux") en passant par le plus mensonger ("paradoxalement les seuls problèmes enregistrés à l’époque, c’était avec les sociétés françaises"). Notre ministre oubliait de citer le scandale de la joint-venture algéro-américaine Brown & Root-Condor (BRC), une pompe à finances créée entre la firme Halliburton de Dick Cheney et Sonatrach, qui a syphonné des milliards de dollars avant de faire l'objet d'une enquête de l'IGF à propos de l'achat effectué en 2004 par BRC auprès de la firme américaine Raytheon, pour le compte de l'armée algérienne, de mallettes dites de commandement, pour un montant de 1,5 milliard de dollars. Ces mallettes régissaient toute la stratégie de l'armée. L'ennui, c'est qu'elles étaient reliées aux écoutes de la CIA. On ne saura jamais comment une telle bourde fut possible, puisque Bouteflika s'était empressé de dissoudre BRC dans les jours qui suivirent. Chakib Khelil ne parla pas de cet épisode mais se rappela de reprocher à la France de soutenir "sans limite" le Maroc sur le dossier du Sahara occidental, confirmant ainsi que la surenchère anti-marocaine fait bien partie des garanties sacrées que doit donner tout candidat à la présidence.

C'est, du reste, par un appel à "resserrer les rangs autour de la direction nationale, en ces heures où l'Algérie est menacée à ses frontières" que la président de la République (ou le groupe qui agit en son nom) a conclu son récent communiqué. Et c’est par un appel solennel à "une mobilisation totale pour défendre l’unité nationale et constituer un rempart autour de l’Algérie face à toute attaque venant de l’étranger" que l'autre candidat, Ahmed Ouyahia, a conclu son dernier entretien télévisé. Le chef de cabinet de la Présidence s’en était pris, à l’occasion, aux mercenaires à la solde d’intérêts étrangers et qui ont pris position contre leur propre pays". Parlerait-il de Chakib Khelil ? Mais non ! "Khelil a été sali par la rue !", nous dit-il. Il n’y a rien à redire sur les compétences de Khelil, des compétences "reconnues mondialement" Mais alors qui sont ces mercenaires à la solde d’intérêts étrangers ? Mais le MAK, pardi ! Le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et son président Ferhat Mehenni.

Il y aurait donc de bons et de mauvais "mercenaires", les deux "à la solde d'intérêts étrangers", certes, mais avec cette nuance que le bon mercenaire, le mercenaire fréquentable, ne menace pas l'ordre autocratique. Il pourvoit aux appétits de l'affairisme étranger, principalement américain ou de certains "amis" arabes mais il ne brandit aucun drapeau, ne formule aucune insulte contre le pouvoir. Il trahit son pays avec discrétion et raffinement. On ne les entend jamais quand ils déplacent l’argent de Sonatrach vers des comptes bancaires suisses, ni quand ils le placent dans des comptes off-shore ! La classe ! Pas comme ces pouilleux du MAK qui vendraient leur mère pour quatre sous ! Chez les mercenaires de Tlemcen, c’est 198 millions de dollars, sinon rien ! La classe ! Éduqués, courtois, Rolex et costumes Smalto ! Pas comme ce milliardaire kabyle mal dégrossi de Rebrab ! On n'a pas idée de vouloir faire des affaires, de se doter d'un groupe de presse, quand on n'est ni Texan ni Emirati. Ni Qatari, non plus ! Pas même Tlemcénien !.. Comment, diable, travailler avec un industriel qui ne sait pas chasser l'outarde et qui, comble de l'arrogance, s'entête à vouloir investir son propre argent quand le mot d'ordre, aujourd'hui, est "Venez faire des affaires avec notre argent" ? Allez vous étonner ensuite que l'on refuse à ce Kabyle de Rebrab ce que l'on a, tout naturellement, accordé au fonds d’investissement émirati EIIC pour Dounya Parc et à l'égyptien Orascom. Eux avaient la délicatesse de ne pas vous contrarier en investissant avec leur propre argent. Ils ont régulièrement respecté la consigne de la maison : "Venez faire des affaires avec notre argent". Comment refuser alors au propriétaire d’Orascom, Naguib Sawiris un montage financier des banques publiques et privées algériennes pour lancer sa filiale de téléphonie mobile Djezzy ? Il est tellement classe, Sawiris ! Tellement qu’il en a repris deux fois de notre argent pour acquérir deux cimenteries (M’sila et Mascara) qu'il a superbement revendues au géant français Lafarge trois fois leur prix ! La classe, on vous dit.

Bien sûr, il a fraudé le fisc, roulé l'Etat algérien dans la farine en revendant Djezzy aux Russes, mais qui n'a pas ses petits travers ?

Sawiris n’est plus revenu en Algérie, mais il nous a laissé son chargé de la communication d’Orascom, du temps où il prospérait avec l’argent des Algériens et fraudait le fisc.

En hommage à Sawiris on l'a nommé ministre

Son nom ? Hamid Grine.

Sa fonction ? Ministre de la Communication de Saïd Bouteflika et, accessoirement, de celle de la République algérienne démocratique et populaire.

Son style ? Avancer masqué.

Sa nouvelle mission ? S’occuper de ruiner Rebrab.

Sa prochaine mission ? Déblayer le terrain pour Chakib Khelil.

M. B.

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Commentaires (13) | Réagir ?

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elvez Elbaz

Svp messieurs du matin de la mise en page de cette article de Grace vous ne pourriez pas nous épargner cette photo de "hacha Rez rabi"déjà l entendre éructer est nauséabond.... et de plus afficher son malhonnête indigence...... !

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Caton L'ancien

"... pour s'attaquer aux vrais patriotes, aux honnêtes investisseurs qui repoussent leurs chantages politiques et leurs trompettes de ralliement et d'allégeance... "

Si vous insistez encore un tout petit peu on va finir par fondre en larmes et commencer à prier Dieu, Le Tout Puissant, d'abattre sa foudre sur ces tortionnaires (tortionnaires, ils le sont en dehors de cette affaire, on n'en disconvient pas !) qui s'amusent à martyriser un "honnête investisseur" qui par le passé ne fut pas toujours honnête.

Rappelez-vous comment cet "honnête investisseur" (peut-être qu'il le soit devenu) a fait sa fortune, AVEC la complicité de ces tortionnaires, en hypothéquant la santé des algériens, toutes ethnies confondues, avec ce rond à béton irradié importé d'Ukraine après l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Je ne comprends pas comment on peut défendre ce type de comportement sauf à profiter de prébendes, ce dont je doute.

En sport de compétition, maintenant il est avéré mondialement qu'au moins tous ceux qui montent sur un podium, ont à un moment donné usé de moyens de dopage.

En Algérie, ceux qui ont grimpé sur le podium de la richesse à la vitesse de l'éclair n'ont certainement pas usé de moyens honnêtes, donc aux dépens de tous les autres algériens.

Ne vous en déplaise, je suis donc partisan du vieil adage de chez nous : "Ma âandec ma tkhayar ma oueled el kelba, gaâ ekleb" ("Il ne sert à rien de choisir parmi les petits de la chienne, ce sont tous des chiens"), ce n'est qu'un adage comprenons-nous bien, avec le respect que je dois à l'être humain.

Celui qui restera en dernier devra rendre des comptes au peuple !

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