Les extraits jugés "antisémites" par Mme Toumi (Deuxième partie)
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Les grands desseins marchant toujours par deux, la seconde ambition secrète de Sarkozy pour le Territoire des Frères Ali Gator est, elle, fourrée à l’intérieur d’un grand rêve secret : l’Union méditerranéenne.
Pour Sarkozy, il s’agit d’un objectif doublement capital. D’une part, en tant que Commonwealth français, il va enfin redonner à la France une partie de l’influence perdue.D’autre part, il va « blanchir » Israël et accélérer son intégration dans la communauté internationale.
La France sait plus que jamais que son avenir de puissance influente n’est plus en Europe.
Sur le plan économique, l’Allemagne, ayant réussi sa réunification, est loin devant. Sur le plan politique, les Anglais ont pris un leadership incontesté, soutenus en cela par les pays de l’Est.
Par conséquent le salut de la France ne réside plus que dans un pari : inventer un nouvel espace économique et politique où elle pourrait prendre le leadership et dans lequel ni l’Allemagne, ni le Royaume-Uni ne pourraient lui faire concurrence.
Elle a donc regardé à son… Sud.
Pour Sarkozy, il y a aussi Israël qui a tout à gagner de l’Union méditerranéenne et qu’il faut aider à regagner la respectabilité voulue sur la scène internationale.
L’intérêt stratégique d’Israël est une cause pour laquelle Sarkozy semble se dévouer corps et âme. Le président français doit son élection, en grande partie, aux lobbies pro-sionistes : le Conseil représentatif des juifs en France (CRIF), mais aussi et surtout l’AIPAC («The American Israël Public Affairs Committee» - Comité américain pour les affaires publiques d’Israël), principal lobby d’Israël aux États-Unis).
Le CRIF et l’AIPAC ont autant favorisé le succès de Sarkozy que démoli les chances de Chirac et des chiraquiens. Sarkozy s’est fait subtilement adouber par l’AIPAC lors de son fameux discours pro-israélien de 2005 à Washington avant de jouer habilement de son image de « juif hongrois » pour devenir la star du CRIF. Mais Sarkozy a surtout profité de l’offensive anti-Chirac dont il est établi qu’elle fut – aussi – menée par les lobbies pro-Israël. On dit que le CRIF a, en effet, a beaucoup contribué à la chute du prestige de Jacques Chirac en alimentant méthodiquement la campagne qui le fit passer pour un voleur et un corrompu.
Ce n’était que revanche. Le lobby sioniste en France – avec Sarkozy en support depuis des années – n’a, en fait, jamais pardonné 3 choses à Jacques Chirac : avoir dans les années 1990 déclaré qu’une bombe trouvée chez une fille et qui a failli exploser dans un avion de la compagnie aérienne d’Israël était un coup monté du Mossad ; avoir rendu un hommage officiel à Arafat ; s’être opposé au plan israélien de morceler le monde arabe sur une base ethnique et religieuse, plan dont l’Irak n’était qu’un simple préambule.
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C’est que Boussad est bien le gamin de cette aristocratie anonyme.
Il parle avec dévotion de son père, lui-même orphelin dès la petite enfance, fils unique sauvé de la misère par un oncle, instituteur kabyle, devenu ouvrier ébéniste, puis technicien en tout genre chez un riche juif algérois qui possédait les illustres cinémas d’Alger, le Plaza et le Marignan de Bab El Oued, le Colisée et le Versailles du centre-ville. Il évoque avec admiration cet homme qui s’est saigné pour instruire ses neuf enfants et qui s’autorisait pour seul luxe, la cigarette, le luxe maudit qui lui coûta avec le temps, une lente agonie due à un cancer des poumons.
Boussad reçut de son père deux ou trois clés pour la vie : l’osmose avec sa société ; le devoir d’être heureux ; le goût de la création ; la tolérance et l’ouverture sur les autres…« Je ne me sentais musulman que par mes différences culturelles vis-à-vis de mes copains juifs ou chrétiens. Et j’en étais fier, bien sûr », me confia-t-il.
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Je suis convié sur tous les plateaux en qualité de « journaliste opposant », dans l’espoir, sans doute, que j’apporte mon seau d’eau à la curée antinationale. Mes déclarations déçoivent les médias français. À RTL, je suis l’invité du journal. L’animateur prend soin de me présenter sous mes hauts faits d’armes de contestataire, et me demande :
- Pensez-vous que l’incident Mohamed Chérif Abbès est clos ?
Je lui réponds que l’incident est clos diplomatiquement,mais que dans la réalité la polémique aura révélé un vrai climat de méfiance, une vraie frustration, un sentiment d’humiliation réel né des derniers comportements arrogants de Sarkozy sur les crimes coloniaux et l’immigration.
J’ajoute que mes compatriotes s’estiment fondés à redouter que derrière ses attitudes ne se cache une stratégie de reconquête néo-coloniale et ils ont voulu lancer un message d’exaspération à Nicolas Sarkozy.
Mes propos ne correspondent pas au message que voulait diffuser la plus célèbre radio de France à cette heure de grande écoute. L’animateur me relance, un brin courroucé :
- Mais quand même, cela justifie-t-il les propos antisémites du ministre ?
Je rétorque que Mohamed Chérif Abbès, chargé sans doute d’apporter la réplique, a exploité tout cela à sa manière, pour des objectifs politiciens, en leur donnant une teinte islamo-conservatrice, haineuse, odieusement antisémite, croyant ainsi caresser la fibre populiste dans le sens du poil. Je précise à l’animateur queMohamed Chérif Abbès comme le chef du gouvernement Abdoul le Persan font partie de la frange politicienne opportuniste qui fait de la guerre et de la mémoire un fonds de commerce mais qui n’en croient pas un mot. « Ni l’un ni l’autre ne parlent au nom de mes compatriotes qui, eux, condamnent le recours aux arguments antisémites, exécrables et qui attisent la haine. »
Jugeant l’instant opportun pour refermer sur moi mes contradictions, mon confrère français m’interpella avec un sourire entendu :
- Mais vous-même, Mohamed Benchicou, qui n’êtes pas un islamoconservateur et avez été emprisonné par le régime pour vos écrits, vous écrivez dans votre dernier éditorial sur le site lematindz.net : « Une “relance des relations algéro-françaises’’ qui reposerait sur notre silence devant le mépris du président français, ne conduirait-elle pas, d’une façon ou d’une autre, à une recolonisation du pays, à son arrimage à des intérêts obscurs, à un nouveau protectorat en quelque sorte ? »
Je comprenais sa perplexité : ma position perturbait la conception binaire que nos amis français avaient des gens de ma terre : noirs ou blancs. De quelle nuance grise étais-je pour, à la fois, me revendiquer de mon époque et user de références qu’il jugeait médiévales ?
Je lui expliquai qu’il n’était pas besoin d’utiliser des arguments antisémites exécrables et condamnables pour décrire un fait incontestable : il y a bel et bien une arrogance sarkoziste. Ce n’est pas Mohamed Chérif Abbès qui a déclenché les hostilités, c’est Sarkozy, alors candidat, en s’alignant brutalement sur les thèses des nostalgiques colonialistes, prisonnier
qu’il était de sa stratégie de séduction de l’électorat lepéniste.
Ensuite, en tant que président, en rejetant avec mépris la repentance, puis en commettant le discours de Dakar, puis la politique sur l’immigration, puis l’ADN, et les diatribes antimusulmanes rapportées par le journaliste de Libération.
L’animateur, exaspéré, coupe illico le micro.
Commentaires (25) | Réagir ?
En parlant de la france, est ce que leurs médias critiquent leurs gouvernement comme on le fait.
La volonté populaire ça ne vient pas toute seule:dans notre tempéremment chacun pour soi;oui ou non?
On s est habitué à l argent facile.
A lire les commentaires à propos du livre (dont tout algérien est au courant de se qui se passe), et qui sont lus par le monde entier, on dirait que ce sont des moins que rien, c est ça le nationalisme?un peu de civisme. il y a d autres moyens pour s exprimer. khafou rabi.
La repentance de la FRANCE ne peut venir que lorsque cette dernière trouvera en face d'elle un pouvoir réellement souverain, porté par une volonté populaire, où les calculs politiciens seront mis de coté, et aucun accord de n'importe quel ordre ne doit être négocier sans la satisfaction de cette revendication légitime. BENCHIKOU. COMME JOURNALISTE ET ECRIVAIN indépendant pose la problématique, de la libre expression en ALGERIE, est ce interdire la publication d'un livre solutionne le problème, au contraire, le livre serait quand même lu par d'autres biais et l'image de notre pays serait encore rabaissée car ces genres de pratiques sont des signes annonciateurs de décadence culturelle et politique.