9 mai, rendez-vous avec le ciel : le pas de danse de Mercure sur le soleil
La planète Mercure passe devant le soleil, Giacomo Balla, 1914
Ce 9 mai, Mercure tracera son ombre mouvante sur le soleil en passant entre l'astre éclairant et notre Terre. Un moment toujours merveilleux qui nous fait croire aux beautés du ciel, bien existantes et sans menaces de l'invisible. Le rêve n'est pas incompatible avec la raison et la science.
Pendant plusieurs heures, quelques territoires chanceux de notre planète pourront jouir du spectacle de Mercure qui apparaîtra sous forme d'un petit disque noir se déplaçant sur le soleil. Comme tous les débuts d'éclipses, les observateurs auront l'impression que cette tâche noire et ronde commence à grignoter l'étoile avant de la traverser lentement. On appelle ce phénomène le «transit d'une planète».
Comme tous les phénomènes astronomiques rares, récurrents et visibles, ils suscitent une curiosité immense. L'humanité sera devant le spectacle impressionnant de l'Univers qui le dépasse, de par ses dimensions et ses forces gigantesques. L'astronomie, c'est toujours l'occasion de traiter l'actualité sous une forme rêvée. Elle laisse cependant place à certains éclaircissements pédagogiques qui ne font plus peur aujourd'hui mais qui appellent à l'émerveillement.
Mercure, la plus réfractaire à se montrer
Mercure est la planète la plus proche du soleil. Elle parcourt son orbite en 88 jours et comme son plan de rotation n'est pas le même que le notre, les chances d’alignement qui permettent de l'entrevoir sont rares. Elle reste très pudique contrairement aux places visuelles et ostentatoires que prennent les grandes planètes comme Jupiter ou Saturne. Son existence est occultée par la lumière de sa grande voisine dont elle est captive et qui ne lui laisse que peu de place au spectacle de sa beauté.
Mercure fait partie des cinq planètes du système solaire connues dès l'antiquité. Mais comme sa rotation ne s'éloigne jamais du soleil, Mercure souffre d'une très faible luminosité, ce qui semble évident. Les conditions de son observation furtive ne pouvaient être réalisées qu'en début puis en fin de journée, ainsi plusieurs civilisations furent trompées par cette double apparition et crurent en l'existence de deux planètes.
Il y eu Set et Horus chez les égyptiens, Bouddha et Rauhineyra en Inde et chez les grecs, la planète du matin fut nommée Apollon, dieu du jour et de la lumière et celle de la de la nuit, Hermes, le dieu des ténèbres, de l'obscurité et des brigands. Ce n'est qu'une longue période après que des observations patientes révélèrent l'unicité de la planète. Si nous faisons ensuite un très grand bon en avant dans l'histoire, une étape cruciale fut l'envoi de la sonde américaine Mariner 10 en 1973. L'humanité pouvait enfin "toucher" de ses yeux la géographie de cette très lointaine planète.
Nous savons que les planètes du système solaire portent des noms de dieux romains, eux-mêmes issus de la mythologie grecque qui leur attribuait des noms différents. Par la vitesse de sa course, la planète portera à jamais le nom du dieu «messager des autres dieux», du commerce, de l'échange et du profit. Mercure est assimilé au dieu grec Hermès. Il porte des sandales aux pieds, le pétase (chapeau grec plat) et le caducée (une tige d'olivier surmontée de deux ailes entrelacées de deux serpents) servant à guérir les morsures de serpent. Un coq ou un bouc complète cette étrange panoplie du dieu mythique.
Le phénomène de transit n'est observable que treize ou quatorze fois par siècle. Le dernier s'est produit il y a dix ans et on prévoit les prochains en novembre 2019, en novembre 2032 et en mai 2049. C'est dire combien il ne faudra pas rater ces rendez-vous si rares dans la vie d'un homme. La planète est bien timide mais bien coquette car elle sait que la rareté de son apparition crée du désir. Et pendant cette courte apparition, la petite planète aura son moment de gloire car elle sera enfin la «star», terme attribuée sémantiquement à la grande géante dont elle est prisonnière dans une ronde perpétuelle.
L'effrontée montera la première sur le bûcher
Mercure nous fait rappeler l'histoire mythologique d'Icare qui voulut voler pour se rapprocher du Soleil. Ses ailes brûlèrent pour avoir défié la puissance de l'astre régnant. De même, Mercure nous semble la plus effrontée des planètes car elle défie le Soleil en faisant sa ronde céleste si proche jusqu'à exécuter un pas de danse sur le reflet de sa lumière. Un spectacle visible dans tout le système solaire.
Le Soleil fait preuve d'une infinie patience avec Mercure car la petite planète est épargnée depuis des centaines de millions d'années du châtiment qui s'est abattu sur Icare. Probablement par son mépris d'une si petite taille qui vient tracer sa toute petite ombre sur lui, de temps en temps, sans la moindre égratignure sur le géant et maître des cieux.
Mais surtout, il sait qu'il tiendra sa vengeance le moment venu. Si les scientifiques ne se trompent pas, il connaîtra dans environ cinq milliards d'années une mort inexorable avec l'achèvement de son processus de combustion nucléaire. Les scientifiques décrivent la mort par un gonflement gigantesque de l'étoile dont le nuage brûlant avalera progressivement toutes les planètes, une par une. Mercure sera alors la première à disparaître et sa consumation encore plus rapide que les autres. Elle montera donc la première sur le bûcher, en martyre sacrificielle dédiée à la mort de son étoile.
Les Algériens et le ciel
Les algériens ont cette chance extraordinaire d'être parmi les élus pour lesquels la pudique planète osera dévoiler son pas de danse léger sur la paroie du soleil. Le 9 mai, la planète fera son show et se prêtera à tous les regards. Pour une fois, les jeunes algériens auront un rapport de curiosité et d'enchantement avec le ciel, dénué de toutes craintes injustifiées. Ce qu'ils ont au-dessus de leur tête est leur avenir car il porte toutes les marques de l'intelligence de l'homme. Ils pourront rêver et se projeter, l'instant de la représentation céleste et magnifique.
Ils vivent un moment privilégié car les technologies et les sciences expliquent beaucoup de zones d'ombres et éloignent les obscurantismes. Elles permettent également une vision extraordinaire de leur environnement spatial, comme jamais auparavant.
Le 9 mai, nous partagerons ensemble la vision du ciel et cela quelle que soit notre conviction intime sur son interprétation. Un moment de communion où nous aurons tous la tête dans les étoiles, à admirer la beauté de ce qui nous est offert du ciel.
Pour que le spectacle ne se transforme pas en drame, il faut rappeler sans cesse aux plus jeunes, surtout les plus téméraires et inconscients, de ne jamais regarder le soleil en face sous peine de très graves lésions oculaires. Les lunettes habituelles pour admirer les éclipses ne sont pas adaptées car la planète a une dimension trop réduite. Les spécialistes recommandent des lunettes et télescopes des astronomes amateurs munis de filtres solaires appropriés. Pour un système plus abordable, le plus simple est un solarscope, une sorte de boite cartonnée munie d'un objectif avec une lentille couplée avec un petit miroir convexe. Le dispositif permet de regarder sans risque la projection de l'image inversée du soleil sur un écran, même de fortune.
Sid Lakhdar Boumédiene
Enseignant
Commentaires (3) | Réagir ?
Cela a du demander à l'auteur la compulsion de plusieurs manuels pour étoffer l'Article, pas mal ça nous change Mr L Boumedienne.
Au fait la version des Zaouias sur mercure et les présages seront intéressants à lire.
Il y a beaucoup de choses de l'univers qui échappent à la compréhension humaine et qui tombent sous le coup de l'interprétation irrationnelle, obscurantiste , ou simplificatrice en invoquant l'existence d'un Dieu omnipotent et maitre de l'univers. A fortiori lorsque l'homme ne possède pas toute l'intelligence ou ne parvient pas à expliquer certains phénomènes de la nature ou certaines lois de l'univers. c'est à ce moment-là que les créationnistes bouclent tout et concluent à la faiblesse de l'homme en ramènant tout à un Dieu omniscient et omnipotent. Tout le contraire de cette quête effrénée du savoir et de la compréhension qu'Albert Einstein exprimait par cette citation ; " Tout ce qui est incompréhensible dans ce monde, est que le monde est compréhensible "
Sauf que depuis Einstein le monde a évolué sauf dans le monde Sunnite où seul la parole du prophète est une science venue du ciel et qu'il ne faut rien changer parce que c'est du blasphème et j'en passe sur toutes les conneries possibles que nous pouvons et entendre un peu partout, je n'est pas envie de m'étendre sur le sujet, mon article sera censuré.