Congo : "Des civils bombardés" par l’armée gouvernementale
L'organisation de défense des droits de l'homme, Amnesty International, a affirmé lundi que l’armée gouvernementale de la République du Congo a bombardé des zones résidentielles à la suite des élections controversées du mois dernier.
Au Congo-Brazzaville, les premières missions humanitaires dans le Pool livrent leurs premiers résultats. Ce département au sud de Brazzaville est la cible des bombardements du gouvernement depuis deux semaines. Des raids menés en représailles de l'attaque de Brazzaville dans la nuit du 3 au 4 avril, attribuée aux Ninjas proches du pasteur Ntumi. Amnesty International a pu compiler les témoignages de plusieurs habitants de la région.
Depuis 15 jours, les autorités assurent que seules "des centres de commandements du pasteur Ntumi" ont été ciblés. Mais selon Amnesty International, les frappes aériennes gouvernementales ont touché des zones résidentielles, y compris des écoles, des installations médicales, des églises. "Les gens nous ont raconté ce qui s’est passé dans les villages de Soumouna, Mayama, Nguela, Kimba, qui ont été, d'après nos sources, les localités les plus bombardées. Les sites qui ont été bombardés étaient des zones résidentielles où il y avait bien sûr la résidence Ntumi, mais également des églises, des écoles, des maisons privées, qui ont été affectées par les bombardements", explique Ilaria Allegrozzi, chercheuse chez Amnesty International.
L'ONG n'a pas pu se rendre sur place à Brazzaville ces derniers mois, mais elle a compilé de nombreux témoignages des populations des localités touchées qui ont fui soit en brousse soit vers Brazzaville ou d'autres villes. "Il y a eu énormément de déplacés. Les localités qui ont été affectées ont été complètement désertées. Les gens avec qui on a parlé qui venaient de ces localités, notamment Soumouna, Kimba, sont partis dans la brousse ou dans les villages environnants pour pouvoir se réfugier. Des gens ont été hébergés dans des familles d’accueil, mais des centaines de personnes ont aussi dormi à la belle étoile", rapporte Ilaria Allegrozzi.
D'après Amnesty International, les bombardements auraient fait au moins 30 morts, mais ce chiffre doit être pris avec beaucoup de précautions en raison du manque de témoin. Des journalistes qui ont tenté de se rendre dans les zones touchées disent en avoir été dissuadés par les forces de l'ordre sur place au motif que leur sécurité n'était pas assurée. Pour l’ONG, il s'agit là d'une utilisation illégale de la force par les forces de sécurité et d'une violation flagrante des obligations des droits de l'homme. "On n’a pas pu confirmer de manière indépendante le nombre de morts parmi les populations, ni le nombre de morts parmi les forces de sécurité ou les milices de Ntumi,précise la chercheuse. (…) Les témoins avec lesquels on a parlé nous ont rapporté des morts parmi les populations. Notamment un témoin oculaire raconte avoir vu au moins trente cadavres entre le village de Nguela et le village de Soumouna, ce qui dénote vraiment un usage excessif de la force de la part des forces de sécurité et qui représente une violation des engagements pris par le Congo-Brazzaville au niveau international."
Amnesty demande qu'une enquête indépendante approfondie et impartiale puisse être diligentée. Il y a cinq jours, le Haut-Commissariat des Nations unies des droits de l’homme a demandé à ce que les acteurs humanitaires puissent avoir accès sans délai au Pool. Caritas, qui travaille en concertation avec le gouvernement doit rendre prochainement ses premières conclusions. Un premier bilan très partiel évoquait environ 250 déplacés en fin de semaine dernière.
Denis Sassou Nguesso, l'un des plus anciens dirigeants au pouvoir en Afrique, a été réélu à l'issue d'un scrutin dont le déroulement a été dénoncé par l'opposition.
Avec RFI
Commentaires (1) | Réagir ?
Cela, n'a rien d'étonnant les dictateurs, il faut agir comme eux, c'est l'ensemble du peuple qui doit agir, pour les chasser.