Que comprendre du silence d'Ahmed Ouyahia ?
Le silence d’Ahmed Ouyahia, comme d'ailleurs celui d'Abdelmalek Sellal, est troublant concernant les révélations sur son ministre-militant, Abdeselam Bouchouareb.
Ce ministre, donneur de leçons sur le patriotisme économique, a, tout récemment menacé de poursuites l'investisseur-modèle, Issad Rebrab l'accusant de fraude et d'investissements douteux. Tel est pris celui qui croyait prendre.
"Le ministre de l'industrie et des mines a accusé Rebrab d'avoir essayé d'introduire des équipements vétustes en Algérie dont la facture se chiffre à 5,7 millions d'euros", lit-on sur L'Econews du 28 septembre 2015. C’est décidément l’arrosé arrosé. Alors qu’il a les deux mains dans le pot de miel, le toujours ministre de l’Industrie et des mines s’en prend aux autres.
Quand bien même cette accusation serait vraie, nous noterions, tout de même, que Rebrab voulait introduire des outils de production de richesses, contrairement à Abdeselam Bouchouareb, qui, lui, vidait les caisses et fraudait avec les impôts.
Cette fois, il n’y a plus de doute ! C'est une certitude : ce ministre qu’on dit proche des milieux d’affaires français, est cité dans le scandale "Panama Papers" pour avoir fait sortir plus de 700 000 euros pour se payer une société offshore.
Il se tait, il n'infirme pas, il ne dit rien, il ne démissionne pas, il ne réagit pas. Et la justice algérienne garde le silence, ne cherche pas à obtenir des informations sur ces fameux transferts. En haut lieu, solidarité de clan oblige, on balaie du revers de la main les révélations.
Il est manifeste que ce ministre affilié au RND ne semble inquiéter aucune autorité algérienne. A commencer par son chef politique, Ahmed Ouyahia, patron du RND, ministre d'Etat et directeur de cabinet d’Abdelaziz Bouteflika, le président de la république.
Ahmed Ouyahia, a livré, en 1997, l'une des chasses les plus violentes au monde, impitoyable mais préjudiciable, à des cadres algériens qu'il avait jetés en prison sans avoir, au préalable, établi une quelconque preuve. Ces cadres étaient accusés de dilapidation des biens publics et, Ouyahia, qui aimait si bien le pays, avait décidé de sévir d’une main de fer.
Aujourd'hui que son poulain, Abdeselam Bouchouareb, éclaboussé par le scandale "Panama Papers", l'intègre et le patriote Ahmed Ouyahia, prompt à accuser toute voix discordante d’être à la solde de la main étrangère, se tait comme une carpe.
Le bon sens voudrait qu'il convoque ce troublant ministre-militant au sein de la commission de discipline, qu’il lui demande des comptes, voire exige de lui de se démissionner de ses responsabilités de ministre, ou, à la limite, lui retirer la couverture politique, en attendant que la justice fasse son travail.
Mais Ouyahia, comme au demeurant le premier ministre, ne commente pas, il garde le silence. En réalité, il n’y a pas lieu d’attendre quoi que ce soit des huiles du gouvernement. Il y a longtemps qu’on n’est plus dans un fonctionnement politique normal des institutions et des hommes.
Achour Boufetta
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merci
merci pour le sujet