Brexit : le Royaume-uni coupera-t-il la branche sur laquelle il est assis ?
Poussée par un argument électoral parti en cavale, la Grande-Bretagne pourrait bien passer à la casserole sa poule aux œufs d’or en quittant l’Union européenne.
Les Britanniques diront par référendum le 23 juin s’ils veulent voir le Royaume-Uni rester dans l'Union européenne. Selon un sondage demandé par le journal The Observer, qui a été répondu en ligne par près de 2000 personnes et qui a été publié le 3 avril, 43% des Anglais interrogés veulent quitter l’Union européenne tandis que 39% voudraient y rester. Face aux problèmes de la zone euro, la crise migratoire, les condamnations de l’ONU et l’attentat à Bruxelles, les Britanniques pensent pouvoir se sauver avec leur économie qui se porte plutôt bien et se débarrasser des Européens. Cela pourrait les préserver de la crise qu’engendrerait le FMI qui envisage de quitter la troïka des créanciers d'Athènes s'il n'arrive pas à s'entendre avec la Commission européenne sur la dette grecque. Le maire de Londres, Boris Johnson, qui est aussi candidat au poste de premier ministre a annoncé qu’il soutenait le Brexit. Il est à la tête d’un groupe influent incluant la presse de droite très hostile à l’UE et le magnat des assurances Arron Banks. Ce dernier aurait déjà investi plusieurs millions de dollars pour que le Brexit se produise. Ils sont appuyés par des professeurs de l’Université de Londres tel Angus Dalgleish.
C’est le premier ministre britannique, David Cameron, qui est la cause de cette situation. Dans le but de gagner sa campagne de réélection, il a promis en 2015 de renégocier les conditions d’adhésion du pays à l’UE et d’organiser un référendum pour que les Britanniques décident s’ils souhaitent rester dans l’union ou en sortir. Après des négociations avec les 27 autres États membres qui ne lui ont pas donné grand-chose, il fait tout de même campagne pour rester dans l’union. Il faut dire à la décharge de David Cameron que cette attitude qui ressemble à du chantage à la petite semaine n’est en fait que la continuation de la politique britannique face à l’Europe. Elle a permis au Royaume-Uni de jouir d’un statut à part depuis son adhésion en 1973 et de conserver sa monnaie au lieu d’adopter l’Euro.
Le référendum sur l’Europe ressemble donc à une mauvaise blague : C’était une fois le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France qui se battaient pour savoir qui sera le plus fort de l’Union européenne. Lequel partira en premier? Si cette farce n’a pas de chute, la Grande-Bretagne pourrait cependant elle en subir une si elle décide de prendre la voie du Brexit. L’Europe est maintenant beaucoup plus qu’une construction collective pour éviter que se reproduisent les deux premières guerres mondiales. Elle est une alliance économique et une démocratie représentative à l’échelle européenne. Cette structure unique respecte les diversités sociales nationales de ses membres et jusqu'à tout récemment faisait la promotion des droits de la personne. Selon le plus célèbre des scientifiques britanniques, Stephen Hawking et 150 autres membres de la Royal Society, le Brexit serait aussi un désastre pour la science en Grande-Bretagne et en Europe. La majorité des entreprises britanniques pense d’ailleurs que ce retrait de l’Union européenne assombrirait les perspectives économiques.
Une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne aurait des répercussions négatives sur le rayonnement international du pays. Les 64 millions de citoyens britanniques perdront aussi une bonne partie de leur influence sur les centaines de millions d’Européens du continent et devront négocier serré pour conserver Gibraltar que l’Espagne revendique. Le Brexit créera inévitablement une incertitude politique dans le pays et aura de lourdes conséquences pour le commerce, l’investissement et la position de la Grande-Bretagne sur la scène internationale. La moitié des exportations britanniques vont sur le marché intérieur de l’U.E. Paris et Francfort travailleront fort pour s’emparer des parts de marché laissées par le Royaume-Uni. Au niveau de la dette domestique élevée du pays, la Banque d'Angleterre croit que l'incertitude élevée pourrait entrainer des problèmes de financement. L’U.E renégociera avec vengeance les accords de libre-échange dont l’Angleterre aura besoin pour accéder au marché intérieur. Sortie de l’Union fera fuir les investisseurs étrangers et baisser encore plus le cours de la monnaie.
Michel Gourd
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