Bon à savoir sur le problème sahraoui et les pratiques du Makhzen
Après avoir rompu avec l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) il y a des années, le Makhzen est actuellement en litige avec l’UE (Union européenne) et l’ONU, toujours à cause du dossier « Sahara occidental ». Au moment où il se tourne encore contre l’Algérie avec parait-il « des bruits de bottes » à la frontière, nous avons cru utile de rappeler quelques faits enregistrés dans l’historique du dossier (1):
Par Noureddine M.
- "Pour les résistants et les combattants de l’armée de libération nationale (marocaine), l’indépendance ne se concevait que totale. Cinq mille d’entre eux, plutôt que de se fondre dans les forces armées royales, gagnèrent le sud et engagèrent le combat contre l’occupant espagnol. Ils luttaient au coude à coude avec les tribus unanimes à vouloir secouer le joug. Si le trône les avait soutenus, leur élan n’eut-il pas été irrésistible ? Sans doute….pour Mohammed V et son fils ainé, la libération du Sahara passait après l’affermissement de leur pouvoir encore frêle. Pour eux les combattants du sud étaient des rebelles en puissance dont la mise au pas s’imposait. Ce fut l’opération franco-espagnole Ouragan-écouvillon, exécutée en parfaite coopération avec les forces armées royales. Tandis que les tribus se débandaient sous les bombes, l’armée du sud était désarmée…Cela ne sera jamais oublié par les tribus. "
- "En 1972, des jeunes Sahraouis organisent à Tan-Tan, au sud du Maroc, des manifestations contre l’occupation espagnole. La police d’Hassan II les disperse sans ménagement. "
- "Sur le plan diplomatique, le Maroc marqua un point en obtenant des Nations unies qu’elles ajournent le référendum d’autodétermination et consultent la cour internationale de La Haye. Sur le terrain, le Polisario, armé par la Libye et l’Algérie multipliait les coups de main contre les garnisons espagnoles. "
- "Pour apaiser le souci des Nations unies d’entendre le vœu des populations sahraouies sur leur propre destin, l’accord de Madrid (partage du Sahara entre la Mauritanie et le Maroc ; la Mauritanie abandonnera plus tard sa revendication et reconnaitra la RASD) prévoyait a son article trois que – l’opinion de la population sahraouie, exprimée a travers la jemaa, sera respectée-. La jemaa était l’assemblée sahraouie. Le 6 décembre, a Alger, cinquante-sept de ses membres sur cent quatre, auxquels devaient s’ajouter dix autres –retenus au combat-, ainsi que des chefs de tribu, annonçaient leur ralliement inconditionnel au front Polisario, -seul représentant légitime du peuple sahraoui-.
- "Réaliste à son ordinaire, sachant reconnaitre une impasse pour ce qu’elle était et spécialiste des volte-face spectaculaires, Hassan II accepta à Nairobi (sommet de l’OUA) le principe du référendum…"
- " Abraham Serfaty, interrogé à l’audience… lança à la face de la cour : "« Le véritable responsable de cet arbitraire (emprisonnement et torture de militants) et de ce manquement à tout droit de l’homme et de la justice, c’est ce régime de traîtres, ce régime qui exploite le peuple marocain par la violence et la torture, ce régime qui mène une guerre colonialiste contre le peuple sahraoui. Et j’ajoute : Vive la République populaire du Sahara ! Vive la République démocratique et populaire marocaine ! Vive l’union du peuple marocain et du peuple sahraoui! Vive la révolution marocaine ! Vive la révolution arabe !"
- " Le 28 mars 1988, il (Hassan II) fera cette confidence a Jean Daniel : - Après la marche verte, j’ai dit à mon fils : - Ecoutez, si vous savez vous y prendre, je vous ai donné un siècle de tranquillité- ". Voilà tout est dit. On ignore ce qu’ont gagné les trois cent cinquante mille bougres qui ont déferlé sur le Sahara avec l’espoir de s’accaparer un patrimoine considéré vacant ou abandonné par les espagnoles. Par contre, les éternels gagnants, eux, ont eu le phosphate parce que "Hassan II, premier propriétaire foncier du pays, premier exportateur d’agrumes, premier entrepreneur, …ses placements a l’étranger sont innombrables", est pour la liberté d’entreprendre….avec les moyens du peuple sous couvert du "soutien de l’état ".
Aujourd’hui on constate que Hassan II a certes réussi à gêner le processus menant vers l’autodétermination du peuple sahraoui comme décidé par l’ONU, à neutraliser son armé qui a tenté àplusieurs reprises de le destituer (Skhirat, Boeing royal mitraillé par six F-5, tentative du général Dlimi), il a réussi aussi discréditer l’opposition légale et les islamistes aussi bien extrémistes que modérés. Seulement il n’a pas prévu les avancés de la cause berbériste en Afrique du nord ainsi que le retour de l’avant-garde d’une gauche rénovée. Ces deux militantisme, peu sensibles a la "darwacha" islamiste et rarement attirés par les râteliers des gouvernants, sont capables de mobiliser pour régler les vrais problèmes et donc inciter plutôt à regarder du côté du changement de régime et…des conclaves espagnoles.
Signalons que la phrase " je vous ai donné un siècle de tranquillité " rappelle quelque chose aux algériens ; elle leurs rappelle ce qu’avait dit aux autorités coloniales le général qui a dirigé la répression après le huit mai 1945.
N. M.
Note : (1) tout ce qui est entre guillemets est tiré du livre de Gilles Perrault "Notre ami le roi " édition Gallimard / 1992.
Commentaires (9) | Réagir ?
Featured Newspaper
valuable information
A NM :
Ce que vous écrivez peut être vrai. Il se peut aussi que cela soit faux. En tout cas, votre « presque » préconisation ne peut être réaliste ni envisageable par le Maroc.
Le Maroc ne se retira pas de son Sahara pour plusieurs raisons. Parmi ces raisons il y a d’abord la relation nouée par le peuple avec cette terre. Cette relation trouve ses fondements dans l’Histoire du Maghreb et plus particulièrement celle qui concerne les dynasties y ayant régné.
Une autre raison serait liée à l’identité même du Maroc : amputer le Maroc de son Sahara reviendrait à accepter que ce même Maroc puisse être dénaturé. Politiquement, cela s’apparenterait à un suicide ; sociologiquement et économiquement, cela reviendrait à créer une ou plusieurs zones de violences et de conflits permanents. Ces zones seraient grandes comme l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie réunis.
Autre raison relevant d’une candeur infantile serait celle liée à l’impérieuse construction maghrébine seul espoir pour cette région de relever les défis majeurs que présente le nouveau monde.
La situation actuelle n’est pas le fruit de cartes géostratégiques que s’échangeraient les puissances mondiales du moment. Elle est la résultante de combats et de batailles militaires. Comme vous le savez surement, l’ONU n’a résout aucun conflit ou différend depuis sa création. Et quiconque espère quoique ce soit de cette instance se leurre.
Le Maroc patiente. Et patientera encore longtemps. Tout le temps nécessaire pour permettre à l’Algérie sœur de revenir la raison. Celle d’avant 1830.
Rudulm
« Une autre raison serait liée à l’identité même du Maroc : amputer le Maroc de son Sahara reviendrait à accepter que ce même Maroc puisse être dénaturé… »
Je veux bien vous écouter quand vous nous parliez de géostratégie et des combines de l’Algérie à ce sujet, mais kamim !
Il y a d’abord l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.
Ce qui implique qu’aucun pays ne peut revendiquer un territoire lui ayant jadis appartenu et aujourd’hui annexé à un autre. Des tribus on été coupées en deux, parfois en trois (Kurdes, berbères, arméniens etc.) et des peuples n‘ont pas de patrie ou d’Etat. Palestiniens, kabyles… heueu… pas kabyles, pardon.
Peut-on vous rappeler que ce Sahara s’est appelé Sahara espagnol pendant un siècle et le Maroc s’en est bien accommodé. Et aujourd'hui encore il y a deux enclaves espagnoles au sein même du territoire marocain.
Quant à votre sortie: « Le Maroc patiente. Et patientera encore longtemps. Tout le temps nécessaire pour permettre à l’Algérie sœur de revenir la raison. Celle d’avant 1830. ». Récupérez d’abord Melilla et la Ceuta, on verra pour l’Algérie après.