Un deuxième officier supérieur de l'armée assassiné mardi au Burundi
Un officier burundais, issu de l'ancienne armée dominée par la minorité tutsi, a été assassiné mardi soir à Bujumbura, quelques heures après un autre officier sorti des rangs de l'ancienne rébellion hutu aujourd'hui au pouvoir, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
L'officier d'état-major, le major Didier Muhimpundu, a été abattu mardi aux environs de 20h00 locales (18h00 GMT) alors qu'il était dans un bar du centre-ville de Bujumbura, selon des témoins. Il a reçu un coup de fil de quelqu'un qui lui a demandé de le retrouver dehors, il est sorti (et) il a été tué par balles à ce moment-là, a expliqué à l'AFP un haut gradé de l'armée, sous couvert d'anonymat. C'est clairement un piège qui lui a été tendu, a estimé ce militaire. Cette information a été confirmée à l'AFP par les services de communication de l'armée burundaise mercredi.
Cet assassinat est survenu quelques heures à peine après celui du lieutenant-colonel Darius Ikurakure, abattu alors qu'il se trouvait dans l'enceinte de l'état-major général de l'armée à Bujumbura.
Cet officier, issu de l'ancienne rébellion hutu du CNDD-FDD, était le commandant du bataillon de génie de Muzinda, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale. Son nom a été régulièrement cité dans des cas de disparitions forcées ou de torture de jeunes issus des quartiers contestataires de la capitale, opposés au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza qui a déclenché une profonde crise politique dans le pays.
Ces deux assassinats font craindre une recrudescence des violences au Burundi, après une courte période de relative accalmie. Ce qu'on craint le plus, c'est que le Burundi ne retombe dans un nouveau cycle d'assassinats ciblés, de représailles, comme on l'a vécu après l'attentat (début août 2015) contre le général Adolphe Nshimirimana, a réagi auprès de l'AFP un diplomate occidental en poste au Burundi, sous couvert d'anonymat, avant d'ajouter: on semble s'y diriger tout droit.
L'assassinat du général Nshimirimana, homme-clé de l'appareil sécuritaire considéré alors comme le bras droit du président Nkurunziza, avait été suivi notamment par celui du colonel Jean-Bikomagu, une figure des ex-Forces armées burundaises (FAB) pendant la guerre civile entre l'armée dominée par la minorité tutsi et des rébellions hutu.
Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président a annoncé sa candidature en avril 2015 pour un troisième mandat. Réélu en juillet, il a ce faisant violé la constitution ainsi que l'accord d'Arusha qui mit fin à la guerre civile entre 1993 et 2006 (300.000 morts), selon l'opposition, la société civile et une partie de son camp. Ces violences ont déjà fait plus de 400 morts et poussé plus de 250.000 personnes à quitter le pays.
Selon des sources concordantes, la crise divise profondément la police et l'armée, qui aux termes des accords d'Arusha, sont désormais paritaires dans un pays où les hutu représentent 85% de la population et les tutsi 14%.
Le chef d'état-major de l'armée burundaise, le général Prime Niyongabo, qui avait lui-même réchappé par miracle d'un attentat dans le centre de la capitale en septembre 2015, a appelé dans un communiqué les militaires, partout où ils se trouvent, à rester sereins, calmes et unis pour résister à toute forme de manipulation visant à détruire les Forces de défense nationale (FDN).
AFP
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