Le premier ministre canadien comprend-il les Américains ?

Justin Trudeau, premier ministre canadien
Justin Trudeau, premier ministre canadien

Ce n’est pas en insultant ses voisins et en les mettant en danger que le Canada s’en fera de meilleurs amis.

Le 22 juin 2015 à Ottawa, alors qu’il se préparait à la campagne électorale qui allait le porter à la tête du pays, le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, prônait un réchauffement des liens avec les Américains. Il s'était même engagé à créer un comité au sein de son cabinet pour suivre l'évolution de cette relation. Ce comité aura donc comme mission dans les prochains mois de réparer les bévues du premier ministre qui semble parti sur les traces de son père en ce qui concerne sa relation conflictuelle avec les États-Unis.

Si le dîner d’État du 10 mars avec Obama se déroule sans pomme de discorde majeure, ce ne sera pas la faute de Justin Trudeau qui ne cesse d’agir contre les intérêts de son plus grand partenaire économique. Sa méconnaissance ou son manque de considération pour la dernière superpuissance mondiale qui est son voisin semble si profond qu’on pourrait prendre cette situation pour une forme d’arrogance.

Quand Trudeau a demandé aux Américains, pendant l’entrevue exclusive accordée à l’émission américaine 60 Minutes, de prendre le temps de mieux s’informer sur ce qui se passe à l’extérieur de leurs frontières, il insultait sciemment la population de la plus grande puissance militaire de la planète. Cette remarque semble de plus pointer vers une surprenante incompréhension de la part de Justin Trudeau du point de vue américain sur ce qui se passe dans le monde en 2016. Contrairement au Canada qui n’a que très peu d’intérêts stratégiques à l’étranger, les États-Unis sont partout sur la planète. Par obligation Obama est donc infiniment plus au courant des enjeux internationaux que Justin Trudeau. Pourquoi le premier ministre canadien ne semble-t-il pas s’en rendre compte?

En fait, ce sont plutôt les actions de Justin Trudeau qui semblent ne pas être en synchronisme avec ce qui se passe actuellement dans le monde. Le geste que le Canada a fait d’accueilli à toute vapeur 25 000 Syriens est peut-être un bel acte humanitaire, mais il est aussi un problème de sécurité qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur ses relations avec les États-Unis. Lui qui accueillait le 11 décembre le premier avion de réfugiés, criait victoire la dernière journée de février après avoir accueillis tous ces réfugiés venus dans une centaine de vols d’avions spécialement affrétés. En tenant sa promesse électorale au détriment des menaces sécuritaires qu’elle faisait peser sur les États-Unis, le premier ministre a montré qu’il faisait peu de cas de leur bien-être. Il faut aussi constater que cette décision d’accueillir autant de réfugiés en si peu de temps a été prise malgré les avertissements de plusieurs agences de renseignements et plusieurs attentats et actes criminels qui impliquaient ce même type de réfugiés.

Cette méconnaissance par Justin Trudeau des peurs et des intérêts des Américains était des plus évidentes lors de l’entrevue avec la chef des correspondants à l’étranger pour CBS News, Lara Logan. Questionnée sur la possibilité d’une attaque terroriste lancée par un de ces réfugiés syriens, sa réponse a été que leur accueil était le reflet des valeurs qui définissent sa nation. Ces propos passaient à côté du point le plus problématique de la situation. Ce n’est pas le Canada, mais les États-Unis qui risquent le plus d’être attaqués par des extrémistes qui se seraient glissés parmi des réfugiés légitimes. La frontière entre les deux pays part de l’Alaska et va jusqu’à l’État du Maine. Elle ne peut être vraiment sécurisée puis qu’elle traverse des lacs, des forêts, des villages et même des maisons! De plus, il y a 70 millions de voyageurs et 35 millions de véhicules qui traversent annuellement cette frontière.

Cette peur viscérale de possibles attentats sur leur sol qu’ont plusieurs Américains, si elle est repoussée du revers de la main par Justin Trudeau, n’en est pas moins réelle et bien présente aux États-Unis. Plusieurs Américains considèrent cet accueil précipité de réfugiés comme une menace bien réelle et en tiennent le Canada responsable. Un sondage de la firme Bloomberg montrait récemment que près de 40 % des Américains étaient en faveur de la construction d’un mur entre les deux pays. Les républicains, Donald Trump en tête, ont bien compris cette peur viscérale qu’ils exploitent et qui pourrait bien leur donner la victoire aux prochaines élections présidentielles. Le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, a même déclaré en août que la construction de ce mur à la frontière canado-américaine méritait réflexion. Un autre candidat à l’investiture républicaine, Ben Carson, parlait pour sa part d’y mettre l’armée et la Garde nationale américaines.

Ces récents propos de Justin Trudeau qui semblent montrer une profonde méconnaissance des Américains pourraient même nuire à l’économie canadienne. Plus de 75 % de tout ce qu’exporte le Canada traverse la ligne imaginaire de 8 891 km de longueur qui le sépare de son voisin. Qu’un seul extrémiste infiltré parmi les réfugiés syriens admis au Canada commette un attentat aux États-Unis et plus de 500 milliards de dollars d’exportation annuels pourrait subir d’importantes pressions sécuritaires et des retards aux frontières. Cela donnerait de plus un puissant élan au candidat républicain à l’élection présidentielle de cette année. En allant visiter la Maison Blanche, Trudeau pourrait avoir à expliquer pourquoi il a créé une situation qui a le potentiel de permettre aux républicains, et peut-être même à Donald Trump, de triompher en novembre. Un beau sujet de discussion pour la rencontre du 10 mars.

Michel Gourd

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Commentaires (3) | Réagir ?

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mhand said

ce trump, comme bush 1 et 2, ne sont que les représentants types de la mentalité de 60 pour cent des américain, a l egars de tout le reste du monde. ils pensent que tout ce qui n est pas comme eux, est contre eux et donc doit disparaitre.

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mhand said

a Mr gourde ! ce geste du canada ne fait que l honorer. ces gens qu il a accueilli ne lui seront que reconnaissants. et ce geste a l oppose de ce que vous voulez faire, vous et vos proches, ce geste donc, leur ouvrira tous les cœurs sensibles, se qui sera le contraire pour vous semeurs de haines et d effrois.

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