"Jungle" de Calais (France) : "Où est votre démocratie ?" clament huit migrants aux bouches cousues
Ce mercredi, huit Iraniens se sont cousu la bouche avec des aiguilles et du fil pour protester contre le démantèlement du bidonville.
Huit migrants iraniens se sont cousu la bouche avec des aiguilles et du fil mercredi afin de protester contre le démantèlement de la partie sud de la «jungle» de Calais, mené par l'État depuis lundi, a-t-on appris de sources concordantes. Ils ont brièvement défilé dans une allée du bidonville, la bouche partiellement cousue, ont constaté une vidéaste et un photographe de l'Agence France-Presse. «We are humans» («nous sommes humains») ou encore «Where is your democracy ? Where is our freedom ?» ("Où est votre démocratie ? Où est notre liberté ?"), pouvait-on lire sur deux des pancartes brandies.
"Ils nous ont sollicités pour qu'on leur couse la bouche, nous avons bien sûr refusé", a rapporté Olivier Marteau, responsable de Médecins sans frontières (MSF) pour Calais. "Ils ont fait ça eux-mêmes de façon peu sanitaire, en stérilisant des aiguilles en les chauffant", a-t-il ajouté, confiant que MSF "s'attend par conséquent à les recevoir bientôt en consultation médicale".
"Leur cabane venait d'être détruite"
Selon le responsable associatif, «cela montre bien que les solutions proposées ne leur conviennent pas», que ce soit le départ dans l'un des 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO) de France, dans le centre d'accueil provisoire (CAP) de 1 500 places installé dans la partie nord du bidonville ou dans l'une des 50 tentes de la Sécurité civile. «Ces huit Iraniens se sont cousu la bouche parce que leur cabane venait d'être détruite», a abondé François Guennoc, de l'association L'Auberge des migrants. Interrogée lors d'un point presse, la préfète Fabienne Buccio a répondu ne pas être au courant de leur geste.
La nuit qui a suivi a été relativement calme à la «jungle» de Calais. Sept incendies d'abris ont cependant été signalés à l'intérieur du bidonville, avant la reprise des opérations d'évacuation de la zone sud, a-t-on appris de sources concordantes. «Il n'y a pas eu d'incident sur la rocade portuaire. Un feu d'abri s'est produit vers 21 heures, éteint par la pluie, et six autres vers 4 heures, qui a nécessité l'intervention des pompiers mais qui n'a fait aucune victime», a déclaré la préfecture à l'AFP. Ces feux d'abris se sont multipliés depuis lundi, avec le début de l'opération d'évacuation.
Une première journée tendue
Vers 6 heures ce jeudi matin, un correspondant de l'AFP a également relevé une situation très calme aux abords de la «jungle», par un vent glacial. Dans la soirée de lundi, après la première journée tendue d'évacuation du secteur sud, où vivent de 800 à 1 000 migrants, selon la préfecture, mais 3 450, selon les associations, des incidents s'étaient produits sur la rocade portuaire, jouxtant la «jungle». Quelque 150 migrants, certains armés d'une barre de fer, avaient ainsi lancé des pierres ou tapé sur des véhicules en partance vers l'Angleterre. Les travaux d'évacuation devaient reprendre vers 9 heures sur la zone sud, dont environ 1 hectare, sur une surface de quelque 7,5 ha, a été évacué, selon la préfecture.
Londres donnera "une vingtaine de millions d'euros" de plus
L'aide financière britannique à la France dans la crise des migrants à Calais "va être augmentée d'une vingtaine de millions d'euros", a déclaré jeudi le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes. Il s'exprimait peu avant un sommet franco-britannique.
La contribution britannique à la gestion de la crise est actuellement "de plus de 60 millions (...) Il y aura une vingtaine de millions supplémentaires", a annoncé Harlem Désir à la radio RFI. Cette aide contribuera à accroître "la sécurisation de la zone d'accès au tunnel et de la zone du port de Calais", ainsi que "la lutte contre les réseaux de passeurs".
"Il y a aussi ce que la France fait pour permettre que les demandeurs d'asile qui sont là, et qui ne pourront pas être accueillis en Grande-Bretagne parce que la Grande-Bretagne ne les accepte pas en fonction de sa législation, puissent être répartis dans des centres d'orientation et d'accueil dans d'autres régions en France (...). Qu'ils puissent faire leur demande d'asile en France s'ils relèvent de l'asile, et s'ils sont dans des situations irrégulières qu'il puisse être procédé à leur retour dans les pays d'origine dans le cadre d'accords de coopération net de réadmission avec ces pays d'origine".
Avec AFP
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