France : crise au Parti socialiste et la loi controversée de Myriam El Khomri
Des proches de Martine Aubry, qui a cosigné cette semaine une charge virulente contre la politique de Manuel Valls, vont quitter la direction du Parti socialiste, annonce la maire de Lille dans le Journal du Dimanche.
Les premières fratures se font sentir. "Nous allons sortir du PS, nous souhaitons en discuter avec Jean-Christophe Cambadélis", le premier secrétaire du parti, déclare celle qui fut à la tête du parti entre 2008 et 2012. "On ne demande le départ de personne, on ne demande rien d'ailleurs", ajoute-t-elle. "Ceux de mes amis qui ont été sollicités ont refusé d'entrer au gouvernement. On ne veut aucun poste. On veut simplement que ce pour quoi on s'est battus toute notre vie soit préservé".
La maire de Lille figure parmi les signataires d'une tribune publiée cette semaine dans Le Monde, intitulée "Trop c'est trop" et qui dresse les "reculs" imputés au gouvernement, du pacte de responsabilité au projet de réforme du Code du travail en passant par le "désolant débat sur la déchéance de nationalité".
"Avant même la loi El Khomri (sur le code du travail-NDLR), j'ai été profondément choquée par les déclarations de Manuel Valls en Allemagne. Qu'un Premier ministre socialiste ne se mette pas du côté de ceux qui agissent, qui accueillent des réfugiés, je ne l'accepterai jamais", explique Martine Aubry au JDD.
Dans les colonnes de la Voix du Nord, le secrétaire national du PS et conseiller politique de Jean-Christophe Cambadélis, Gilles Pargneaux, confirme son intention de quitter l'instance dirigeante du parti. "Nous pensons que le président de la République doit prendre en compte ce que le parti propose. Or, là, le PS ne sert à rien. Il est mis de côté", estime-t-il. "On a l'impression que tout se décide dans un cénacle autour du Premier ministre. Dès lors, pourquoi rester à la direction ?"
El Khomri tente de déminer le terrain syndical
Myriam El Khomri poursuit cette semaine ses consultations avec les organisations syndicales et patronales sur son projet de réforme du code du travail contesté par une partie de la gauche et des organisations étudiantes, qui appellent à manifester le 9 mars, date de l'examen du texte en conseil des ministres.
La ministre du Travail, qui s'est entretenue avec la CFDT et la CFE-CGC la semaine dernière, doit recevoir ce lundi l'Unsa avant l'UPA (Union professionnelle artisanale) et FO mardi, puis la CGT, la CFTC, le Medef et la CGPME jeudi.
La contestation grandit contre ce texte - probable dernière grande réforme du quinquennat de François Hollande - qui cristallise l'opposition d'une grande partie de la gauche qui y voit une atteinte aux droits des salariés.
Dimanche soir, la CFDT, qui avait jugé "irréaliste" la semaine dernière la présentation du texte le 9 mars prochain, a appelé explicitement à un report de l'examen de ce projet de loi "totalement déséquilibré" à ses yeux.
"Le gouvernement a pu aisément comprendre cette dernière semaine que ce texte suscitait le désaccord de beaucoup de monde et de toutes les organisations syndicales", a dit le secrétaire général de la confédération, Laurent Berger, sur France 5.
"Plutôt que de s'obstiner à présenter ce texte en conseil des ministres le 9 mars et de voir ensuite des mobilisations - parce que je le dis, si ce texte devait rester en l'état, la CFDT se mobiliserait contre certaines parties de ce texte - donc plutôt que de faire ça, il faut repartir sur une concertation", a-t-il ajouté.
Avec Reuters
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