Nassima rend hommage à sa soeur Katia Bengana
Katia Bengana a été assassiné le 28 février 1994 à l’âge de 17 ans par les islamistes. "Le mal se fait sans effort , le bien est toujours un produit d’un art" Charles Baudelaire
Tu es morte trop tôt, fugitive, pourtant tu ne m’as pas fuie et moi je ne t’ai pas fuie non plus, nous sommes innocents les uns les autres au sein de notre infidélité. Oui, je sais que ta voix et ta beauté parlent bas, elles ne se faufilent que dans les âmes les plus éveillées.
Ô mon âme ! Qui verrait ton sourire et ne fondrait pas en larmes ? Les anges eux-mêmes fondent en larmes devant ton excès de bonté et ton sourire. Tout pleur n’est-il pas une plainte ? Toute plainte n’est-elle pas accusation ? Comment le supportai-je ? Comment ai-je enduré et surmonté de telles blessures ? Comment mon âme a-t-elle pu ressusciter de tels tombeaux ?
Mais je veux dire le mot que voici à tes ennemis : "Que peuvent bien être tous les meurtres devant tout ce que vous m’avez fait ? Vous m’avez pris ce que nul ne saurait me rendre ; vous m’avez volé mes nuits, vous les avez vendues au tournant et à l’insomnie".
Il n’y a pas pire malheur sur terre que de voir des puissants, mais en fait tout petits s’agissant de la dignité humaine, des valeurs au sens noble du terme. Tout devient alors faux, oblique et monstrueux. Mieux vaut vivre parmi les ermites qu’avec notre populace dorée, fausse et fardée. Ces hommes d’Etat ne nous ont appris que de fausses valeurs et des paroles illusoires, voilà les pires monstres pour les mortels.
En vérité, je préfère encore voir ceux qui n’ont pas de pudeur que les yeux révulsés de honte de ceux-là mêmes qui prétendent détenir la vérité. En effet, eux-mêmes n’ont jamais marché sur le tapis de la connaissance, ils ont jalonné de leurs propos sanglants les chemins qu’ils suivaient, et leur folie leur enseignait que l’on prouve la vérité avec le sang.
Mais le sang est le plus mauvais témoin de la vérité : le sang empoisonne même la doctrine la plus pure du venin de la folie et de la haine des cœurs. Regardez-les grimper, ces singes agiles, les uns pardessus les autres, s’entraînant dans la boue et l’abîme. Ils veulent tous accéder au trône ; c’est leur folie, comme si le bonheur y était assis, alors que c’est souvent la boue qui est sur le trône.
La vie est une source de vifs plaisirs, mais là où la canaille boit, tous les puits sont empoisonnés, ils ont même empoisonné l’eau sacrée avec leur bassesse. Ils baptisèrent du nom de plaisir leurs rêves malpropres. Non, ce n’est pas ma haine, mais mon dégout qui a rongé avec avidité ma vie. Hélas, souvent je me suis fatigué l’esprit lorsque je trouvai cette canaille car en fin de compte elle a réussi à empoisonner même les mots.
J’ai tourné le dos aux maîtres de l’heure, lorsque je vis ce qu’ils appellent maintenant la réconciliation. Alors pour eux, gouverner, c’est trafiquer et marchander avec le sang de tous les martyrs de notre chère Algérie.
Comment peut-on parler de justice ? La justice n’existe pas encore. Aujourd’hui, après 22 ans de souffrance, de mépris et d’injustice, rien ne peut me consoler, sauf cette solidarité de tous les Algériens anonymes qui ont exprimé leur rage de ce système condamné par l’Histoire.
Je lance à cette occasion la création d’une fondation au nom de Katia Bengana. Gloire à nos martyrs d’hier ; gloire à nos martyrs d’aujourd’hui.
Nassima Bengana
Commentaires (12) | Réagir ?
MERCI
Great info, good thanks.