Ce train a quitté les rails sur plus de 200 mètres suite à une perte de contrôle et a failli déverser une assez importante quantité de gas-oil. Il faut signaler que ce train à wagons-citernes faisait chaque jour la navette entre Constantine et Biskra en passant par Batna. Les services de la protection civile ont déployé leurs camions et plusieurs éléments pour maitriser la situation de cet accident qui aurait pu conduire à un drame. Aucune victime n’a été déclarée. Inévitablement, une enquête a été diligentée par les services concernés pour déterminer les causes réelles de cet accident.

Pourtant, pour éviter un tel "dérapage", une étude a été faite en avril 2008 mais n’a pas eu de suite malgré le lancement de l’avis d’appel d’offres pour d’importants travaux de rénovation. L’accident est justement dû au matériel défaillant : les traverses sont en bois importé et font actuellement défaut. La maintenance des voies a touché trois parties, à savoir le régulage, l’intermédiaire et le croisement. Ils sont introuvables sur le marché national et doivent donc être importés de France ou d’Autriche. Ce qui est également important, c’est le renouvellement immédiat des tronçons : Uun premier tronçon entre Ain M’lLila et Ouled Zouai, un deuxième tronçon entre Ouled Zouai et Ain Yagout, et un troisième entre Djerma et Batna.

Les faisceaux (échangeurs de voies) et tout ce qui est à l’intérieur de la gare doivent être réparés par l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaire (ANESRIF). C’est elle qui a failli à sa mission principale de renouvellement, c’est elle donc qui doit procéder au remplacement des tronçons des voies citées ci-haut. Il importe de signaler que depuis 1970 à ce jour, le renouvellement en question n’a pas été effectué. La SNTF n’est pas responsable mais plutôt l’ANESRIF qui doit s’en occuper en urgence pour éviter que d’autres incidents plus fâcheux se produisent. Quant au tronçon entre Biskra et Touggourt, il a été récemment renouvelé, ce qui ne manquera pas de mettre en confiance ses usagers.

Il est difficile de comprendre que dans un pays où l’argent coule à flot, où les institutions publiques ne consomment qu’en moyenne 20 % des enveloppes allouées pour leur exercice qu’on arrive à ce seuil de négligence criminelle et révoltante. Les responsables, souvent désignés par clientélisme et par complaisance ne se sentent jamais responsables des catastrophes dues à leur incompétence ou inertie. Cet accident grave aurait pu avoir des conséquences dramatiques sur le plan humain et déstabiliser une région entière. Continuerons nous à espérer une économie émergente, c’est le discours officiel, et nous contenter de faire passer pour faits divers des catastrophes économiques, écologiques et humaines de cette envergure.

Abdelmadjid Benyahia