Il ne se passe pas un jour sans que les commentateurs économiques ou politiques n’évoquent "l’alignement des planètes" pour annoncer le retour à la croissance. Un moment rare où l’opportunité se présente avec, en même temps, une baisse des taux d’intérêts, une baisse de la valeur de change de la monnaie européenne ainsi que celle du prix du pétrole.

Pour la jeunesse algérienne, l’année 2016 est ressentie avec angoisse car c’est exactement l’effet contraire, avec une baisse considérable des entrées des revenus nationaux accompagnée d’une hausse des valeurs de change, le tout dans une perspective politique sombre. Il n’en est pourtant rien, l’avenir radieux de l’Algérie se profile peut-être enfin car cette lecture inversée est totalement erronée.

En fait, la métaphore astrologique trouve sa traduction algérienne dans une concomitance de la mort des Dieux, de la chute maximale vers l’horreur des croyances déviées et, enfin, de la grande chance qu’offre la transformation de l’économie mondiale pour laquelle la jeunesse algérienne a des atouts considérables.

La mort des Dieux

Le premier signe astral est que la jeunesse algérienne voit se briser les chaînes qui retenaient la société dans un état d’enfermement et d’allégeance et qui annihilaient tout espoir de renouveau mental et économique. Ces anciens geôliers étaient nos Dieux et maîtres absolus. Aujourd'hui, ils se déchirent, se menacent et fréquentent les tribunaux comme les simples mortels. Ils donnent un spectacle pitoyable de leur chute dans un monde qui leur tourne le dos, jeune et avide de vivre.

Comme dans la mythologie grecque où les Dieux avaient leur nectar, l’ambroisie, les nôtres avaient le pétrole, la devise et le pouvoir absolu. Plus forte était notre chute et plus forte était leur ascension. La croissance pétrolière algérienne se mesurait en une fabrication d’un sous-prolétariat, pour eux c'était la montée en grade dans la puissance. Ils passèrent de colonels à généraux, puis de généraux à généraux majors. Et si les cours du pétrole avaient continué de monter, qui sait, nous aurions eu des maréchaux d’empire puis des empereurs. Nous l'avons échappé belle !

La jeunesse algérienne ne connaît rien de tout cela et c'est un grand bonheur pour elle. La mondialisation, l'instruction et les réseaux sociaux ont définitivement mis à néant le royaume des Dieux car celui-ci ne peut survivre qu'avec l'obscurité et l'enfermement contrôlé. Ce monde ancien n'est plus celui de la jeunesse qui communique avec la vitesse de la fibre optique et des canaux sociaux si diversifiés qu'ils en donnent le tournis aux fonctionnaires du contrôle de la pensée. Une époque a basculé, celle de la jeunesse algérienne naît à la lumière, ouverte, florissante et sans limites.

Comment peut-on croire, dans ces conditions, que cette belle jeunesse n'a pas d'avenir ? Voilà donc que la première planète se met en place dans l'alignement astral.

La mort d'une doctrine détournée

Tant que le pétrole coulait à flot, beaucoup avaient intérêt à plonger la population dans une mystique religieuse. Comment le drame, pourtant prévisible, qui a vu des milliers de jeunes s'enfoncer dans les ténèbres de l'horreur, peut-il durer ?

Et si ce n'est pas encore suffisant pour réveiller certains, l'inondation annoncée du pétrole iranien va les sortir de leur léthargie car même la barre des dix dollars n'est pas le fond de la descente. Que le lecteur indigné se rassure, il ne s'agit absolument pas d'écarter les croyances et la morale religieuse. Il s'agit, bien au contraire, de remettre les jeunes algériens dans la bonne lecture des textes, intelligente et adaptée. Les religions sont l'une des bases formatrices de la morale humaine, de son organisation et de ses valeurs. Non seulement il ne faut pas les écarter mais il faut absolument y revenir (pour ceux qui le souhaitent). La tolérance, l'égalité, la récompense du travail bien fait et bien d'autres valeurs religieuses sont indispensables au renouveau de la jeunesse algérienne si elles sont accompagnées par un engagement éclairé. L'esprit n'est jamais emmuré lorsqu'il est libre et dévoilé.

Comme on ne peut plus aller au-delà de la déviance actuelle et de son impasse, il est certain que les choses reviendront à leur état normal plus rapidement. Les défenses immunitaires et l'instinct de survie de l'humanité reprendront inéluctablement le dessus, ainsi est faite l'histoire de l'homme. Même si la fièvre de certains enragés continue, ils ont déjà perdu car la jeunesse algérienne, dans sa majorité, a compris combien il était dangereux de placer leur vie sous contrôle d'une dangereuse mystique. Et cette fois-ci, ils n'auront pas le droit à l'erreur dans le choix, laisser leur vie être contrôlée par une démarche mystique collective ou s'adonner librement à une croyance privée, profondément intime et plus vraie.

Et voilà notre seconde planète qui se met, petit à petit, en alignement avec la première et attend la troisième qui se pointe dans le ciel du bouleversement de l'économie mondiale, une opportunité pour les jeunes algériens.

Le renouveau économique est dans les hommes

L'économie est un espoir, une dynamique et un état d'esprit qui se réveille en chacun de nous pour converger dans une fantastique alchimie collective. Ma génération a connu les Chinois dans une misère que les jeunes Algériens ne peuvent imaginer. Ils sont maintenant au rang de puissance mondiale, en un clignement d’œil à l'échelle historique.

L'économie n'est rien d'autre que l'intelligence de l'homme qui trouve toujours le moyen d'aller de l'avant. Laissons les "experts" en économie penser qu'ils détiennent une vérité et déverser une quantité de mots, de chiffres et de concepts comme le faisaient les médecins de Molière. C'est l'homme, le tout-puissant, et rien que lui. Une idée simple mais difficile à faire comprendre à ceux dont on a anesthésié volontairement les esprits pour mieux accumuler le pouvoir et les fortunes . C'est l'intelligence humaine qui crée la richesse, elle seule. La jeunesse algérienne a de magnifiques projets devant elle, le solaire, l'informatique et bien d'autres choses à conquérir car elle est formée, enthousiaste et n'a peur de rien. Qu'elle n'écoute que son rêve et sa magnifique envie de réussir.

La jeunesse a besoin de connaître les fantastiques délices de la connaissance, du plaisir légitime et tout simplement de vivre. Elle n'hésitera pas, à un moment ou à une autre, à comprendre que seule la liberté de pensée est son avenir et que tout le reste n'est que marginal car l'homme et la femme libres d'esprit sont de redoutables antibiotiques contre les déclins économiques et les népotismes.

Mais il faut qu'elle reprenne tout à zéro et reformate le logiciel de pensée. Un officier militaire est un fonctionnaire, une femme est l'égale de l'homme, la croyance religieuse est une affaire privée, les différences de langues et de cultures sont des richesses... Tout un discours que la jeunesse algérienne peut réapprendre facilement. Les jeunes apprennent vite !

Sid Lakhdar Boumédiene

Enseignant