Mediapart : un lanceur d’alerte qui compte dans l'espace médiatique
Le monde bouge. L’évolution impressionnante des technologies au cours de la dernière décennie a engendré de nouvelles conditions pour la liberté d’expression et d’information dans le monde.
Au cours du XXe siècle, l’information se propageait de bouche-à-oreille et par le biais de la poste, la radio et télévision ou la presse écrite et de livres.
Une nouvelle dimension de l’information prend forme aujourd’hui avec le développement des technologies et en particulier la disponibilité progressive d’Internet. Cette nouvelle donne a accéléré et modifié la relations l’émetteur-récepteur. Les flux d’informations sont désormais diversifiés, réversibles et plus accessibles.
La communication numérique a créé des opportunités plus nombreuses et à bon marché pour les radiodiffuseurs, et un éventail de choix plus diversifiés pour les utilisateurs. Aujourd’hui, les groupes médiatiques diffusent des informations par le biais d’une multitude de plateformes dans le but d’atteindre le maximum d’auditeurs.
Deux grands lanceurs d’alerte retiennent aujourd’hui l’attention des spécialistes. Il s’agit de Wikileaks avec Julian Assange et Mediapart avec Edwy Plenel.
S’agissant des scandales de la guerre en Irak et en Afghanistan et de la corruption, Wikileaks a publié des dizaines de documents attestant de la réalité de ces faits. Les révélations de l’organisation de Julian Assange ont également pointé du doigt les abus de détenteurs du pouvoir, notamment au sein des gouvernements occidentaux.
Avec la révélation du scandale Dassault, le compte Cahuzac, le financement de la campagne électorale de 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye…, Mediapart s’est hissé au rang de site qui dérange, qui fait trembler les politiques en France. En huit ans d’existence, sur la scène médiatique de l’Hexagone, Mediapart est en passe de devenir une légende du journalisme d’investigation.
Le jeune portail a déjà épinglé des acteurs français de la politique, de la finance et du monde des affaires de premier rang. C’est le cas de Cahuzac, Bettencourt ou encore Takieddine pour ne citer que ceux-là. Des scoops qui représentent autant de chocs politiques et qui confèrent au site insolent une place d’exception dans le paysage de l’information en ligne, en France.
C’est d’autant plus méritoire qu’en France, les lanceurs d’alerte restent très exposés. En Europe, seule la Grande-Bretagne a mis en place "Public Interest Disclosure act", en 1998, un dispositif qui protège les lanceurs d’alerte (whistleblowers) de toutes formes de pression. À l’inverse, bien que plus récente la législation française reste parcellaire et pour le moins timide. Sous certaines conditions, elle accorde le droit à tout citoyen de rendre publiques certaines informations, mais ne procure aucune protection claire à leurs auteurs. Dans son article 1, la lois du 16 avril 2013 dite Blandin, relative à l'indépendance de l'expertise en matière de santé et d'environnement et à la protection des lanceurs édicte : "Toute personne physique ou morale a le droit de rendre publique ou de diffuser de bonne foi une information concernant un fait, une donnée ou une action, dès lors que la méconnaissance de ce fait, de cette donnée ou de cette action lui paraît faire peser un risque grave sur la santé publique ou sur l'environnement."
À l’initiative du député socialiste Yann Galut, la frilosité du droit français en matière de protection des lanceurs d’alerte pourrait de céder la place à une législation plus volontariste. Le 3 décembre de 2015, l’élu du Cher a déposé un projet de loi pour le moins ambitieux.
Au vu des affaires dévoilées ces dernières années, Mediapart fait preuve d’une démarche innovante qui fait régulièrement le buzz. La sortie la plus fracassante est sans conteste l’affaire Bettencourt. «Sarkozy, Woerth, fraude fiscale : les secrets volés de l'affaire Bettencourt», c’est sous ce titre choc que la rédaction du média en ligne a rendu publiques les écoutes téléphoniques impliquant les plus hauts responsables de l’Etat ; Ecoutes qui par la suite ont été mises en ligne par le site sous leur forme audio, provoquant ainsi un effet médiatique dévastateur.
Fort de 65 000 abonnés, et sacré meilleur site de l’année 2010, par CB News, Mediapart est également un exemple réussite économique. Aujourd'hui, ce site d'investigation affiche plus de 115 000 abonnés. Payant, Mediapart a fait le pari qu'une information de qualité a coût.
"Nous avons réussi à faire six millions de chiffre d’affaires par rapport aux cinq millions de l’année précédente et à dégager 700 000 euros de résultat net. C’est encourageant, mais c’est encore fragile, car Mediapart ne vit que du soutien de ses lecteurs, de ses abonnés - sans publicité, sans subventions, sans mécène", annonce, avec une satisfaction à peine dissimulée Edwy Plenel, en 2012. Depuis, le nom du site est omniprésent dans les rédactions. Voici les chiffres du site d'information pour 2014. Chiffre d'affaires : 8,7 millions d'euros. Et le résultat : 1,48 millions d'euros.
Edwy Planel, cet homme qui a pris le risque de se retrouver en prison pour faire avancer un idéal qui lui colle à la peau est en train de réussir son pari. Mediapart est un lanceur d’alerte devenu un marqueur social qui réinterroge l’entreprise, la société et la vie politique en France.
Au moment, où la société exige de ses leaders de redonner du sens à la politique, une qualité salvatrice en perte de vitesse, depuis le départ de Jacques Chirac, la rédaction de Mediapart semble avoir pris sur elle de réinventer cette valeur. Comment impliquer les institutions dans cette entreprise de restitution ? Le débat est ouvert.
Hamdani Amarouche
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