Le labyrinthe politicien espagnol
Les élections législatives espagnoles du 20 décembre dernier se sont déroulées dans une crise politique, social et économique impressionnante: des grands scandales de corruption qu’affectent surtout au Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy mais aussi au Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) et a tous les piliers du régime politique espagnol (partis politiques, syndicats, la monarchie) ; la crise économique a affecté les conditions de vie des travailleurs et travailleuses et les peuples de l’État espagnol avec des réductions des services sociaux, des pensions de retraités, des bas salaires et avec l’émergence d’un fort mouvement populaire indépendantiste en Catalogne.
Les résultats électoraux ont accéléré la crise: le Parti Populaire de Mariano Rajoy (PP) a perdu la majorité parlementaire absolue et est passé de 186 députés à 123 députés, le PSOE continue sa chute électorale et a obtenu 90 députés (en 2011 avait obtenu 110), les nouveaux partis comme Podemos i Ciudadanos (Citoyens) sont entrés au Congrès des Députés, avec 69 et 40 représentants respectivement et les deux partis indépendantistes catalans (ERC et DL) ont obtenu ensemble 17 députés.
Avec ces résultats les partis parlementaires ne peuvent pas former un gouvernement solide. Toutes les combinaisons pour former un gouvernement a un énorme prix politique. Si le PSOE cède et facilite l’investissement Mariano Rajoy, (PP) comme Président du gouvernement espagnol, il est obligé de renier pas seulement son principal argument électoral depuis des années "que la droite ne passe pas" mais il sera complice de la politique répressive contre la Catalogne et à l’application des mesures économiques d'austérité. Tout cela représente un coût politique très important.
Nous ne serions pas face à une version à l’espagnole de la grande coalition allemande (CDU-SPD) mais devant une grande coalition à la grecque (ND-PASOK), c'est-à-dire, le chemin pour accélérer l'enfoncement des socialistes. Une section du Parti socialiste espagnol – dirigé par Susana Díaz (Présidente de la Junte d’Andalousie) - est disposée au sacrifice, mais l'appareil de Pedro Sánchez, secrétaire général du PSOE, est en contre.
L'autre option n'est pas non exempte de coûts. Sánchez veut un pacte de gauche avec Podemos, le parti politique de Pablo Iglesias, qui aurait besoin de l'abstention de Ciudadanos, le nouveau parti de centre-droite dirigé par Albert Rivera, sans oublier qu’il devrait recourir au soutien de secteurs indépendantistes nationalistes catalans ou basques. Mais cela seulement est possible si Podemos renonce à sa promesse électorale de convoquer un référendum d’autodétermination en Catalogne. Certainement, le référendum catalan a été un recours inséré, au dernier moment, au programme de Podemos à cause de l’accord avec Ada Colau, maire de Barcelone et dirigeante de la formation politique Barcelona En Comun (BEC), pour former une coalition politique catalane dénommée En Comun Podemos qui est devenue la formation politique la plus votée en Catalogne aux dernières élections. Si la plus grande partie des députés de Podemos auraient été originaires de Madrid et Andalousie, la revendication du référendum pouvait rester nuancée ou remise aux calendes greques, mais il en ressort que le grand saut en avant de Podemos a été précisément à la Catalogne, au Pays basque et à la Galice. Avec cette composition parlementaire, la renonce au référendum est garantie d'une crise interne a Podemos.
Le référendum promis par Podemos introduit en plus une question très importante dans la politique espagnole. L'un des sujets étouffés sous sept clefs dans le Pacte de la Transition, qui a aboutie à la Constitution monarchique de 1978, a été celui-là du droit d'autodétermination, un droit qui figurait même dans le programme du PSOE pendant la République de 1931 a 1939 i et renouvelé pendant le congrès de Suresnes de 1974. Et aujourd'hui cette question revient entre les travailleurs/ses de tout l'État espagnol avec la force de quelques millions de votes de Podemos. La conséquence immédiate consiste en ce que cela affaiblit une réponse de force de l'État contre la Catalogne.
L'incapacité de former un gouvernement préoccupe l'UE. Le président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker, déclare : "Je veux que l'Espagne soit à la hauteur" pour que le "Gouvernement stable" se forme et qu’il soit "plus rapidement possible". Son vice-président, Valdis Dombrovskis, avance déjà que le proche gouvernement "est obligé à accomplir les buts de déficit". Il a convenu qu'"il faut un ajustement" d'entre 5.000 et 9.000 millions, que cette fois il n'y aura pas d'ajournements et que "ce n'est pas notre intention d'imposer des sanctions, mais les recommandations sont claires". Le Parti Socialiste Espagnol est la cible de toutes les pressions pour le pousser à un pacte avec le PP, mais il semble qu'aujourd'hui on est plus près de nouvelles élections que de vouloir se faire harakiri.
La crise du régime monarchique est approfondie … il lui manquait de voir à l’Infante Cristina de Borbón, la fille de l'ancien roi Joan Charles I et sœur du actuel roi Philippe VI, impliquée dans un cas de délits fiscaux assise sur le banc des accusés d’un tribunal de Palma de Mallorca.
Josep Lluís de l'Alcazar
Militant de Lutte Internationaliste (section à l’État espagnol de la UIT-QI)
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