Nouveaux affrontements entre policiers et manifestants en Tunisie
La police tunisienne a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants qui voulaient s'en prendre à des bâtiments gouvernementaux dans plusieurs villes du pays jeudi, au troisième jour de protestations pour dénoncer le chômage.
Kasserine est en colère. La misère, le chômage, le népotisme et la corruption rongent la société. La révolution pour laquelle elle a donné les meilleurs de ses enfants s'est achevé sans qu'elle en bénéficie. Tel est le message que veulent faire passer les manifestants.
Plusieurs milliers de jeunes Tunisiens ont manifesté devant les bureaux de la préfecture à Kasserine, ville défavorisée du centre du pays où le mouvement de protestation a débuté après le suicide d'un homme qui se serait vu refuser un emploi dans la fonction publique.
Les forces de l'ordre sont également intervenues dans les villes de Jamdouba, Beja et Skira, ainsi qu'à Sidi Bouzid où les protestataires scandaient "du travail ou une autre révolution", selon des témoins et les médias locaux.
A Guebeli, dans le sud du pays, un poste de police a été incendié et à Kef, dans le Nord-Ouest, les policiers ont dû abandonner sous la pression des manifestants le bâtiment où ils se trouvaient, a rapporté le ministère de l'Intérieur.
Un policier a été tué mercredi après avoir été attaqué par des manifestants à Feriana, au sud de Kasserine, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
Le Premier ministre Habib Essid a décidé d'écourter son séjour au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, ont annoncé ses services. Il réunira un conseil des ministres avant de se rendre samedi à Kasserine.
Le gouvernement du président Béji Caïd Essebsi a annoncé mercredi qu'il allait embaucher plus de 6.000 jeunes actuellement au chômage à Kasserine et lancer des projets de construction. Jeudi, des centaines de personnes se sont présentées pour trouver du travail dans cette localité où la tension reste forte.
"Je suis sans travail depuis 13 ans et je suis un technicien qualifié. On ne demande pas la charité mais seulement un droit au travail", a déclaré Mohamed Mdini, un des manifestants de Kasserine alors que la foule chantait "Travail, liberté, dignité".
La "révolution de jasmin", qui a donné le coup d'envoi du printemps arabe, était partie des émeutes ayant suivi la mort, le 4 janvier 2011, de Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant qui s'était immolé par le feu à Sidi Bouzid.
Le taux de chômage en Tunisie a atteint 15,3% de la population active à la fin 2015, contre 12% en 2010. Les attentats islamistes qui ont frappé le pays l'an dernier ont pesé sur l'économie, en particulier sur le secteur touristique.
Avec Reuters
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