Révision de la constitution : une nouvelle forfaiture politique
Le régime vient de dévoiler le texte d’une énième "révision constitutionnelle" que j’ai déjà qualifié de nouveau coup de forme.
Le régime l’a rendu public par le biais d’un personnage "politique" qui représente la quintessence même d’un système mortifère. Inutile d’en commenter le contenu tant il apparait clairement à la première lecture qu’il s’agit d’une nouvelle farce politique visant à pérenniser un état de fait en renforçant le pouvoir tout en affaiblissant l’Etat, à institutionnaliser l’exclusion politique et une exploitation politique de la religion qui donne du carburant idéologique aux courants obscurantistes appelés à éliminer tout risque de propagation de l’idée de résistance démocratique dans la société.
Avec cette nouvelle forfaiture politique, c’est le peuple algérien qui désormais est placé en "résidence surveillée". Cependant, certaines dispositions qualifiées d’avancées par certains et célébrées comme un acquis historique peuvent nourrir certains faux espoirs, leurrer des esprits peu avisés ou peu aiguisés. Alors qu’elles ne se présentent même pas sous la forme d’une «vente concomitante» qui pouvait, on pouvait le comprendre, satisfaire les plus pragmatiques.
Ainsi en est-il de la pseudo-officialisation de la langue tamazight qui participe de cet excellent leurre politique laissant accréditer l’idée d’une certaine ouverture.
Ceux qui applaudiront à cette décision, au demeurant tellement encadrée et conditionnée qu’elle est vidée de toute signification, se méprennent lourdement. C’est vite oublier que la revendication amazighe est consubstantielle à la revendication démocratique.
La langue amazigh n’est qu’un vecteur d’une dimension identitaire qui transcende les particularismes locaux, régionaux et dépassent les frontières nationales pour se poser en fondement civilisationnel d’un ensemble Nord-africain à construire en urgence. Une dimension civilisationnelle fondée sur les valeurs de justice, d’égalité et de liberté et une tradition multiséculaire de résistance à toutes les formes d’oppression.
Acquiescer à une officialisation dans le cadre constitutionnel qui maintient vaille que vaille un régime antidémocratique, aux relents néo-fascisants, revient à se faire l’agent de sa pérennisation et traduit plus qu’une méprise : un coup dur porté aux luttes et aux sacrifices des militants de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme.
Tamazight est et demeurera incompatible avec un système liberticide, injuste et spoliateur.
Cette nouvelle forfaiture politique devra être non seulement rejetée mais combattue dans un large front qui permettra d’en finir avec un pouvoir illégitime et corrompu, de plus en plus isolé et qui constitue une véritable menace pour la cohésion nationale.
Samir Bouakouir
Commentaires (24) | Réagir ?
Vous nous aurez pas on se defendra avec becs et ongles
Pourquoi n 'avez vous pas inclus les gros turbans de l'Etat qui exercent des hautes responsabilités en algerie, qui resident en Algérie qui sont en même temps détenteurs d'une carte de résidence de FAFA. Les absents ont toujours tort n'est pas ?