Le gouvernement mis en garde contre les risques d’une bulle immobilière
Le gouvernement algérien se doit de porter une attention particulière sur le danger d’une bulle immobilière en Algérie en cas de chute du cours des hydrocarbures avec des conséquences dramatiques sur tous les segments et les couches qui bénéficient de taux d’intérêts bonifiés, qui seront dans l’incapacité de rembourser, mettant en danger le système financier qui ne pourra plus être recapitalisé. Il s’agit de dresser un bilan objectif afin d’éviter les erreurs du passé, évitant de vivre dans l’illusion de l’aisance financière du passé et cela concerne tous les secteurs. Face au rétrécissement de l’offre de marchés publics et à la détérioration du pouvoir d’achat, certaines entreprises du BTPH ne risquent –elles pas d’être confrontées à une bulle immobilière, dont les premiers signes commencent à se manifester pour les plus fragiles, objet de cette présente contribution ?
1.- Le 1er janvier 2016, le cours de l’euro était de 1,0930 dollar, le cours du dinar algérien 106,90 dinars un dollar, 117,11 dinars un euro, le cours du WIT est coté à 37,08 dollars et 37,61 dollars le Brent.. Car nous assistons avec une baisse des coûts avec les nouvelles technologies, l’accroissement de la production américaine du pétrole/gaz de schiste dont le Congrès vient d’autoriser après 40 ans les exportations vers l’Europe vers 2017, approchant en millions de barils/jour la production de l’Arabie Saoudite. Comme à la fin 2016, nous assisterons à l’entrée du Mozambique 3ème producteur d’Afrique, en revanche, dès janvier 2016 l’Iran, par la voix de son ministre de l’Energie, vient de faire savoir qu’elle accroîtra sa production pour reconstruire son économie quel que soit le prix directeur du pétrole ; l’Irak malgré les tensons vient accroître sa production en 2014 et également la Russie malgré les tensions en Ukraine, sans compter les impacts de la stabilisation au Moyen-Orient avec les importantes découvertes en en Méditerranée orientale. Face à l’abondance de l’offre, la concurrence russe, du Qatar, de la Norvège, les Européens exigent l’alignement sur le marché spot du prix du gaz algérien, la Russie écoulant déjà environ 525% au prix du marché spot selon les accords de Berlin ayant perdu des parts de marché, étant passée de 13/14% à 8% du marché européen contre 30% pour la Russie en 2014.
Par ailleurs, l’Arabie Saoudite (plus de 900 milliards de dollars de fonds souverains) et les pays du Golfe représentent 60% du quota OPEP qui avoisine seulement 33% de la production commercialisée mondiale, pour qui il n’est pas question d‘abaisser leur production. Cela a été démonté lors de la dernière réunion de l’OPEP où contrairement al demande algérienne et vénézuélienne, le quota a été porté à 31,5 millions de barils/jour au lieu de 30 millions barils jour avec en plus l’entrée de l’Indonésie. La demande d’hydrocarbures est tributaire fondamentalement de la croissance de l’économie mondiale et du nouveau modèle de consommation énergétique mondial, et les perturbations financières actuelles montrent clairement que l’impact de la crise financière de 2008 n’est pas encore terminé du fait que l’on ne s’est pas attaqué aux fondamentaux. Et ce, malgré certains progrès des accords de Bâle III pour encadrer les banques, mais insuffisant faute d’une approche macro-économique globale et d’une régulation mondiale. Bien que la dette extérieure de l’Algérie est inférieure à 4 milliards de dollars, avec encore d’importantes réserves de change, bine qu’ne nette diminution, plus de 45 milliards de dollars depuis janvier 2014, cette crise a un impact sur l’économie algérienne totalement extériorisée via les hydrocarbures, 98% des recettes en devises et important 70% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% pour les entreprises publiques et privées. Le secteur industriel représente moins de 5% du PIB er sur ces 5%, plus de 95% sont des PMI/PME peu initiées à la concurrence internationale. Comme conséquence, il y a risque d’ épuisement progressif du fonds de régulation des recettes début 2017, et des réserves de change horizon 2018, dans l’hypothèse d’un manque de vision stratégique, d’un non changement de gouvernance et de la politique socio-économique, loin des mesures techniques actuelles de court terme qui s ‘assimilent à du replâtrage.
2.- Le dérapage du dinar passant de 75 dinars à 106/107 dinars sur le marché officiel, de 140 dinars à plus de 1980 dinars sur le marché parallèle aura un impact à la fois sur le cout des entreprises et le pouvoir d’achat des Algériens en plus de certaines mesures fiscales contenues dans la loi de finances 2016. Dans ce cas, des ajustements économiques et sociaux plus douloureux sont à prévoir entre 2016/2020 avec un amenuisement du pouvoir d’achat pouvant diminuer de l’ordre de 30 à 50%, selon la stratification sociale mais touchant les plus démunis à court terme devant éviter le nivellement par le bas au détriment des couches moyennes : que l’on analyse le cas actuel de la Grèce qui n’a que 11 millions d’habitants avec un PIB supérieur à celui l’Algérie qui dépasse 40 millions d’habitants. Comme le PIB est irrigué à 80% directement et indirectement par la dépense publique via les hydrocarbures, nous devrions assister à une nette baisse du taux de croissance, donc automatiquement à un accroissement du taux de chômage, dont le taux officiel est biaisé artificiellement déjà par les sureffectifs et les empois rentes. La dévaluation progressive du dinar tant par rapport au dollar que de l’euro (200 dinars un dollar en cas d’amenuisement des réserves de change qui tiennent cours du dinar plus de 70%, devrait accroitre les tensions inflationnistes.
Parallèlement le profit net de Sonatrach,(97% des exportations avec les dérivées) déduction des charges de 20% sera d’environ de 27 milliards de dollars au cours de 60 dollars, 21 milliards de dollars au cours de 50 dollars et 15/16 milliards de dollars au cours de 40 dollars. Ce qui veut dire que cette réduction des rentrées aura un impact négatif sur la dépense publique dont le BTPH et par ricochet le taux de croissance. Nous devrions assister donc un accroissement du taux de chômage, car les emplois improductifs notamment dans l’administration sont des transferts de valeurs avec des incidences à termes sur les caisses de retraite. Cela impactera également le montant des subventions mal ciblées et des transferts sociaux, 60 milliards de dollars en 2014 soit 27% du PIB. Les banques devront forcément relever leur taux d’intérêt, qui doit être supérieur au taux d’inflation pour éviter leurs faillites, ne pouvant plus être recapitalisées via la rente des hydrocarbures. La dévaluation rampante du dinar équivaut à réaliser une épargne forcée au profit de l’Etat (voilant l’importance réelle du déficit budgétaire et gonflant artificiellement le fonds de régulation des recettes) en amenuisant les revenus mais également l’épargne en liquide accumulée thésaurisée qui tendrait vers zéro. Dès lors se manifestera l’insolvabilité de bon nombre de citoyens du fait de la hausse des taux d’intérêts et de la baisse de leur pouvoir d’achat, ayant acquis soit des logements à des taux d’intérêts bonifiés ou ayant bénéficié d’autres avantages financiers et fiscaux avec pour conséquence une véritable crise économique, sociale et politique. . Dans ce cadre il ya lieu de faire extrêmement attention aux effets négatifs du crédit de la consommation afin d’éviter les insolvabilités de certains ménages, devant rembourser à la fois le principal mais également les intérêts. La centrale des risques au niveau de la banque d’Algérie devra travailler en temps réel pour recueillir des informations fiables car le revenu est corrélé à plus de 70% à la rente es hydrocarbures
3.- Nous aurons alors le même effet de l’impact de la crise de 1986 où pendant les années 1989/1991 pour les projets agréés par l’OSCIP, où le taux d’intérêt était passé de 5% à 15% ayant entraîné la faillite de bon nombre d’opérateurs privés et accru l’endettement des entreprises publiques. C’est la même situation qu’ont connue les USA lors de la crise de 2008 ou celle de l’Espagne qui a misé sur le BTPH (où d‘ailleurs en Algérie l’on utilise les anciennes méthodes de construction fortes consommatrices de rond à béton, de ciment et d’énergie), et qui a connu la plus grave crise économique de son histoire. Paradoxalement en cas de résolution de la crise de logements sans relance économique réelle, avec cette individualisation (un couple même logé ne peut vivre avec 20.000/30.000 dinars net par mois), l’on prépare le nid à de vastes contestations sociales. Car actuellement plusieurs familles vivant sous le même toit, avec un revenu familial global (même marmite, partage des charges d’eau, d’électricité etc). Cela atténue la détérioration du pouvoir d’achat individuel augmente le revenu familial consolidé et assure une certaine cohésion sociale. Évitons ces réunionites et commissions, signe d’une non maîtrise que l’on voile par de l’activisme, car le diagnostic est connu, toujours depuis 20 ans avec les mêmes hommes et experts qui avaient prédit un retour du cours à 100 dollars en contrepartie d’une rente et d’une soumission contre productive, et qui avaient proposé au gouvernement et qui disent tout le contraire aujourd’hui, des solutions déconnectées des réalités sociales internes et des nouvelles mutations mondiale, comme ce slogan du passé lorsque le bâtiment va tout va ou que la construction de petites unités de voitures, souvent de montage, impulsera le secteur industriel.
4.- En raison de la persistance de la crise mondiale, et des nouvelles mutations énergétiques mondiales s’orientant vers un MIX énergétique, les tendances baissières du cours des hydrocarbures traditionnels seront de longue durée comme j’ai eu l’occasion de le souligner entre 2010/2014 dans de nombreuses contributions à la presse nationale et au cours d’une conférence «crise mondiale, Sonatrach et le marché européen de l’énergie» en 2011 à l’invitation du parlement européen à Bruxelles et en 2012 au Sénat français. Aussi, j’attire l’attention du gouvernement sur le danger d’une bulle immobilière en Algérie devant changer de politique économique. Le gouvernement a jusqu’ à présent misé essentiellement sur les infrastructures et le BTPH alors que l’adaptation aux nouvelles mutations mondiales de l’Algérie doit reposer sur l’entreprise créatrice de richesses, privée locale, internationale ou publique et son fondement l’économie de la connaissance loin de l’ère mécanique du passé en termes de coût/qualité et éviter l’illusion que c’est le capital argent(moyen seulement) qui crée la richesse. Cela implique la bonne gouvernance et à la mise en place d’institutions adaptées, couplées selon une vision stratégique de long terme avec la lutte contre la bureaucratie qui engendre la corruption, réforme du système socio-éducatif et système financier algérien, notamment public qui concentre plus de 85% des crédits octroyés (enjeu de pouvoir et poumon des réformes), supposant de grands ministères notamment de l’économie et de l’éducation nationale sous tendus par des objectifs stratégiques. Cela conditionne le choix de segments en termes d’avantages comparatifs dans le cadre des valeurs internationales (industrie-agriculture-services) notamment en co-partenariat si l’on veut réaliser cette transition d’une production et exportation hors hydrocarbures elle-même liée à la transition énergétique et éviter ce dépérissement du tissu productif. L’Algérie ne peut continuer à reposer sur des schémas de développement dépassés et à verser des traitements et salaires sans contreparties productives et à dépenser sans compter. Il y a urgence, de prendre des décisions concrètes, loin des bureaux climatisés au sein, d’un front le plus large possible sans exclusive car les intérêts supérieurs de l’Algérie sont menacés personne n’ayant le monopole de la vérité et du nationalisme. L’austérité doit être partagée supposant une moralité sans faille de ceux qui gouvernent la CitéPour des raisons de sécurité nationale, les réformes structurelles deviennent urgentes, bien que difficiles car déplaçant des segments de pouvoir, devant dialoguer et bien communiquer pour forcer les résistances au changement et emporter l’adhésion de l’immense majorité de la population.
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités
Commentaires (2) | Réagir ?
Si le chiffre des 1. 5 million de logements acquis et non occupés est véridique... il faudrait réfléchir à une réquisition de ces logements par l'état et à leur location par ce dernier...
Rappelons juste que l'acquisition de dizaines de logements par un même individu est soit une opération de blanchiment d'argent sale soit une opération d'évasion fiscale !!!
Rien que à Oran, il y des cités complètes par centaine des appartements qui ne sont pas occupés, les appartements sont vidées depuis au moins 6 années.
Alors que des familles entières occupent des caves des vieilles cités des années 60.
Cela vous donne un aperçu du gaspillage et dilapidation des élus locaux et des gouvernants du pays.