Le séisme Ouyahia a bien eu lieu !
L’incroyable durcissement envers les investisseurs étrangers puis, maintenant envers les banques étrangères était annoncé par une récente analyse du Matin, datée du 25 juillet (Lire l’article) qui s’était donnée pour titre « Le prochain séisme Ouyahia. »
Nous écrivions : « Si pour les islamistes, le remplacement de Belkhadem par Ouyahia semble être une vraie déroute, pour les banques et les investisseurs étrangers ainsi que pour les importateurs algériens, il risque d'être un vrai séisme ! »
Nous précisions, un peu plus loin : « Pas besoin d'être grand clerc pour deviner les mesures économiques qui seront prochainement annoncées : gel des autorisations d'installation pour les banques étrangères, durcissement des conditions pour l'investissement étranger et pour les importations ; durcissement de l'accès aux crédits… Pas besoin d'être grand clerc non plus pour deviner que l'on se dirige vers une nouvelle stratégie économique qui redonnerait à l'Etat, et au forceps, son rôle pivot dans la conduite des affaires et l'investissement. Une espèce de politique péroniste à l'algérienne qui se voudrait porteuse d'une vision souverainiste, un peu boumediéniste, un peu chavezienne et un brin ringarde ».
Ce séisme a bien eu lieu !
Pour éviter toutes les mauvaises interprétations et les lectures hâtives, comme celles qui ont entaché notre chronique « Le boulevard Kadhafi et l’impasse Bouteflika », commençons par une précision qui n’est pas superflue pour tout le monde : il ne s’agit pas d’encenser Ouyahia ! Ouyahia est en mission pour sauver le régime.
Nous le précisions d’ailleurs d’emblée : « Il n'y a rien de plus imprévisible qu'un régime qui s'affole de ne plus rien contrôler et qui s'alarme sur sa propre survie. Il entreprend alors de reconquérir ses attributs de pouvoir dans l'improvisation et le désordre.C'est la mission du nouveau chef du gouvernement Ahmed Ouyahia
Ou plutôt les deux missions : réduire la menace des intégristes qui étaient sur le point de conclure un néfaste accord politique avec le président Bouteflika ; réduire la «menace» des nouveaux opérateurs économiques privés qui auraient profité du «libéralisme d'abdication » durant ces dix dernières années pour devenir de redoutables dépositaires d'une partie notable de la décision nationale. »
Bouteflika a cessé d’être un garant de la « stabilité » du système.
Alors, diriez-vous, quel est le propos ?
D’abord un cas sans précédent : c’est le chef du gouvernement qui dicte sa politique au président de la République censé l’avoir nommé ! Une preuve que le centre de décision a sensiblement bougé !
Ouyahia semble bien disposer de prérogatives supérieures à ceux de Bouteflika lequel donne l’impression de « suivre » et faire siennes les directives de son chef de gouvernement pour ne pas paraître « lâché »
Car tout se passe comme si l’objectif politicien de toutes ses manœuvres économiques est, précisément, de « décrédibiliser » Bouteflika, de le présenter comme une « coquille vide ». La stratégie semble être de démolir les « réseaux Bouteflika » en s’attaquant frontalement aux hommes du Président (Chekib Khelil, Temmar mais aussi Zerhouni, après que Belkhadem ait été éliminé) et en s’attaquant aux « investisseurs » arabes, venus dans le sillage de Bouteflika.
Cela pourrait déboucher sur l’un des deux scénarios :
1. Reconduction de Bouteflika aux conditions de ceux qui ont limogé Belkhadem et désigné Ouyahia, c’est-à-dire un président sans grandes prérogatives, Ouyahia se chargeant d’être le garant de la « stabilité » du système.
2. Mise à l’écart de Bouteflika.
Début de réponse après l’aïd el fitr.
L.M.
Commentaires (20) | Réagir ?
OUHAYIA a-t-il une politique économique autre que celle de Boutef à imposer ? Incapable de toucher 1 ministre, je le vois mal avoir un autre objectif que celui du chef. C'est lui qui le dit avec fierté. Il assume confortablement.
MRAWAH a bien vue OUYAHIA BRIZIDEN