Funérailles de Hocine Aït Ahmed : halte aux manoeuvres de la police politique
La destruction du récit historique d’un peuple commence par l’aliénation des mémoires et des consciences collectives.
A l’instar de ses coups d’accélérateur, les rendez-vous avec l’histoire sont particulièrement complexes. Quand à cette complexité s’ajoute la douleur populaire de la perte de l’une de ses figures de proue, l’être profond de la patrie est particulièrement mobilisé.
Cette semaine, l’Algérie, l’Afrique du Nord, l’espace méditerranéen et l’humanité entière ont perdu l’un des leaders charismatiques du combat démocratique pour une construction humaine de la citoyenneté, garante de la primauté du politique sur le militaire en Algérie et de celle des droits de la personne humaine sur toutes les raisons sécuritaires d’Etat au double niveau régional et international.
L’histoire retrouvant sa mémoire, le départ de notre président Hocine Aït-Ahmed vers un monde meilleur a coïncidé avec la célébration de la naissance des deux Prophètes du christanisme et de l’Islam. Son enterrement marquera le début d’une nouvelle année du calendrier universel. L’homme est parti, le repère restera.
Au niveau national, le père de l’Organisation Spéciale (OS) est parti alors que l’Algérie venait de célébrer le 55ème anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960. Aussi, son départ coïncide avec la commémoration du 58ème anniversaire du lâche assassinat d’Abane Ramdane, l’architecte de la Révolution et le père de «la primauté du politique sur le militaire».
Toute tentative de séparer Si l’Hocine du peuple algérien et de réduire sa dimension à sa seule appartenance à la Kabylie est vouée à l’échec. Car, Si l’Hocine appartient à l’Algérie et à l’humanité entière. Son combat est celui de tous les démocrates impénitents qui se battent pour éviter au monde la dérive totalitaire d’une mondialisation inhumaine.
En ces jours de deuil où l’Algérie s’apprête à accueillir l’un de ses meilleurs enfants, où le peuple algérien se prépare pour le recevoir, le porter et l’accompagner à sa dernière demeure, le Diwan du régime, via sa police politique, multiplie les procédés sophistiqués de la manipulation des foules pour porter atteinte à sa mémoire, briser l’élan populaire que son décès a suscité et éliminer toute possibilité que ses funérailles puissent donner naissance à une «dissidence citoyenne pacifique et nationale». Car, en réalité, même n’étant plus de ce monde, Si l’Hocine continue à leur faire peur.
Les malheureux incidents qui ont eu lieu dans l’enceinte de certains stades du pays où une minute de silence fut observée en hommage à Dda l’Hocine, porte la signature de la police politique algérienne. Ce procédé diabolique vise à rendre invisible l’union du peuple algérien autour de l’un des pères de la nation.
Ainsi, les sbires de la police politique avaient pour mission d’inciter quelques supporters à siffler le moment de recueillement à la mémoire de Dda l’Hocine et à scander des slogans mettant la Kabylie, l’ancienne wilaya III historique et terre de la tenue du Congrès de la Soummam, à la cause palestinienne !
Sur ce plan, le choix des lieux de ces incidents est loin d’être anodin. Ces choix visent à effacer de notre mémoire des événements liés à l’histoire récente de notre pays.
C’est à Oran que fut organisée l’attaque d’une poste en 1949, menée par un commando de l’Organisation Spéciale dont Hocine Aït-Ahmed était à l’époque le chef national, pour financer la phase préparatoire de la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie
A Sétif, Si l’Hocine fut élu député de l’Assemblée Constituante algérienne. Depuis la dissolution de cette Assemblée et l’adoption du mode du parti unique substituant la légitimité historique à la légitimité populaire dans la gestion des affaires du pays, Si l’Hocine n’a eu de cesse de revendiquer l’Election d’une nouvelle Assemblée Nationale Constituante, inscrivant cette revendication au cœur de son combat politique et de celui du Front des Forces Socialistes.
Au début des années 1990, Dda l’Hocine a été élu député FFS de Sétif aux premières élections législatives et pluralistes du pays.
Non, Messieurs du Diwan du régime mafieux et de sa police politique, vous ne réussirez pas à diviser les enfants de l’Algérie.
Le choix des slogans pro-palestiniens, quant à lui, vise à effacer de l’histoire l’amitié intense et privilégiée que Si l’Hocine entretenait avec le Président Palestinien Yasser Arafat.
En 1990, quand les militants du FFS, emmenés par le Président Hocine Aît-Ahmed lui-même, ont érigé une tente devant la Présidence de la République pour la légalisation du FFS, le Président Yasser Arafat, en visite officielle en Algérie, n'a pas manqué de rendre visite à Si l'Hocine. Par ailleurs, quand Yasser Arafat a été admis au Val-de-Grâce, Dda l’Hocine lui a rendu visite au nom de tout ce qui les liait.
Par leur amitié, ces deux grands leaders du combat démocratique nous montrent le chemin à suivre pour une construction humaine et citoyenne de nos pays et de l'ensemble de l'espace méditerranéen.
Non, Messieurs du Diwan du régime illégitime et de sa police politique, vous n’aurez pas raison de la stature internationale de Dda l’Hocine.
Le Diwan du pouvoir informel et sa police politique se sont également distingués par une attitude honteuse à l’égard de l’ancien Premier ministre marocain et président de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) M. Abderrahmane Youssoufi, un ami de Dda l’Hocine, depuis les années de lutte contre le colonialisme, s’étant déplacé en Algérie pour lui rendre hommage.
Du haut de ses 91 ans, M. Youssoufi a rappelé que Si l’Hocine reste «un symbole pour le tout le Maghreb»
Non, Messieurs du Diwan du régime antidémocratique et de sa police politique, vous n’effacerez pas le statut de leader nord-africain pour l’émancipation politique des peuples de Dda l’Hocine.
Chers algériennes, chers algériens
Si l’Hocine a refusé d’être enterré à El-Alia. Car, il s’est toujours opposé à la moindre compromission avec le régime. Son choix d’être enterré à At-Ahmed est éminemment politique.
Par ce choix, Si l’Hocine voulait que ses funérailles soient populaires. Il voulait que le peuple le porte et l’accompagne à sa dernière demeure. Quelle gifle administrée au régime et à ses supplétifs ! Quel coup de maître ! Quelle manifestation de l’amour profond qu’il a toujours eu pour l’Algérie du peuple, celle de la pluralité et de la diversité, celle qui reconnait et aime tous ses enfants !
Chers Algériennes, chers Algériens,
La Présidence de la République, le commandement militaire et la police politique sont tenus de veiller au bon déroulement des funérailles de Dda l’Hocine, dans le strict respect de ses dernières violentés.
Ainsi, ils sont tenus de laisser le peuple algérien lui rendre l’hommage qui lui sied, dans une communion totale.
Devant l’histoire, la Présidence de la République, le commandement militaire et la police politique du DRS du tristement célèbre, le général Bachir Tartag, seront tenus pour responsables du moindre incident, lors du déroulement des obsèques de notre Président, Hocine Aït-Ahmed.
Si l’Hocine, repose en paix, nous resterons fidèles à ton combat démocratique et à toutes les valeurs humaines que tu as toujours incarnées.
Salutation patriotiques et militantes, notre président !
Vive la République algérienne démocratique et sociale.
Gloire à tous les martyrs de l’Algérie
Essaid Aknine et Hacène Loucif (*)
(*) Essaid Aknine est membre du conseil national du FFS
Hacène Loucif est un ancien journaliste et militant du FFS et à l'association Raj
Commentaires (3) | Réagir ?
merci
Quand le fils Nezzar se permet d'insérer un article sur "Son Algérie Patriotique" aux antipodes de l'Algérie de Dda el-Hocine, il ne faudra s'étonner de rien ! Ces gens là sont nés et formatés pour apprendre à bouffer jusqu’aux derniers ossements des Hommes du pays ! Ils ont bouffés du Amirouche, Ils on Bouffé du Krim Belkacem, Ils ont bouffé du si El Haous, Ils ont bouffé du Abane Ramdane, Ils ont bouffé du Boudiaf après lui avoir tiré dans le dos ! Ils ont bouffé tant d’hommes vivants ! Qui peut bien les empêcher de dévorer la sépulture du dernier des mohicans ?
Bouteflika ! À lui seul tel nom représente le mausolée d’un pays factice, celui de toutes les supercheries de l’histoire et de ses entremêlées, celles au nom desquelles on a pillé des contrées pacifiques entières, rassemblées autour du nom saugrenu d’Algérie pour mieux perpétuer leurs destin de colonies partagées entre la France et l’Arabie !